La Myanmar Teachers’ Federation (Fédération des enseignant·e·s du Myanmar, MTF) s’engage dans la désobéissance civile au côté d’autres organisations pour protester contre le coup d’État militaire du lundi 1er février. La MTF et d'autres syndicats ont publié des déclarations condamnant le coup d'État et ont appelé à la libération des dirigeant·e·s politiques arrêté·e·s.
Le président de la MTF, le Dr Sai Khaing Myo Tun, a publié une déclaration condamnant le « piétinement de la démocratie » et l'arrestation anticonstitutionnelle du Président Win Myint, du conseiller d'État Aung San Suu Kyi et d'autres dirigeant·e·s. La MTF a appelé à la libération de toutes les personnes détenues et a exhorté l'armée à reconnaître et à appliquer les résultats des élections de novembre 2020.
En vertu d'un accord conclu avant les élections de 2015 au Myanmar, l'armée s'est vu garantir 25 % des sièges au Parlement. En outre, un parti dirigé par l'armée, le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP, acronyme anglophone), a été créé pour contester les sièges restants. Il a été vaincu aux élections de 2015 par le parti de la Ligue nationale pour la démocratie (NDL, acronyme anglophone) d'Aung Syu Kyi, qui a remporté la majorité parlementaire.
La NDL a remporté une victoire écrasante aux élections de novembre 2020. Le coup d'État a anticipé la répartition des sièges au sein du Parlement nouvellement élu le 1er février. L'armée a affirmé qu'il y avait eu une fraude généralisée lors des élections et a établi un gouvernement militaire qui devrait diriger le pays pendant un an. Les résultats des élections ont été certifiés par une commission électorale indépendante. Les élections ont également été considérées comme libres et justes par les observateurs électoraux internationaux.
Même après que des progrès vers la démocratie aient été enregistrés, l'armée, appelée la Tatmadaw, est restée puissante. Les officiers, les officiers retraités et leurs acolytes contrôlent une grande partie de l'économie. Les détails d'une grande partie de leur activité sont cachés.
Le secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, David Edwards, a déclaré:
« Nous soutenons la Myanmar Teachers’ Federation et ses efforts, au côté d’autres syndicats et alliés, pour faire respecter les résultats des élections et la Constitution. Nous sommes aux côtés des courageux dirigeants et dirigeantes de la MTF dans leur combat pour la liberté et la démocratie. Nous appelons les Nations Unies et les gouvernements nationaux à intervenir auprès du Général Min Aung Hlaing, qui a pris le pouvoir, pour libérer les personnes arrêtées, accepter les résultats des élections parlementaires et permettre au processus de démocratisation du Myanmar de se poursuivre. Le peuple du Myanmar ne devrait jamais être contraint de retourner dans l’isolement, la peur et le désespoir d’un régime militaire. »
Le mouvement syndical international est impliqué depuis des décennies dans la lutte pour les droits humains et la démocratie au Myanmar. La Confédération internationale des syndicats libres (CISL), l'une des organisations qui a existé avant la création de la Confédération syndicale internationale (CSI), a documenté et dénoncé le travail forcé généralisé en Birmanie, ce qui a conduit à une commission d'enquête de l'Organisation internationale du Travail (OIT) qui a publié son rapport en 1998. Sur la base de ce rapport, l'OIT a ouvert un bureau dans le pays pour éliminer le travail forcé. La campagne birmane des Global Unions organisée par la CISL et les fédérations syndicales mondiales a conduit à un désinvestissement massif des multinationales dans le pays. Les syndicats nationaux et les confédérations ont mobilisé un soutien de solidarité et ont exhorté leurs gouvernements à agir.
La Birmanie est devenue indépendante en 1948. Depuis sa création, le pays est en proie à la violence ethnique, sous un régime démocratique et militaire. Cependant, l'une des pires périodes d'oppression est observée depuis 2016 et le peuple Rohingya en est la victime. Cette campagne militaire a été décrite comme un nettoyage ethnique, mais la population touchée est également une minorité religieuse (musulmane). Les attaques ont forcé un million de Rohingyas à fuir, la plupart vers le Bangladesh voisin. L'ONU a trouvé des preuves d'exécutions extrajudiciaires, d'exécutions sommaires, de viols collectifs, d'incendies criminels de villages, d'entreprises et d'écoles, et d'infanticides.
En novembre 2019, la Gambie a déposé un dossier de génocide auprès de la Cour internationale de Justice (CIJ) contre le Myanmar sur la base de la mobilisation militaire massive contre les Rohingyas. La lauréate du prix Nobel Aung Syu Kyi a comparu devant la CIJ et a défendu l’action militaire.
Le Secrétaire général des Nations Unies (ONU), Antonio Guterres, a qualifié le coup d'État de « coup dur pour les réformes démocratiques » et le Conseil de sécurité des Nations Unies envisage de prendre des mesures. De nombreux gouvernements et l'Union européenne ont lancé des appels pressant en faveur d’un renversement de la prise de contrôle militaire et du rétablissement de la démocratie. Certains gouvernements examinent l'imposition de sanctions contre le Myanmar. La CSI et les fédérations syndicales mondiales, tout comme de nombreuses organisations syndicales nationales, ont appelé les gouvernements à fortement condamner le coup d’État.