L’Internationale de l’Éducation et six autres Fédérations syndicales internationales (FSI) se sont réunies dans la région Asie-Pacifique pour condamner le Partenariat économique régional global (RCEP), signé le 15 novembre. Le pacte commercial a été négocié dans le secret pendant plus de sept ans et de nombreuses dispositions restent inconnues. Les FSI ont cité le danger que l’accord porte atteinte aux droits des travailleur·euse·s et des syndicats, au développement durable et à la démocratie.
Le RCEP sera le plus grand accord commercial au monde. Les membres du RCEP représentent près d’un tiers de la population mondiale et 29 % du produit intérieur brut mondial. C’est plus que les zones commerciales de l’Union européenne ou de l’Amérique du Nord, la région couverte par l’accord États-Unis-Mexique-Canada.
Cet accord fait suite à un pacte antérieur, l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (CPTPP), qui est entré en vigueur en 2018. Il a remplacé le Partenariat Trans-Pacifique (TPP), qui s’est effondré lorsque les États-Unis se sont retirés en 2017. La plupart des dispositions du CPTPP proviennent toutefois du TPP.
La Chine n’a pas participé aux négociations de l’accord transpacifique, mais elle fait partie du RCEP. Certains pays et industries craignent qu’elle ne domine le nouvel accord. Cela a, entre autres, incité l’Inde à se retirer des négociations en novembre 2019. Les 15 membres du RCEP sont les dix membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, ainsi que le Japon, la Corée du Sud, la Chine, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Les FSI membres des « Unions for Trade Justice » craignaient qu’un accord aussi vaste et controversé ne soit signé à un moment où « les cas de COVID-19 augmentent, les économies luttent pour se redresser, les systèmes de santé sont surchargés et les pertes d’emplois continuent de s’accumuler ».
L’accord protège les multinationales, leurs chaînes d’approvisionnement, les investisseurs et les marchands. Toutefois, il offre une protection pour le travail ou l’environnement inférieure à celle de l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (CPTPP), qui a été dilué par rapport aux dispositions initiales du TPP.
La déclaration affirme que, pour de nombreux pays en développement, l’accord réduira leur « espace politique ». Elle affirme que « les règles qui empêchent les futurs gouvernements d’introduire des règlements nécessaires à la protection de l’intérêt public portent atteinte à la souveraineté nationale des pays où nos syndicats affiliés représentent des millions de travailleur·euse·s qui seront privé·e·s de leurs droits ».
La déclaration suggère que « la coopération régionale basée sur une intention collective de promouvoir le travail décent, des services publics de qualité et un développement durable et inclusif est une meilleure solution ».
Elle se termine par un appel à l’action au niveau national :
« Nous condamnons ce résultat et continuerons à travailler avec nos affiliés et alliés pour intervenir dans le processus de promulgation, de ratification et de mise en œuvre du RCEP. Nous sommes fermement convaincus que le mouvement syndical a un rôle important à jouer dans la remise en cause du régime international de libre-échange actuel et dans la protection des droits des personnes et de la démocratie. Nous poursuivrons notre lutte pour garantir les droits des travailleurs et la justice économique en Asie-Pacifique et au-delà. »
La déclaration complète peut être consultée ici(en anglais).