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Zimbabwe : le gouvernement doit payer un salaire décent aux enseignant∙e∙s pour permettre une reprise du travail

Publié 21 octobre 2020 Mis à jour 28 octobre 2020
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La Zimbabwe Teachers' Association (ZIMTA) et le Progressive Teachers' Union of Zimbabwe (PTUZ) sont en conflit avec le gouvernement au regard des salaires des enseignant∙e∙s et de l’‘incapacité’ de ces dernier∙ère∙s à reprendre le travail, alors que les enseignant∙e∙s n’ont pas encore réintégré leurs classes. Ils ont exhorté le gouvernement à rehausser sa proposition financière afin de permettre une reprise du travail.

Une déclaration sur les salaires

Selon ZIMTA, le Secrétaire de la Commission du service public aurait parait-il posté une déclaration sur les réseaux sociaux concernant la rémunération des enseignant∙e∙s.

Le président de ZIMTA, Richard Gundane a précisé que son syndicat ne peut ni confirmer ni infirmer l’authenticité de la déclaration du responsable gouvernemental.

Il a néanmoins fait référence à la déclaration « en tant que position publique de l’auteur, ayant pour intention de refuser et de rejeter les salaires des éducateurs et éducatrices ». Évoquant les négociations sur les salaires des enseignant∙e∙s, Gundane a déclaré que l’annonce du Secrétaire « ne traduit aucune avancée nouvelle, mais confirme la proposition contestée sur les 40 %, qui a été exposée » lors d’une récente réunion.

Pour Gundane, la lecture approfondie des données relatives aux salaires indique qu’il s’agit « du total du salaire mensuel de septembre, cumulé à l’offre rejetée de majoration de 40 % et couplé d’une prime COVID-19 de 75 USD (63 €). Il a également ajouté que la prime COVID-19 consiste en une « offre de reconnaissance, n’ouvrant à ce stade aucun droit pour la retraite, et dont la valeur réelle, en dehors de son caractère caritatif, correspond au salaire actuel majoré de 40 % ».

Il a expliqué qu’en l’absence d’une offre plus convaincante de la part des autorités publiques, aucun∙e enseignant∙e∙s ne disposera de droits à la retraite de plus de 4.900 ZWL dollars zimbabwéens (soit environ 51 €).

Des salaires décents

ZIMTA a appelé ses membres à continuer de faire pression sur le gouvernement et à se présenter comme étant en ‘incapacité’.

« Les enseignants et enseignantes doivent recevoir un salaire décent pour leur travail, » a insisté le dirigeant syndical. « Les enseignants méritent de meilleures conditions de travail pour être motivés. Ils ont à cœur de rester professionnels. Les enseignants doivent être rémunérés, afin de mettre un terme à cette ’incapacité’ ».

Des enseignant∙e∙s en « incapacité »

Dans une déclaration du 13 octobre dernier, Gundane a précisé que le terme d’‘incapacité’ avait été « employé de manière regrettable, voire parfois malveillante, pour faire référence à une ‘impasse industrielle’, ‘une grève’ ou une ‘action syndicale’ ».

Cependant, aucun de ces termes ne reflète véritablement la situation des enseignant∙e∙s, a-t-il admis. Selon lui, l’‘incapacité’ décrit le statut économique d’un∙e travailleur∙euse et émane de l’extérieur. « C’est l’environnement extérieur, tel que contrôlé par l’employeur, qui crée cette situation hostile/adverse », a-t-il affirmé.

Pas en grève

Pour ZIMTA, les enseignant∙e∙s sont en ‘incapacité‘, pas en grève. Le syndicat a également souligné l’inefficacité des actions suivantes, en vue d’un retour en classe des enseignant∙e∙s :

  • Les menaces liées au sectarisme politique.
  • Les signes incitatifs.
  • La mauvaise application des lois.
  • Le recours à des considérations d’ordre affectif.

« S’agissant d’évaluation en termes de durabilité et de logique, toutes ces tactiques échouent aux tests », a affirmé Gundane. Il a exhorté les membres de ZIMTA à « montrer à la nation, sans crainte ni complaisance, que nous souhaitons être en ‘capacité économique et financière‘ de reprendre le travail et de faire ce que nous aimons plus que tout, à savoir ‘Eduquer la nation‘- qui est la devise du syndicat. Sans argent, nous restons en ‘incapacité‘ ».

Pas de négociation collective, mais un « simulacre de processus »

Le secrétaire général du PTUZ, Raymond Majongwe, a également fait remarquer que le gouvernement semble accorder la priorité à d’autres catégories de travailleur∙euse∙s et d’employé∙e∙s plutôt qu’aux enseignant∙e∙s, notamment ceux∙celles qui œuvrent dans les prisons, dans la police ou dans l’armée. Ils bénéficient d’un meilleur traitement que les enseignant∙e∙s.

« Pourquoi le gouvernement agit-il de manière sélective ? » s’est-il interrogé. Selon lui, « la paupérisation des enseignants et enseignantes est intentionnelle et nous nous interrogeons sur ses raisons. Pourquoi le gouvernement refuse-t-il actuellement de traiter les enseignant∙e∙s comme une entité à part, de la même manière qu’il le fait avec les médecins, en tant que groupe d’intérêt spécifique ? »

Pour le PTUZ, la véritable crise tient à l’absence de négociation collective, a-t-il souligné.

« Par le biais du Conseil de l’Apex crée en 1997, il existe un ‘simulacre de processus’ selon lequel on refuse délibérément aux enseignants et enseignantes toute possibilité d’interpeller le gouvernement comme tout le monde l’a fait », a regretté Majongwe. L’‘incapacité‘ des enseignant∙e∙s vient de cette dimension particulière, a-t-il affirmé.

Et de poursuivre qu’il est stipulé dans la déclaration du Conseil des consommateurs qu’il faut 21.000 ZWL aux enseignant∙e∙s pour survivre (soit environ 221 €), alors que dans le même temps, le gouvernement a annoncé avoir relevé les salaires des enseignant∙e∙s à 12.000 ZWL (soit environ 125 €).

Pourquoi vouloir rabaisser les enseignant∙e∙s face à la nation ? s’interroge le dirigeant du PTUZ. Il est convaincu que « si le gouvernement était honnête et sincère, il aurait au moins ramené le salaire à une somme décente, conformément à son propre ‘garde-fou’, le Conseil des consommateurs du Zimbabwe.