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Haïti : solidarité du mouvement syndical enseignant mondial contre le harcèlement des éducateur·trice·s par le gouvernement

Publié 6 octobre 2020 Mis à jour 13 octobre 2023
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L’Internationale de l’Éducation et ses organisations membres à travers le monde surveillent l’évolution de la situation pour les enseignant·e·s syndicalistes qui se battent pour un enseignement public gratuit et de qualité pour tou·te·s en Haïti. Ils font notamment pression sur le gouvernement pour que celui-ci respecte les droits humains et syndicaux des éducateur·trice·s.

Le 30 septembre, l’Internationale de l’Éducation, avec ses affiliés nationaux, à savoir la Konfederasyon Nasyonal Anseyan Dayiti (CNEH), l’Union nationale des normaliens d'Haïti (UNNOH) et l’Union Nationale des normaliens et normaliennes et éducateurs et éducatrices d’Haïti (UNNOEH), vient d’adresser une plainte pour violation des droits syndicaux auprès du Comité d’experts de l’Organisation internationale du Travail.

Répression contre des syndicalistes enseignant·e·s actif·ive·s

Cette plainte fait suite à une série d’actions en faveur des enseignant·e·s syndicalistes appartenant à la CNEH, l’UNNOH et l’UNNOEH, qui ont vu leurs droits syndicaux remis fortement en cause depuis août. En effet, le 11 août, le ministère de l’Éducation haïtien a adressé un courrier de mutation à Magalie Georges, secrétaire générale de la CNEH, et à Georges Wilbert Franck, coordonnateur de l’UNNOEH.

Ces mutations ont été prononcées sans aucune raison. Selon les syndicats concernés par ces mesures, elles feraient suite à leur mobilisation continue, depuis des mois, pour un enseignement public gratuit et de qualité d’une part, et une revalorisation de la condition enseignante d’autre part.

Si les transferts étaient mis en application, ils contraindraient Magalie Georges à exercer dans un quartier situé à 10 kilomètres du centre de Port-au-Prince, et Georges Wilbert Franck à déménager à 150 kilomètres de la capitale. Cela empêcherait les deux responsables syndicaux·ales d’exercer leur responsabilité, et les priverait de locaux pour organiser les réunions syndicales.

Dès cette annonce, des affiliés nationaux de l’Internationale de l’Éducation, à savoir la CNEH, l’UNNOH et l’UNNOEH, ont décidé d’actions de manifestation et de grève aux côtés de plusieurs syndicats non affiliés à l’IE.

Mobilisation internationale en solidarité

Dès qu’elle en a eu connaissance, l’Internationale de l’Éducation a écrit aux autorités haïtiennes pour demander l’annulation des mesures de transfert de Magalie Georges, secrétaire générale de la CNEH et Georges Wilbert Franck, coordonnateur de l’UNNOEH, ainsi que le rétablissement du salaire de Josué Mérilien, coordonnateur de l’UNNOH, salaire suspendu depuis 2017.

L’Internationale de l’Éducation a décidé d’apporter un soutien matériel à ses affiliés pour déployer une mobilisation dans tout le pays.

De la mi-août à au 25 septembre, date de début des congés, la grève s’est étendue à tout le pays dans les écoles publiques. Les représentant·e·s de la CNEH, de l’UNNOH et de l’UNNOEH ont effectué des tournées dans plusieurs régions pour informer et mobiliser. Des tensions ont été alors observées entre élèves des écoles publiques et privées. En effet, pendant que la plupart des écoles publiques étaient en grève, les écoles privées (environ 80 % en Haïti) continuaient à fonctionner.

Le 10 septembre, le parquet de Port-au-Prince a émis un mandat d’amener contre Josué Mérilien, pour « tentative d’assassinat ». Ce motif grotesque manifeste un acharnement anti-syndical et a suscité la réprobation unanime des syndicats de l’éducation. Le même jour, le ministre de l’Éducation a écrit à chaque organisation syndicale pour proposer une rencontre.

Les organisations syndicales en grève, parmi lesquelles le CNEH, l’UNNOH et l’UNNOEH, ont répondu au ministre qu’elles refusaient de dialoguer tant que les mesures anti-syndicales n’étaient pas levées.

Toutes les autres organisations syndicales, parmi lesquelles la Fédération nationale des travailleurs en éducation et en culture (FENATEC), également affiliée à l’Internationale de l’Éducation, ont décliné l’invitation du ministre, en solidarité avec les militant·e·s victimes de mesures anti-syndicales.

Il faut souligner que depuis sa prise de fonctions en 2017, le ministre de l’éducation actuel n’a jamais organisé de séance de dialogue social avec les syndicats, alors que ceux-ci ont déposé depuis bien longtemps leurs cahiers de revendications.

Appel aux instances des Nations Unies

Le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) ayant publié le 16 septembre un communiqué de presse intitulé « les Nations Unies préoccupées par l’impact de la situation sécuritaire sur la continuité de l’éducation en Haïti », les syndicats en grève ont écrit le lendemain au BINUH pour se féliciter de ce communiqué.

La CNEH, l’UNNOH et l’UNNOEH ont déposé une plainte conjointe pour violation des droits syndicaux auprès la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit à l’éducation, Koumbou Boly Barry.

Par ailleurs, à ce jour, plus de 50 lettres de protestation, en provenance de plus de 30 pays, ont été adressées aux autorités haïtiennes par des affiliés de l’Internationale de l’Éducation pour leur demander de revenir sur leurs décisions de mutation et d’arrestation de responsables syndicaux.

L’Internationale de l’Éducation va poursuivre son soutien à ses affiliés haïtiens pour obtenir le retrait des mesures anti-syndicales.