Aujourd’hui, le 8 septembre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie l’édition 2020 de son rapport annuel Regards sur l'Éducation (EAG). Bien que les données aient été recueillies avant le choc de la COVID-19, les inquiétudes exprimées dans les conclusions du rapport ne se trouvent qu'amplifiées par la pandémie et les difficultés économiques qu’elle a engendrées. L’un des principaux thèmes du rapport est l’enseignement et la formation professionnels (EFP), qui a été particulièrement touché par la COVID-19.
EAG compile des statistiques récentes sur l’éducation en un ensemble d’indicateurs. Si le rapport n’aboutit pas à des conclusions politiques, il offre de précieuses informations permettant d’éclairer les débats politiques dans le domaine de l’éducation, notamment pour les éducateur·trice·s et leurs syndicats. Il fournit aussi des comparaisons utiles entre les pays. Outre l’accent mis sur l’EFP, il couvre les chapitres suivants : « Résultats des établissements d’enseignement », « Accès à l’éducation, participation et progression », « Ressources financières investies dans l’éducation » et « Enseignants, environnement d’apprentissage et organisation scolaire ».
Les informations présentées dans le rapport révèlent les inégalités en matière d’éducation entre les pays et au sein même de ceux-ci. Des comptes-rendus des organisations membres communiqués à l’Internationale de l’Éducation ainsi que d’autres données montrent que la pandémie, pour une multitude de raisons, a creusé ces inégalités et a touché en particulier les individus qui étaient déjà les plus marginalisés.
L’EFP a été pénalisé par la crise non seulement car l’enseignement à distance n'est souvent pas possible, mais aussi car l’EFP est lié à l'apprentissage en entreprise et a donc directement souffert de la fermeture des entreprises et du ralentissement de la production. Si l’éducation est vitale pour l’économie, le lien entre EFP et économie est particulièrement étroit. Pourtant, bien trop souvent l’EFP est le parent pauvre des systèmes éducatifs, demeurant ignoré et sous-financé.
Le rapport souligne également une sous-représentation des femmes dans l’EFP, en particulier dans les domaines susceptibles de déboucher sur des emplois de qualité, stables et bien rémunérés. L’EFP a tendance à reproduire les différences entre les genres qui s’observent dans le monde du travail.
Dans certains pays, il existe une certaine flexibilité qui facilite l’accès des diplômé·e·s de l’EFP à l’enseignement supérieur de cycle court. Or, on semble observer dans ces pays davantage de possibilités d’apprentissage et d’emploi.
En réaction à la publication du rapport EAG, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, a déclaré : « le travail de l’OCDE couvre les champs de l’économie, de l’éducation ainsi que de nombreux autres domaines politiques. Dans EAG, l’éducation est considérée dans le contexte de la réalisation du quatrième Objectif de développement durable, mais elle est également jugée cruciale pour l’économie. Le Secrétaire général de l’OCDE, M. Gurria, parle d'une "récession brutale" liée à la pandémie qui devrait peser sur les sociétés durant les années à venir. »
« Une forte reprise, si elle devait se produire, nécessiterait une coopération mondiale et un engagement renouvelé envers les Objectifs de développement durable des Nations Unies. S’il y a bien une leçon que nous avons tirée de la pandémie, c’est que des services publics de qualité et suffisamment financés ne sont pas un luxe ou un "bonus" mais sont essentiels et nécessaires au bon fonctionnement de nos sociétés. L’éducation permet aux apprenants de s’épanouir et leur donne de l’espoir. Néanmoins, la mission de l’éducation consiste également à panser les blessures de la haine et du sectarisme, à réduire les inégalités, à soutenir la démocratie et à bâtir des économies fortes. »
Le rapport contient un éditorial rédigé par le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, dans lequel il conclut :
« Plus que jamais, cette pandémie est un appel à renouveler notre engagement politique en faveur des Objectifs de développement durable. Veiller à ce que tous les jeunes aient la possibilité de réussir à l'école et de développer les compétences qui leur permettront de contribuer à la société est au cœur des priorités mondiales et de l'engagement en faveur de l'éducation pour la société de demain. La crise actuelle met à l'épreuve notre capacité à faire face à des bouleversements de grande ampleur. Forts de cette expérience, il nous appartient désormais d'en faire naître une société plus résiliente. »
Le commentaire et l’analyse de l’Internationale de l’Éducation sur l’édition 2020 de Regards sur l'Éducation peuvent être consultés en cliquant sur ce lien.
Cliquez ici pour consulter le rapport EAG 2020.