Lors d’une série de manifestations d’avertissement le 30 juin, les syndicats de tous les secteurs, y compris celui de l’éducation, se sont mobilisés contre les changements proposés au droit du travail qui violent la liberté d’association, le droit à la syndicalisation et le droit à la négociation collective. Les militant·e·s des syndicats ont manifesté dans les grandes villes pour exiger du gouvernement qu’il abandonne ses projets d’adoption du projet de loi antisyndicale 2681 ainsi que d’autres projets de loi antisociaux. À Kiev, plusieurs milliers de militant·e·s ont dressé des piquets de grève devant les bâtiments de la Verkhovna Rada (Parlement) d’Ukraine et du Bureau du Président ukrainien.
« Notre principale revendication est que le projet de loi antisyndicale soit retiré et que toute modification de la législation syndicale ait uniquement lieu suite à un dialogue avec les syndicats ! », a déclaré Georgiy Trukhanov, président du Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine(TUESWU).
Les positions syndicales ont été présentées au Parlement et au bureau du Président. Suite aux actions des syndicats, la Verkhovna Rada d’Ukraine a reporté l’examen de la législation.
Les revendications des syndicats étaient les suivantes :
- Mettre fin à la promotion par le gouvernement du projet de loi antisociale sur le travail qui viole les droits syndicaux des travailleur·euse·s.
- Retirer de la Verkhovna Rada d’Ukraine le projet de loi antisyndicale n° 2681.
- Ne procéder à des réformes législatives qu’avec la consultation et la participation des syndicats.
- Supprimer du projet de loi n° 2275 la suppression de la représentation paritaire des syndicats et des organisations patronales dans les conseils d’administration des caisses d’assurance sociale.
- Retirer Halyna Tretyakova du poste de présidente du Comité de la Verkhovna Rada d’Ukraine sur la politique sociale et la protection des droits des vétérans, en raison de la poursuite de politiques antisociales.
En outre, les syndicats ont exhorté les autorités à :
- Reprendre les activités sur les lieux de travail et apporter un soutien financier aux travailleur·euse·s touché·e·s par la crise économique due à la pandémie de COVID-19, et payer les arriérés de salaires.
- Maintenir l’accessibilité financière des services de santé pour la population en renonçant à la politique de fermeture des établissements de soins et de licenciement des travailleur·euse·s de la santé, et en leur garantissant des salaires décents et des conditions de travail sûres en temps de crise de la COVID-19.
Ce comportement répète les méthodes employées à la fin de 2019. À cette époque, le gouvernement avait introduit deux textes de loi majeurs sur le travail, dont un sur les droits syndicaux, également sans véritable discussion avec les syndicats ou les organisations d’employeurs, et avait tenté de les faire adopter à la hâte sans examen approprié. Des manifestations massives des syndicats et des actions de solidarité mondiale avaient également eu lieu.
Au début du mois de mars de cette année, une mission de la Confédération syndicale internationale, de la Confédération européenne des syndicats et du Conseil régional paneuropéen a tenu plusieurs réunions en Ukraine et s’est vu promettre que la législation sur la réforme du travail serait conforme aux normes de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et aux normes européennes.
Cette fois-ci, les syndicats d’Ukraine ont reçu le soutien des Global Unions (fédérations syndicales mondiales) qui, une fois de plus, ont contacté le Président et le Parlement pour leur demander de reconsidérer la législation proposée. Nombre d’entre eux ont également demandé à leurs affiliés d’intervenir. L’Internationale de l’Éducation a envoyé un appel à l’action urgent aux organisations membres pour protester contre cette action. Le Trade Union of Education and Science Workers of Ukraine a exprimé sa gratitude à l’IE et à son Bureau régional européen, le Comité syndical européen de l’éducation, pour leurs interventions ainsi que pour le soutien des organisations membres.
En réponse aux actions syndicales en Ukraine, le secrétaire général de l’Internationale de l’Éducation, David Edwards, a déclaré : « Bien que nous félicitions notre organisation membre en Ukraine et les autres syndicats pour le retard pris dans l’examen de cette dangereuse législation, c’est devenu une tendance malheureuse du Président et du Parlement : soumettre une législation inopportune qui compromet les droits humains fondamentaux des travailleurs et travailleuses sans consultation tripartite et sans demander l’avis de l’OIT. Au lieu de cela, à six mois d’intervalle, ils ont tenté de mettre en place très rapidement des changements radicaux et profonds. Cela est non seulement irresponsable pour les travailleurs et travailleuses et leurs droits, la cohésion sociale et l’avenir de l’économie, mais cela affaiblit également la gouvernance et la démocratie. »