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Photo:  Helloquence/Unsplash
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« Comment poursuivre l’apprentissage des étudiant·e·s durant la pandémie de COVID-19 ? », par Armand Doucet.

Publié 30 mars 2020 Mis à jour 31 mars 2020
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Dans un article précédent, nous avions cherché à savoir si oui ou non il convenait de poursuivre l’apprentissage des étudiant·e·s en période de pandémie de COVID-19. Dans celui-ci, nous nous intéresserons aux moyens qui nous permettraient de le faire, et notamment aux problèmes que soulève l’organisation de l’enseignement des étudiant·e·s à distance (appelé apprentissage à distance dans certaines régions du monde).

Comme mentionné dans l’ article précédent, nous devrions tout d’abord veiller à répondre aux besoins essentiels des étudiant·e·s avant de nous pencher sur leur éducation formelle. Après avoir évalué leur situation, nous pouvons décider soit de poursuivre leur éducation formelle, qui s’accompagnerait directement de résultats scolaires obtenus dans une classe, soit de leur confier des tâches à réaliser, qui ne seraient pas nécessairement associées à des résultats scolaires mais dont l’intérêt pourrait se révéler profitable à plus long terme.

Lorsque l’on réfléchit à la façon d’envisager l’apprentissage des étudiant·e·s en cette période, il importe de s’intéresser à la culture de l’école, aux liens sociaux (principalement pour les plus jeunes), à la santé (physique et mentale) et aux nombreux autres facteurs qui entrent en jeu pour les étudiant·e·s.

Apprendre en dehors de l’école peut s’avérer efficace et pertinent. L’enseignement et l’apprentissage peuvent se présenter sous des formes multiples, les pratiques et les méthodes pédagogiques étant nombreuses et choisies en fonction de l’âge. Le choix variera considérablement en fonction de l’environnement, de la démographie sociale et de l’accès à la technologie. Le contexte joue un rôle important compte tenu des nombreuses inégalités et personne d’autre que les enseignant·e·s et la communauté scolaire ne connaît mieux ce contexte. L’apprentissage ne doit et ne peut se faire uniquement en ligne en raison de ces inégalités. Nombre d’études confirment que nous ne souhaitons pas voir nos étudiant·e·s passer des heures devant leurs écrans. Autrement dit, nous devons vraiment analyser cette question au travers du prisme de l’apprentissage à distance. Nous ne voulons pas non plus que des enseignant·e·s qui n’auraient eu aucune possibilité de développement professionnel dans ce domaine aient l’impression de devoir devenir des expert·e·s du jour au lendemain. Un développement professionnel leur sera nécessaire, ainsi qu’une aide pour organiser l’apprentissage à distance de leurs étudiant·e·s. Publier des cours en ligne ne s’improvise pas. Si une telle démarche pourrait fonctionner dans un cadre universitaire lorsque l’approche pédagogique se base sur un cours magistral, elle apparaît parfaitement irréaliste dans l’enseignement primaire et secondaire.

Primo, il n’existe aucune formule universelle pour l’enseignement à distance. Les matières sont nombreuses, les niveaux scolaires différents et les besoins variables. En fonction de la conception de l’apprentissage de chaque enseignant·e, l’approche pédagogique pour l’année ou le semestre en cours sera peut-être difficilement transposable dans le cadre d’un enseignement à distance. Certaines matières sont facilement transposables dans des environnements en ligne ou à domicile, d’autres comportent une composante pratique importante (éducation physique, études artistiques ou arts ménagers) ou requièrent des équipements spécialisés (menuiserie, médias ou sciences) et ne sont donc pas aussi faciles à reproduire en dehors de l’enceinte de l’école. Chaque matière et catégorie d’âge nécessite des approches différentes de l’apprentissage à distance.

Ce dernier peut combiner une approche synchrone (apprentissage en direct où les étudiant·e·s apprennent en simultané avec l’enseignant·e) et une approche asynchrone (apprentissage où les étudiant·e·s étudient de façon indépendante et en différé).

L’apprentissage à distance ne doit pas être la copie conforme de l’enseignement dispensé en classe. Il n’est pas réaliste, en effet, de tenter de reproduire à l’identique le rythme et le type de travail que l’on peut imposer dans une école. Faire confiance aux enseignant·e·s doit être le point de départ. En leur accordant notre confiance dans le cadre de la préparation d’un programme de travail approprié pour leurs classes, nous leur permettons de déterminer les meilleurs moyens de mettre à profit l’environnement familial des étudiant·e·s, ainsi que les outils disponibles, pour assurer la continuité de l’apprentissage durant la fermeture des écoles, tout en ayant des attentes réalistes.

Ces attentes, ainsi que notre compréhension des degrés multiples d’inégalité potentiellement présents dans une école ou une classe, nous amènent obligatoirement à réfléchir aux méthodes d’évaluation. L’enseignement ne doit pas nécessairement s’accompagner d’une évaluation récapitulative pour permettre l’apprentissage. Durant cette pandémie, nous suggérons de procéder à une évaluation formative, accompagnée d’une rétroaction.

PARTICIPATION DES ENSEIGNANT·E·S

La voix des enseignant·e·s est un facteur essentiel de toute approche réussie. Tout d’abord, les enseignant·e·s connaissent leurs étudiant·e·s et étaient à leurs côtés lorsqu’il a été décidé de fermer les écoles, il·elle·s sont à l’écoute de leur interprétation et de leur analyse des informations qui leur parviennent et il·elle·s les connaissent sous l’angle émotionnel et de la santé mentale. Autrement dit, il·elle·s connaissent leurs étudiant·e·s.

Les enseignant·e·s connaissent les capacités de leurs étudiant·e·s dans le domaine des technologies et sont le mieux placé·e·s pour organiser leur apprentissage en exploitant les outils familiers et jugés pertinents dans ce cadre. Le contexte est ici essentiel : les systèmes, les districts et les écoles diffèrent en fonction des outils technologiques utilisés. Ils peuvent être identiques dans l’ensemble du système ou varier d’une classe à l’autre au sein d’une même école. Il importe de faire confiance aux enseignant·e·s et de leur donner les moyens d’organiser efficacement l’apprentissage à distance, en utilisant des outils appropriés et pertinents par rapport aux matières, contenus et compétences enseignés, et adaptés à l’âge et au niveau des étudiant·e·s.

S’il est essentiel d’écouter les enseignant·e·s, nous ne souhaitons pas non plus accabler les étudiant·e·s avec des tâches ou des attentes inappropriées, dans la mesure où les enseignant·e·s subissent eux·elles aussi des pressions pour rencontrer les objectifs des programmes d’études. Nous devons donc collaborer avec nos collègues au sein de nos écoles afin de garantir que notre approche soit le fruit d’un même point de vue.

Une approche unifiée de la composante en ligne et des attentes qui y sont associées est une nécessité où l’étudiant·e occupe une place centrale. Comme mentionné précédemment, nous ne voulons que nos étudiant·e·s passent toute leur journée devant des écrans. Les spécialistes de la santé publique invitent à se montrer ferme dans les efforts pour « aplatir la courbe », cela doit être la priorité. Tout le monde doit y participer sérieusement et veiller à rester en sécurité. L’éducation formelle est secondaire face à cette crise sanitaire.

Aussi, au moment d’organiser l’apprentissage de nos étudiant·e·s au travers de l’enseignement à distance, est-il important de faire passer Maslow avant Bloom.

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Remarque : cet article est basé sur le rapport indépendant « Thinking about pedagogy in an unfolding pandemic», préparé par Armand Doucet, Deborah Netolicky, Koen Timmers et Francis Jim Tuscano pour documenter les travaux de l’UNESCO et de l’IE.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.