Le syndicat des éducateur·rice·s de Colombie, FECODE, a appelé à une grève nationale les 20 et 21 février « pour défendre la vie, la paix et la démocratie ».
« Nous ne voulons plus être victimes d’assassinat », a déclaré Nelson Alarcón, président du syndicat FECODE, affilié à l'Internationale de l'Éducation (IE). Ces derniers mois, plus de 800 plaintes pour déplacements forcés et menaces ont été déposées, en plus des 14 assassinats d’enseignant·e·s enregistrés l'année dernière dans tout le pays. Plusieurs membres du bureau exécutif de la FECODE ainsi que de nombreux syndicalistes de l'éducation ont été victimes de harcèlement et de menaces. Face à cette situation, le syndicat exige une action politique énergique et immédiate : « Le gouvernement du président Duque doit accorder des garanties pour la vie et l'exercice de l'activité syndicale, s'engager avec responsabilité et immédiateté dans la protection des dirigeants syndicaux, sociaux, populaires et environnementaux », indique un communiqué officiel publié par le syndicat.
Mobilisation pacifique
La FECODE a appelé à la mobilisation suite à la récente attaque subie par Carlos Rivas, membre de l'exécutif syndical. En effet, le 8 février dernier, la camionnette dans laquelle celui-ci voyageait a été la cible de trois projectiles. Le syndicat a annoncé qu'il continuera de se mobiliser pacifiquement jusqu'à ce qu'il parvienne à établir un véritable dialogue avec le gouvernement d'Iván Duque et à apporter des solutions à la situation. « Nous exigeons que des enquêtes soient menées, que les responsables soient identifiés et que justice soit rendue face aux faits », a déclaré le syndicat. Si les faits concernant les menaces et les attaques ne sont pas clarifiés, le syndicat portera l'affaire devant la Cour interaméricaine des droits de l'Homme.La grève nationale de 48 heures se déroulera sous forme de manifestations, de réunions d'information, de rassemblements et de mobilisations dans toutes les villes du pays. Le syndicat revendique le concept d'école comme territoire de paix et a établi les revendications suivantes comme motif de la grève :
- Défense de la vie des dirigeants syndicaux, sociaux, populaires, environnementaux, et garanties pour l'exercice de la profession d'enseignant·e.
- Droit à la santé dans la dignité pour les enseignant·e·s colombien·ne·s.
- Respect des accords convenus avec le gouvernement national.
Soutien international
David Edwards, secrétaire général de l'IE, a contacté la direction de la FECODE pour exprimer la solidarité des 32 millions d'enseignant·e·s regroupé·e·s au sein du syndicat mondial. M. Edwards a condamné la violence envers la profession enseignante et le travail syndical en Colombie, ainsi que les violations des droits humains survenues dans le pays. « Personne ne devrait être menacé en raison de son appartenance à un syndicat ni tué pour avoir exercé la profession d'enseignant·e », a déclaré Edwards.De nombreux syndicats ont fait part de leur solidarité à la FECODE sous forme de communiqués ou de visites dans le pays. Ainsi, la plateforme Justice for Colombia, qui comprend des syndicats britanniques affiliés à l'IE et qui s'était établie dans le pays dans le cadre d'une action pour surveiller le processus de paix, s’est unie au syndicat à l'occasion des journées d'action. Par ailleurs, des syndicats européens comme la FECCOO (Espagne) ont envoyé des lettres de soutien à l'exécutif syndical colombien.