L’Internationale de l’Éducation a saisi l’opportunité du premier Forum mondial sur les réfugiés pour réaffirmer le rôle fondamental de l’éducation dans le contexte des déplacements forcés, ainsi que pour exhorter les gouvernements, les agences de l’ONU et toutes les parties prenantes à garantir aux enseignants et aux étudiant·e·s déplacé·e·s le droit à l’éducation et à d’autres droits fondamentaux à travers celle-ci.
Le Forum mondial sur les réfugiés, qui s’est tenu les 17 et 18 décembre à Genève, en Suisse, a été le premier en son genre. Il s'est déroulé au terme d’une décennie chaotique, marquée par les conflits et les catastrophes naturelles, qui ont contribué à la hausse du nombre de réfugiés à travers le monde, s’élevant aujourd’hui à plus de 25 millions de personnes. L’éducation a été l’un des six thèmes principaux traités pendant le Forum, avec les mécanismes de partage des charges et des responsabilités, l’emploi et les moyens d’existence, l’énergie et les infrastructures, les solutions et la capacité de protection.
Suite à la mise en œuvre du Pacte mondial sur les réfugiés, le Forum mondial sur les réfugiés a fourni l'occasion de traduire le principe de partage de la responsabilité internationale en actions concrètes. Le Forum a rassemblé la communauté internationale pour annoncer des nouvelles mesures en vue de:
•soutenir les pays d’accueil;
•renforcer l’autonomie des réfugié·e·s;
•élargir l’accès aux solutions dans des pays tiers; et
•améliorer les conditions dans les pays d’origine pour rendre possible les retours en toute sécurité et dans la dignité.
Une série d’engagements et de contributions a été présentée au cours de ce Forum, appelant les États, les personnes réfugiées, les acteurs du développement, le secteur privé, les organismes des Nations Unies, les organisations de la société civile, les universités et les leaders religieux, entre autres, à s’y investir.
« L’Internationale de l’Éducation (IE) s’est engagée à mobiliser ses 400 organisations membres, représentant 32,5 millions d’enseignants à tous les niveaux éducatifs, pour rendre les écoles et les établissements d’enseignement véritablement inclusifs et accueillants envers les réfugiés », a déclaré Dennis Sinyolo, en représentation de l’Internationale de l’Éducation, lors de son intervention au Forum.
Il a poursuivi en expliquant que l’IE « continuera à renforcer les capacités des dirigeants syndicaux et des enseignants, fournira des outils aux réfugiés et aux migrants, et évaluera les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Pacte mondial dans le domaine de l’éducation ».
Il a souligné que l’IE appelle les gouvernements, l’ONU et leurs partenaires à:
•veiller à l’homologation et la reconnaissance des qualifications des enseignant·e·s réfugié·e·s;
•assurer la formation et le développement professionnel des enseignant·e·s locaux·ales et réfugié·e·s;
•garantir l’inclusion des enfants et jeunes réfugié·e·s dans les systèmes formels d’éducation des pays d'accueil dans les trois premiers mois qui suivent leur arrivée, en veillant à ne pas leur offrir un cursus alternatif inférieur; et
•élaborer, financer et mettre en œuvre des politiques globales destinées à garantir le droit à enseigner des enseignant·e·s réfugié·e·s et le droit d'apprendre des enfants.
Le 16 décembre, au cours de la session préparatoire sur le thème « Les enseignant·e·s portent le fardeau: améliorer le soutien en situation de crise », co-organisé par l’IE, le Réseau inter-agences pour l'éducation en situations d'urgence (INEE) et la Columbia University, Sinyolo a mis l'accent sur les problèmes qui touchent particulièrement les enseignant·e·s réfugié·e·s:
•Manque de reconnaissance de leurs qualifications, aptitudes et compétences;
•Travail précaire; et
•Absence de formation adéquate et d’opportunités de développement professionnel (ce dernier aspect concerne également les enseignant·e·s locaux·ales qui enseignent aux enfants et jeunes réfugié·e·s).
Sinyolo a déploré qu’ « il y ait un énorme gaspillage de cerveaux et une grande perte de talent, car les enseignants réfugiés finissent par ne rien faire ou par travailler dans d’autres secteurs pour joindre les deux bouts. Il est donc essentiel que les gouvernements d'accueil reconnaissent et homologuent les qualifications des enseignants réfugiés ». Il a par ailleurs souligné à quel point il est important que les gouvernements des pays d'accueil offrent une rémunération et des conditions de travail décentes aux enseignant·e·s réfugié·e·s.
Il a maintenu que la nouvelle Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications de l'enseignement supérieur, adoptée en novembre 2019, est un instrument important permettant de faciliter la validation, l’homologation et la reconnaissance des qualifications des enseignant·e·s réfugié·e·s.
« La formation pratique et les programmes de mise à niveau de bonne qualité peuvent aider les enseignant déplacés et réfugiés à améliorer leurs aptitudes et leurs compétences », a constaté Sinyolo, en mentionnant l'exemple du programme « Éducateur·rice·s de qualité pour tou·te·s » de l’IE et d’Oxfam Novib au Mali et dans le Nord de l’Ouganda.
Il a également rappelé que les syndicats de l’enseignement entretiennent un dialogue social avec les gouvernements et mènent des activités de sensibilisation pour promouvoir les droits de tou·te·s les enseignant·e·s, y compris des réfugié·e·s. L’IE et plusieurs syndicats affiliés dans huit pays d’Europe et deux pays d’Afrique ont récemment mené des programmes de renforcement des capacités destinés aux enseignant·e·s locaux et réfugiés.
La Région européenne de l’IE, le Comité syndical européen de l’éducation, et la Fédération européenne des employeurs de l’éducation viennent d'achever un projet conjoint de deux ans intitulé « Initiative des partenaires sociaux sectoriels européens de l’éducation pour promouvoir l’intégration efficace des migrant·e·s et des réfugié·e·s aux systèmes éducatifs ».
Plus largement, la session préparatoire a mis en exergue le rôle crucial joué par les enseignant·e·s dans ces situations. Le directeur de l’INEE, Dean Brooke, a souligné que « même dans des situations de crise, les enseignants s’organisent, réunissent les enfants et enseignent. Ils font la différence et protègent ces enfants. Nous nous devons de reconnaître leur labeur, tout comme celui des directeurs qui maintiennent les écoles ouvertes dans des circonstances difficiles. »
La boîte à outil de l’IE mise au point afin d’aider les syndicats de l’enseignement et les éducateur·rice·s à promouvoir les droits des enseignant·e·s et des enfants réfugiés dans les systèmes éducatifs et au moyen de l’éducation est disponible ici.
Un billet de blog du Secrétaire général de l’IE, David Edwards, appelant à une action immédiate et durable, peut être consulté ici.