Deux membres de l’Alliance of Concerned Teachers, l’affilié de l’Internationale de l’Éducation aux Philippines, ont été pris pour cible dans une attaque armée contre leur école. L’un d’eux a subi de multiples blessures par balle et se trouve actuellement à l’hôpital, et le syndicat rapporte qu’elle est retenue prisonnière par les forces de police.
Les enseignant·e·s pris·es pour cible lors de la fusillade
Le matin du 15 octobre, les enseignant·e·s Zhaydee et Ramil Cabañelez ont été attaqué·e·s par des hommes masqués dans leur classe, en présence de leurs élèves. Ramil est indemne, mais sa femme Zhaydee a été touchée par six balles. Mme Cabañelez a été transportée à l’hôpital où elle reçoit actuellement des soins médicaux.
Zhaydee et Ramil Cabañelez sont enseignant·e·s et membres de l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) aux Philippines. En 2016, Zhaydee a reçu le prix Outstanding Teacher Award (Prix de l’enseignant exceptionnel) du ministère de l’Éducation. Le couple fait partie des rares enseignant·e·s qui ont décidé de résider à temps plein dans leur communauté isolée pour y donner des cours.
Otages à l’hôpital
Selon l’Alliance of Concerned Teachers, le couple est retenu en otage dans sa chambre d’hôpital de la ville de Valencia et se voit refuser le droit de recevoir des visiteur·euse·s. Une visite de solidarité effectuée le 23 octobre par des membres de l’ACT et du personnel de la Commission des droits de l’Homme a été bloquée par huit policiers armés stationnés à l’hôpital. Cela malgré la visite convenue la veille avec Ramil Cabañelez et le fait que le couple avait désespérément besoin du soutien moral, financier et juridique de ses collègues.
Cependant, les forces policières ont permis à un journaliste d’une agence de presse gouvernementale d’avoir accès au couple. Le couple a informé leur syndicat que le journaliste les avait mal cités et avait déformé leurs déclarations afin de nier leur affiliation à l’ACT.
L’attention de la police semble se concentrer sur le maintien de l’isolement des deux victimes et non sur l’enquête et l’identification des auteurs de l’infraction. Les parents des élèves ont signalé à l’ACT que la police n’avait pas visité l’école et que ce sont les élèves qui ont ramassé les balles laissées sur les lieux de la fusillade.
Condamnation ferme de la part du mouvement syndical
Depuis fin 2018, les membres de l’ACT font l’objet de profilage, d'étiquetage rouge, de diffamation, de harcèlement, d'intimidation et de menaces de la part de l'État. Cela fait partie d'une tendance plus large où les mouvements progressistes et les individus qui critiquent l'administration Duterte sont systématiquement pris pour cible.
David Edwards, Secrétaire général de l'Internationale de l'Éducation, a déclaré: « Ces violations flagrantes des droits humains et syndicaux doivent cesser dès maintenant. Ce n'est pas quelque chose que le mouvement syndical mondial ou le monde peut tolérer. Nous sommes pleinement solidaires de nos collègues philippins et appelons la communauté internationale à prendre des mesures immédiates contre le gouvernement Duterte. Des vies innocentes sont en jeu. » Le mouvement syndical mondial se mobilise pour une journée d'action spéciale en solidarité avec ses collègues aux Philippines le 10 décembre, la Journée internationale des droits humains.
Le 25 octobre, l'ACT a organisé une conférence de presse et publié une déclaration officielle concernant l'attaque contre Zhaydee et Ramil Cabañelez et l'action policière qui a suivi. Raymond Basilio, Secrétaire général de l'ACT, a déclaré: « L'ACT dénonce de telles attaques dans ses rangs. En tant qu’éducateurs et éducatrices, il est de notre devoir de défendre les droits humains et de défendre la paix, la justice et la démocratie. Nous exigeons que les forces de sécurité de l'État ôtent leurs mains de nos enseignants et de nos écoles! Nous implorons la police de mener une enquête véritable et sérieuse sur cette affaire et de poursuivre les auteurs du crime! Nous appelons toutes les institutions gouvernementales concernées à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger le couple Cabañelez contre les menaces et les attaques incessantes et assurer leur bien-être et leur sécurité. Nous resterons inébranlables dans cette lutte jusqu'à ce que justice soit rendue à nos collègues. »