Ei-iE

Photo: Genti Shkullaku / World Bank
Photo: Genti Shkullaku / World Bank

#jeunesprofs « Rejoignez le monde de l’enseignement. Ça en vaut la peine! », par Anette Sandvaer (UEN, Norvège).

Publié 7 octobre 2019 Mis à jour 8 octobre 2019
Écrit par:
Abonnez-vous à nos newsletters

Tenez-vous prêt·e·s. Voici un texte qui fait du bien, sur les raisons pour lesquelles il faut vous ouvrir au monde et enseigner. Avec un peu de chance, cette petite histoire vous incitera aussi à devenir un·e syndicaliste actif·ive. Et si vous avez quitté l’enseignement, je vais tenter de vous convaincre de rejoindre le monde magique de l’éducation de l’humanité.

Rejoindre la profession: attachez vos ceintures, la route est cahoteuse… mais les choses s’améliorent!

J’ai souvenir de mes deux premières années en tant qu’enseignante en Norvège, comme étant  accablantes, Je croulais sous des tonnes de responsabilités, je doutais de moi et me demandais s’il y avait une seule chose que je faisais correctement. Je bataillais aussi pour tenter d’accorder du temps à chacun dans la classe – c’était intense. J’étais stressée et je ne parvenais pas à répondre aux milliers d’attentes à mon égard, vis-à-vis des élèves et des parents. Le mieux, mais aussi la chose la plus agaçante, était que tou·te·s les enseignant·e·s que je rencontrais arboraient constamment un sourire et étaient très aimables avec tout le monde. Je voulais vraiment être comme eux·elles.

Avec le temps, j’ai pris confiance. Je n’ai plus eu besoin de dormir chaque jour en rentrant de l’école, et j’appréciais même mon travail. Je me suis rendu compte que le fait de constamment me poser des questions sur mon travail était une bonne chose et que je progressais. J’osais demander davantage de soutien à mon directeur et à des enseignant·e·s plus expérimenté·e·s. Chaque jour passé avec les enfants me semblait gratifiant. J’adorais vraiment « mes enfants » et il·elle·s me le rendaient bien. Ceci est totalement cliché, n’est-ce pas?

Quant aux enseignant·e·s toujours souriant·e·s, j’ai fini par percer leur secret. C’est très simple: vous ne pouvez pas laisser votre humeur du jour faire obstacle à l’éducation de la nouvelle génération. De plus, les enfants sourient et rigolent bien plus souvent que nous les adultes, et la bonne humeur déteint sur nous. Ceci constitue déjà en soi, le meilleur argument en faveur de l’enseignement.

Où l’enseignement m’a-t-il mené?

D’aucun·e·s disent qu’enseigner constitue un mode de vie, un prisme à travers lequel on perçoit le monde (plus de métaphores à venir). Enseigner a rendu ma vie plus intéressante. Cela m’a, par exemple, amené à enseigner le norvégien dans un camp d’été américain du Minnesota, avec Concordia Language Villages. Au contact d’un petit groupe d’enfants, j’ai reçu une formation pratique sur ce qui fonctionnait et ce qui ne fonctionnait pas. J’ai rapidement compris que ce sont la diversification des activités et l’apprentissage ludique et actif qui sont efficaces. Aucun livre ne pouvais m’indiquer quel serait l’aboutissement d’une activité d’apprentissage, mieux que des sourires et du langage corporel. Juste au cas où vous ne l’auriez pas déjà entendu, je vous le dis: seule la pratique permet de devenir un·e meilleur·e enseignant·e. C’est tellement ennuyeux de le rappeler, mais c’est la vérité!

Finalement, l’enseignement m’a conduite vers le monde syndical, au sein duquel je travaille depuis peu. Dans mon syndicat, je suis amenée à trouver des solutions, pour répondre aux défis rencontrés par les nouveaux·elles jeunes enseignant·e·s comme moi. Je dois aussi veiller à ce que les enseignant·e·s puissent exercer leur travail dans les meilleures conditions possibles (comme je vous l’avais promis, il s’agit d’une histoire qui fait du bien).

Pourquoi le jeu en vaut-il vraiment la chandelle?

L’avenir n’est pas rose face à la pénurie mondiale d’enseignant·e· s qualifié·e·s à laquelle nous sommes confrontés. En Norvège, trop d’enseignant·e·s quittent la profession pour d’autres emplois, au cours des cinq premières années d’exercice. En Norvège, 30 à 40.000 enseignant·e·s ont déjà abandonné la profession. En conséquence, jusqu’à 10% des classes primaires sont assurées par du personnel non qualifié.

Comme tant d’autres enseignant·e·s, durant les premières années,  je me suis trop souvent retrouvée seule et j’aurai dû bénéficier de davantage de soutien, d’orientation et de formation. De plus, chaque année les attentes grandissent au regard des connaissances et compétences dont les enseignant·e·s doivent faire preuve.

Dès lors, pourquoi suis-je restée à mon poste d’enseignante? Pour faire court, à cause des enfants (surprise!), mais aussi en raison de l’environnement unique de l’école. Mon directeur pouvait (heureusement) me consacrer beaucoup de temps, le syndicat qui m’entourait, travaillait en bonne collaboration avec mon école, et surtout, mes cinq premières années m’ont fait réfléchir à ce que sont l’école et l’enseignement et à ce qu’ils devraient être.

A cette période, j’ai senti à quel point je comptais pour les enfants mais, en tant que jeune représentante syndicale, j’ai également développé des connaissances sur mes droits, sur nos droits collectifs au sein du monde du travail et sur le système tripartite en action. De plus, en tant que jeune militante, j’ai soutenu d’autres enseignant·e·s qui pensaient aussi tout le temps à « leurs enfants ». Le plus important encore, c’est que j’ai nourri le feu qui brûlait en moi, alimenté la flamme en faveur d’un engagement personnel plus profond (c’était la dernière métaphore, je vous le promets!).

Afin de s’assurer que les enseignant·e·s en général, sont en mesure d’exercer tout leur talent au sein de la classe, il est nécessaire de mettre en place bon nombre d’éléments. Mais soyez rassurés. Avec d’autres syndicalistes, nous œuvrons en ce sens.

Il n’est pas simple de devenir un·e de ces enseignant·e·s bienheureux·euses, mais vous pouvez y arriver. Il vous faut trouver votre voie, oser demander de l’aide, vivre des expériences pratiques et vous préparer à échouer en cours de route – à maintes reprises. Prenez le temps de reconnaitre ce qu’enseigner signifie réellement pour vous. En tant qu’enseignant·e, votre action, modeste mais fondamentale, peut véritablement faire la différence dans notre vaste monde. Peu d’autres  professions peuvent en dire autant.

Voilà donc la recette pour une vie remplie de sens et de sourires. Alors, lancez-vous et enseignez. Je suis déjà là pour vous encourager!

--

Le thème de la Journée Mondiale des enseignant·e·s 2019 est « Jeunes enseignant·e·s: l’avenir de la profession ». Pour marquer cette occasion, nous inaugurons une série de blogues présentant la voix et les expériences de jeunes enseignant·e·s et personnels de soutien à l’éducation. C’est l’opportunité  d’entendre les témoignages directs de jeunes professionnels et syndicalistes du monde entier et de découvrir leurs parcours : ce qui les a conduit·e·s à choisir cette profession, les défis auxquels il·elle·s sont confronté·e·s et leurs projets d’avenir.

Si vous êtes un·e jeune enseignant·e ou personnel de soutien à l’éducation, ou si vous avez rejoint la profession récemment, n’hésitez pas à contribuer à cette série pour faire entendre votre voix ! Prenez directement contact avec Sonia à Sonia.grigt@ei-ie.org.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.