Une coopération au développement fructueuse entre syndicats de l’éducation francophones s’est concrétisée par la réalisation, l’impression et la distribution d’un bulletin syndical, un outil précieux de communication pour faire apprécier l’action syndicale, maintenir voire accroître la syndicalisation enseignante.
Depuis 2017, la coopération bilatérale entre le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET) et le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU) de France, contribue à la mise en forme, l’impression et l’acheminement d’un bulletin syndical trimestriel sous format papier. Cela fait du SET l’un des rares syndicats d’Afrique francophone à avoir ainsi son propre bulletin syndical régulier.
Ce type de communication apparaît particulièrement important dans un contexte où nombre de syndicats africains sont accusés de tous les maux. En effet, disposer de sa propre expression sans dépendre de relais médiatiques peu fiables et souvent payant, c’est pouvoir faire la démonstration de l’activité réelle du syndicat, diffuser sans contestation possible la liste de ses revendications, rendre compte de négociations, des avancées lors de congrès, etc. Dans les écoles, le bulletin syndical s’avère dès lors un outil précieux pour entamer les discussions et convaincre des collègues enseignant·e·s d’adhérer.
Un processus de fabrication et de dissémination maîtrisé
« Le rédacteur en chef organise des réunions de comité de rédaction et établit un chronogramme pour que la périodicité (trimestrielle) soir respectée », explique Bolmbari Ngolaou, en charge de la communication au SET.
Il poursuit en détaillant: « Le comité de rédaction propose et choisit les articles. Priorité est donnée aux problèmes d’actualité dans l’éducation. Par exemple, dans le numéro de juin en préparation, vont être traitées les questions de la trêve sociale et des examens de fin d’année scolaire. »
La genèse d’un numéro du journal syndical ne va toutefois pas sans mal. « Parfois il y a trop d’articles et il faut sélectionner. Il faut aussi parfois envoyer plusieurs rappels aux rédacteurs pour récupérer tous les articles. En particulier, il n’est pas facile d’obtenir que les militants des provinces rédigent des articles, alors que pourtant c’est important que ce qui se passe localement soit connu dans tout le pays », confie Ngolaou.
Ensuite, le rédacteur en chef relit les articles, le corrige si nécessaire, les saisit et les transmet aux traducteurs. En effet, chaque édition est bilingue français-arabe (8 pages dans chaque langue). Cette étape prend souvent du temps.
Le SET paie les services d’un journaliste pour la mise en page, mais « avec une formation, nous pourrions assurer cela par nous-mêmes », assure Ngolaou.
Une fois la rédaction et la mise en page effectuées, le SET transmet le numéro à l’imprimeur, pour 2.000 tirages. Le syndicat tchadien fait appel à des agences de transport qui acheminent les liasses dans les provinces, le nombre d’exemplaires étant adapté aux relais que le SET possède dans chacune des 20 provinces.
Les militant·e·s locaux·ales ont alors la charge d’effectuer la distribution dans les écoles, et également auprès des responsables administratifs·ives. Au niveau national, chaque exemplaire est également déposé au ministère et à la présidence.
« Depuis le lancement du journal il y a 20 ans, il a été décidé qu’il ne serait pas vendu, mais donné », souligne Ngolaou. « Nous observons que le journal donne satisfaction, même si la culture de la lecture est peu répandue au Tchad. »
Une aide à la syndicalisation
Quant au lien avec la syndicalisation, il reconnaît qu’« il est pour le moment très difficile de l’établir précisément. « En effet, le SET a traversé une période difficile ces dernières années, qui a fait chuter sérieusement l’adhésion. Le tout récent congrès devrait permettre de tourner une page. Pour que le journal soit encore mieux perçu, une tournée des responsables du syndicat dans les régions serait sans doute utile. »
Ngolaou précise enfin que « le fait que nous traitions des sujets d’actualité aide à ce que les personnes s’intéressent au journal. De plus, ce dernier a montré son efficacité dans certains cas précis: des dénonciations de malversations ont conduit à ce que certaines personnes indélicates soient démises de leurs fonctions. »
Il insiste sur le fait que « l’éditorial porte sur tout ce qui touche à l'école et aux enseignantes et enseignants. C'est aussi un outil de formation des enseignants par rapport aux rubriques ‘Le carnet de l'enseignant’ et ‘L'abécédaire’. »