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Philippines: Stop au harcèlement des syndicalistes de l’éducation par le gouvernement!

Publié 4 avril 2019 Mis à jour 23 juillet 2024
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Dans sa résolution adoptée à sa 52e réunion, le Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education condamne le profilage et l’étiquetage comme communistes ou terroristes des dirigeant·e·s de l’Alliance of Concerned Teachers/Philippines ainsi que les menaces de mort proférées à leur encontre.

Le dirigeant de l’ Alliance of Concerned Teachers(ACT) et membre du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education (IE) pour l’Asie-Pacifique, Raymond D. Basilio a prononcé un discours émouvant sur le harcèlement et les menaces constants que subissent les membres et les dirigeant·e·s de l’ACT ainsi que sur sa propre expérience. Cela s’est passé à la 52e réunion du Bureau exécutif de l’IE, qui s’est tenue à Bruxelles (Belgique) du 2 au 4 avril.

En plus de recevoir des menaces de mort sur son téléphone portable personnel, dont un appel lors d’une conférence de presse de l’ACT le 11 janvier 2019, Basilio a expliqué qu’« un jour, un homme est venu me voir et m’a dit: tu es le suivant ».

Il a poursuivi: « Je ne peux plus dormir dans mon lit, je ne peux plus voir ma famille ni aller au bureau du syndicat où m’attendent probablement les forces de l’ordre. J’ai dû changer d’adresse électronique et mes contacts toutes les deux semaines au moins ».

Basilio a déclaré: « Je pourrais aller dans un autre pays, mais je n’abandonnerai pas mes membres. Je veux être avec eux. C’est là qu’est ma place ».

« L’appui du public et la pression internationale, telle que celle exercée par l’Internationale de l’Education, sont extrêmement importants pour nous. J’emporterai avec moi votre soutien sincère à mes camarades éducateurs et aux Philippins », a-t-il conclu.

Graves inquiétudes concernant le profilage coordonné par la police nationale philippine, pourtant illégal et antidémocratique, des membres de l’ACT

Dans une résolution condamnant le profilage et l’étiquetage comme communistes ou terroristes des dirigeant·e·s de l’ACT/Philippines ainsi que les menaces de mort proférées à leur encontre, le Bureau exécutif de l’IE réaffirme fermement « l’engagement de l’IE à défendre les droits des enseignant·e·s à s’organiser et à la liberté d'expression en tant que droits fondamentaux essentiels pour atteindre l’objectif d’une éducation de qualité et en tant que fondements du discours démocratique et appelle instamment les gouvernements à prendre leurs responsabilités afin de défendre et protéger ces droits ».

Notant « avec une grande inquiétude l’évolution préoccupante rapportée par des affiliés de l’IE aux Philippines concernant le profilage et l’étiquetage comme communistes ou terroristes des dirigeant·e·s de l’ACT/Philippines ainsi que les menaces de mort proférées à leur encontre », le Bureau exécutif « exprime sa vive préoccupation concernant le profilage coordonné par la police nationale philippine, pourtant illégal et antidémocratique, de membres de l’ACT à Manille, Malabon, Las Pinas, Zambales, Bulacan, Rizal, Mindoro, Sorsogon et Agusan Del Sur, mis en œuvre par le biais de diverses notes non numérotées datées des 26 décembre 2018, 27 décembre 2018, 3 janvier 2019, 7 janvier 2019 et 14 janvier 2019, qui foulent aux pieds le droit d’association et la liberté d’expression des enseignant·e·s et sèment la terreur parmi les enseignant·e·s qui cherchent seulement à faire entendre leur voix dans un pays supposément démocratique ».

La direction de l’IE a également condamné les « menaces de mort avérées, après les cas de profilage, adressées à des dirigeant·e·s de l’ACT, comme son secrétaire général, Raymond Basilio » et déplore que « des responsables de la police nationale philippine et des forces armées des Philippines diabolisent sans relâche l’ACT et ses organisations affiliées comme étant une organisation communiste ou gauchiste, un communiqué de presse officiel récent se vantant même que le gouvernement philippin a inclus l’ACT dans sa liste d’organisations et de fondations populaires progressistes que les responsables gouvernementaux·ales qualifient à tort d’organisations gauchistes ».

La direction de l’IE observe que « ces cas avérés de profilage, ces menaces de mort et cet étiquetage comme communistes de membres et de dirigeant·e·s de l’ACT constituent des entraves considérables aux droits d'association des enseignant·e·s, notamment le droit de créer et de développer leurs syndicats, et que tout cela survient dans le contexte d’indices passés et présents d’un régime tyrannique aux Philippines, comme les assassinats de Tokhang, le massacre d’agriculteur·rice·s, les dispersions violentes de grèves de travailleur·euse·s, le prolongement de la loi martiale à Mindanao, l’intensification des opérations militaires à Negros, Samar et Bicol, le cantonnement de militaires dans les écoles (des peuples autochtones) de Lumad à Mindanao, tout cela ayant pour but de réduire au silence les dissident·e·s et d’imposer un climat d’impunité ».

La résolution appelle « tous les affiliés de l’IE partout dans le monde à aider à rassembler, publier et diffuser des données et des preuves sur ces cas de profilage, de harcèlement, d’étiquetage comme terroriste ou communiste et de menaces de mort contre les dirigeant·e·s et les membres de l’ACT/Philippines » et « exprime sa ferme détermination à porter ces cas à l’attention des organisations internationales de défense des droits humains et du travail et dans les enceintes plus formelles des Nations unies ».