L’ordre du jour de la 52e réunion du Bureau exécutif de l’Internationale de l’Education a couvert un large éventail de thématiques, qui occuperont une place centrale dans quatre mois lors du Congrès mondial de l’IE, principal événement politique de l’organisation.
Le Bureau exécutif del’Internationale de l’Education (IE) est l’instance de gouvernance élue qui dirige les affaires et les activités de l’IE entre ses congrès mondiaux. A l’occasion de la 52e réunion du Bureau exécutif, organisée par l’IE du 2 au 4 avril à Bruxelles, en Belgique, les membres ont examiné les questions en lien avec le 8eCongrès mondial, convoqué à Bangkok, en Thaïlande, à la fin du mois de juillet.
Priorité à la démocratie
Le Bureau exécutif s’est penché sur une résolution portant sur la démocratie, pivot central de cette priorité majeure de la politique de l’IE dans les années à venir. La Secrétaire générale adjointe Haldis Holst a présenté le texte, en soulignant l’importance de défendre la démocratie face à l’autoritarisme et aux mouvements racistes. Elle a insisté sur le rôle que joue l’éducation dans la lutte contre ces tendances et le danger qu’elles représentent pour nos sociétés et a souligné l’importance d’adopter cette résolution au Congrès.
Droits humains et éducation
Holst et le Secrétaire général de l’IE David Edwards ont clairement réaffirmé le lien indissociable qui existe entre les droits humains et l’éducation. Qu’il s’agisse d’œuvrer en faveur de l’égalité des genres, du respect de la culture et de la langue des peuples autochtones, ou encore, de défendre l’ensemble des droits humains et l’Etat de droit, les enseignant·e·s et leurs syndicats représentent la première ligne de défense de la démocratie.
« Nous pouvons dire la vérité à ceux et celles qui nous dirigent car nous sommes une organisation indépendante qui s’appuie sur ses membres », a déclaré Edwards. La Présidente de l’AFT/Etats Unis Randi Weingarten s’est ralliée à cet avis, en rappelant le grand nombre de membres qui luttent pour leur vie. « Nous devons être aux côtés de nos collègues pour les soutenir », a-t-elle conclu.
Le Bureau exécutif a lancé une action de solidarité avec les collègues de l’ACT/Philippines, victimes de harcèlement, de persécutions et placés sous surveillance. Les membres du Bureau exécutif ont arboré des insignes « Touchez pas à nos collègues », après le témoignage émouvant de Raymond Basilio, Secrétaire général de l’ACT, décrivant la situation dangereuse dans laquelle lui et sa famille, ainsi que d’autres syndicalistes, vivent au quotidien. Il explique: « Nous ne faisons rien de mal en protégeant les droits humains ou lorsque nous demandons que les enseignants et enseignantes soient traités comme des êtres humains. Nous continuerons à nous battre à vos côtés. » Il a également rappelé qu’aux Philippines « les enseignants sont sous-payés, croulent sous la charge de travail et sont placés sous surveillance ».
Objectifs atteints
Dans son rapport d’activités, Edwards a mis en avant plusieurs objectifs atteints par l’IE et ses organisations membres. Il a passé en revue les progrès réalisés au cours de ces cinq derniers mois. On notera, en effet, la conduite de plusieurs recherches portant sur l’inclusion, notamment celle des personnes en situation de handicap, ainsi que sur la privatisation, les populations migrantes et réfugiées et le statut du personnel enseignant. Il a également évoqué les conférences politiques organisées en Afrique, en Europe et en Asie, et a souligné la proclamation de la toute première « Journée internationale de l’Education ».
L’avenir du travail
Tim Noonan s’est exprimé au nom de la Confédération syndicale internationale. L’année 2019 marque le centième anniversaire de la création de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Le mouvement syndical international saisira cette occasion pour revendiquer une garantie universelle pour l’ensemble des travailleur·euse·s , quelles que soient leurs relations de travail. Il a également expliqué le travail de la Commission mondiale pour l’avenir du travail, constituée par l’OIT, soulignant que « l’économie mondiale doit revoir son fonctionnement pour profiter à tous les individus ».
Noonan a abordé plusieurs problématiques préoccupantes pour le travail international, comme la numérisation et la datafication du travail, pour lesquelles une réglementation est nécessaire. Un monde en rapide mutation « a besoin d’un nouveau contrat social pour le 21e siècle et c’est ce que nous proposerons à l’OIT cette année en juin », a-t-il déclaré.
Afrique
Assibi Napoe, Directrice du bureau régional de l’IE Afrique, a fait un tour d’horizon de la région sous l’angle de l’éducation et des syndicats. Elle a épinglé le besoin urgent de coopérer dans les pays ou régions, touchés par les catastrophes naturelles, la famine ou les conflits. Napoe a mis en avant plusieurs problèmes rencontrés par les syndicats sur le terrain, comme la fragmentation ou l’insuffisance de jeunes membres, ou encore, les barrières institutionnelles telles que le sous-développement du système de dialogue social dans certains pays.
S’agissant de l’accès à l’éducation, l’Afrique reste le continent où le personnel enseignant et les étudiant·e·s rencontrent les problèmes les plus graves. En raison de la fermeture de 1.100 écoles au Burkina Faso, 750 au Mali et plus d’une centaine au Niger, un grand nombre d’enfants n’ont accès à aucune éducation. Dans l’ensemble de l’Afrique, un tiers des jeunes âgés de 12 à 14 ans ne sont pas scolarisés. Plus d’un million d’enseignant·e·s et un financement approprié du système sont nécessaires pour répondre à ce problème en particulier et aux problèmes d’infrastructures en général.