Les syndicats d'enseignants du Royaume Uni ont réaffirmé le besoin urgent de protéger les étudiant·e·s et les professionnel·le·s de l’éducation de l’amiante dans les écoles.
NASUWT: toutes les écoles doivent être intégralement désamiantées
« La NASUWT est profondément choquée de constater qu’une autre école a été désamiantée sans aucune précaution. Cet incident n’aurait jamais dû se produire, en premier lieu, quand bien même des poursuites et des sanctions sont appréciées », a souligné Chris Keates, Secrétaire générale de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT), commentant les sanctions infligées à une entreprise du bâtiment après que des sous-traitants avaient été exposés à l’amiante lors des travaux de rénovation de l’école primaire Oakwood à Derby.
Insistant sur le fait que « la NASUWT a sans cesse affirmé que la gestion de l’amiante in situ est déficiente et que toutes les écoles doivent être intégralement désamiantées afin de prévenir de tels incidents », elle a poursuivi en faisant observer que « si ces travaux avaient été réalisés pendant la période scolaire, les conséquences auraient pu être beaucoup plus graves, avec la contamination d’un nombre probablement très élevé d’élèves et d’enseignants ».
La NASUWT est également préoccupée par l’attitude du conseil municipal de Derby qui ne semble pas avoir retenu grand-chose de l’action pénale de Silverhill en 2007, où la NASUWT était un témoin clé pour garantir le succès des poursuites engagées, a-t-elle ajouté.
Keates a également précisé que « le gouvernement et les employés doivent adopter une démarche plus pro-active en matière de sécurité et de bien-être des élèves et du personnel ».
NEU: toutes les écoles devraient faire l’objet d’enquêtes sur la présence d’amiante
Un autre affilié de l’Internationale de l’Education au Royaume-Uni, le National Education Union(NEU), a rappelé que le Health and Safety Executive(HSE), un organisme du gouvernement du Royaume-Uni chargé de la promotion, de la réglementation, de la mise en œuvre de la santé, de la sécurité et du bien-être au travail et de la recherche en matière de risques professionnels, a approuvé un Code de pratique sur le contrôle de la réglementation relative à l’amiante stipulant que le détenteur d’obligations aux termes de la réglementation sera « la personne responsable des activités de maintenance » sur les lieux. Dans les écoles publiques et dans les « académies », le contrôle financier des budgets scolaires pour l’entretien courant, et dans certains cas pour les travaux de gros œuvre, est délégué à l’organe de direction. Aux termes de la réglementation destinée à garantir que l’amiante a été localisée et prise en compte, la principale responsabilité incombe donc également à l’employeur.
Le NEU s’inquiète du fait que la scolarisation de masse et le nombre croissant d’employeurs auront des conséquences en termes de gestion de l’amiante dans les écoles. Quand les écoles deviennent des « académies », elles perdent le soutien des autorités locales comme détenteur d’obligations. Même si certaines fondations « d’académie » bénéficieront d’une certaine expérience en matière de gestion de l’amiante, nombreuses seront celles, notamment les petites, qui en seront dépourvues. Ce qui pourrait donner lieu à de mauvaises méthodes de traitement de l’amiante.
Le NEU estime également que des enquêtes sur l’amiante devraient être menées dans toutes les écoles, à moins d’une raison valable de ne pas le faire, et les détenteurs d’obligations doivent rédiger des plans précisant les moyens de gérer les risques liés à la présence potentielle de matériaux à base d’amiante.Ces plans de gestion doivent, dans tous les cas, fournir des renseignements sur l’emplacement et l’état de l’amiante supposée et être distribués à l’ensemble des employé·e·s, aux autres personnes susceptibles d’intervenir et de la déplacer et aux services d’urgence.Les détenteurs d’obligations doivent prendre des mesures immédiates pour s’occuper des matériaux repérés et considérés comme endommagés/déplacés avant de rédiger leurs plans et mettre en place des méthodes de travail sûres afin d’éviter d’intervenir sur des matériaux contenant potentiellement de l’amiante.
Il y a également lieu de mener une consultation approfondie entre l’employeur, le directeur d’école et l’ensemble des représentant·e·s de la sécurité. Les représentant·e·s de la sécurité du NEU doivent participer à toutes ces discussions, même si l’amiante est découverte dans des lieux où les membres du NEU n’interviennent pas, par exemple la chaufferie, dès lors que des erreurs dans l’opération de désamiantage pourraient se traduire par une contamination par l’amiante d’une zone beaucoup plus vaste de l’école.
Contexte
L’amiante est un minéral naturel fibreux et tendre. Tous les types d’amiante sont classés comme substance cancérogène de classe 1. Son usage a été très répandu pendant de nombreuses années en raison de ses propriétés de résistance à la chaleur et aux produits chimiques. Des milliers de tonnes d’amiante ont été utilisés dans la construction de bâtiments publics et, bien que l’emploi de la majorité des formes d’amiante ait été interdit, elle est encore présente en grandes quantités dans certains bâtiments.
En mars 2017, le ministère de l’Education a publié des directives à l’attention des écoles au sujet des lieux pouvant contenir de l’amiante.
Les risques dans les écoles sont évidents. Par le passé, l’amiante était largement utilisée dans la construction de bâtiments scolaires, mais le mauvais entretien des structures et le vandalisme ont rendu les écoles plus vulnérables au risque de libération de poussière d’amiante. Ces minuscules particules fines d’amiante peuvent pénétrer facilement dans le système respiratoire et rester dans les poumons ou se fixer sur les parois pulmonaires et dans la cavité thoracique longtemps après exposition.Leur présence peut entrainer de nombreuses maladies liées à l’amiante.