L’Internationale de l'Education s’inquiète profondément des rapports locaux qui indiquent que les autorités publiques iraniennes ont répondu à une grève nationale des enseignant(e)s et du personnel de soutien à l'éducation des écoles primaires et secondaires en renvoyant les enseignant(e)s et en arrêtant les dirigeant(e)s des syndicats de l'éducation.
Mohammad Sadegh Shekari, Mohammad Reza Ramezanzadeh et Abdolreza Ghanbari figurent parmi les militant(e)s qui ont été arrêté(e)s durant la grève organisée le 14 et le 15 octobre par le Coordinating Council of Iranian Teachers Trade Associations(CCITTA).
L'action de protestation visait à mettre au jour plusieurs problèmes fondamentaux auxquels les travailleurs/euses de l'éducation sont actuellement confronté(e)s: les faibles salaires, la dégradation de la qualité de l’enseignement public ainsi que la criminalisation des militant(e)s qui luttent pour les droits des enseignant(e)s.
L’appel à la grève lancé par la CCITTA a été suivi par les enseignant(e)s dans plus de 50 villes du pays, y compris Téhéran, Ispahan, Mashhad, Tabriz, Amol, Gonabad, Hamadan, Ilam, Kermanshah, Marivan, Sanandaj, Saqqez et Yasuj. Les enseignant(e)s ont quitté leurs salles de classe pour occuper les bureaux administratifs des écoles. De nombreuses photos de ces actions pacifiques ont été partagées sur les réseaux sociaux, montrant des enseignant(e)s qui brandissent des pancartes sur lesquelles sont écrits des slogans tels que « Le droit à la justice pour les enseignants » ou « Libérez les enseignants emprisonnés ».
Contexte
En Iran, la plupart des enseignant(e)s vivent bien en dessous du seuil de pauvreté en raison de leur faible salaire. Les réductions des budgets consacrés à l’éducation, la propagation de la crise économique et l’inflation galopante ne font qu'aggraver leur situation.
Les enseignant(e)s iranien(ne)s dénoncent également la qualité médiocre et le sous-financement du système d'enseignement public du pays, qui a été sévèrement affecté par la privatisation et la commercialisation.
Les autorités iraniennes ont répondu aux demandes des enseignant(e)s par une criminalisation systématique des manifestant(e)s et des dirigeant(e)s syndicaux/ales. De nombreux/euses syndicalistes enseignant(e)s, notamment Esmail Abdi, Mohammed Habibi, Rasoul Bodaghi et Mahmud Beheshti Langroudi, ont été victimes de harcèlement, de détention et d’incarcération arbitraires, de procès injustes, et ont été condamné(e)s à des peines de prison.
L’IE solidaire des travailleurs/euses iranien(n)es
En août 2018, l’Internationale de l'Education (IE) a lancé une campagne LabourStart afin d’exiger la libération immédiate et sans condition de Mohammed Habibi ainsi que le respect des droits syndicaux en Iran.Arrêté le 20 mai lors d’une manifestation pacifique et détenu depuis lors dans des conditions extrêmement difficiles, Mohammed Habibi a été condamné à dix ans et demi de prison le 4 août.
En octobre, l’IE et d’autres fédérations syndicales internationales ont co-signé une lettre dénonçant la condamnation à mort de 17 conducteurs de poids lourds par un tribunal local de la province de Qazvin.