L’Internationale de l’Education soutient la plainte déposée par les syndicats américains concernant la politique migratoire « zéro tolérance » des Etats-Unis, qui sépare systématiquement et de force les enfants migrants de leurs parents, dans le but de poursuivre en justice les parents pour « entrée illégale » dans le pays.
IE: le Conseil des droits de l’Homme doit exhorter le gouvernement américain à abolir immédiatement sa politique visant à séparer les familles de demandeurs/euses d’asile
« Par la présente, l’Internationale de l’Education se joint formellement à la plainte déposée par l’ American Federation of Teachers(AFT), la National Education Association(NEA) et 14 autres organisations des droits humains auprès du Conseil des droits de l’Homme, dénonçant la politique migratoire “zéro tolérance” du gouvernement des Etats-Unis », a écrit David Edwards, Secrétaire général de l’IE, dans une lettre du 26 septembre adressée à Michelle Bachelet, Haute-Commissaire aux droits de l’Homme des Nations Unies.
David Edwards rappelle par ailleurs que, bien souvent, aucune communication n’est établie entre les parents et les enfants après leur séparation; ils ne savent pas où se retrouver ni quand ils seront réunis. Une fois séparés, les parents risquent l’expulsion, alors que leurs enfants demeurent sous garde fédérale.
Selon l’AFT, plus de 2.500 enfants demandeurs d’asile ont été séparés de leurs parents le long de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. 500 d’entre eux demeurent dans des centres de détention. Plus de 450 parents ont été expulsés sans savoir ce qu’il était advenu de leurs enfants.
Cette politique a donné lieu à des abus cruels et inhumains à l’encontre de familles vulnérables et de leurs enfants, des abus qui peuvent être considérés, à plusieurs égards, comme une forme de torture. La séparation des familles entraîne des préjudices graves et potentiellement irréversibles pour les enfants et les parents, et peut générer un traumatisme à long terme ainsi qu’une détresse psychologique chez les enfants. Elle doit être abolie immédiatement.
Comme l’a démontré l’AFT dans sa plainte auprès du Conseil des droits de l’Homme, la politique migratoire de l’administration américaine constitue une violation grave de nombreux droits humains reconnus internationalement et bafoue les principes d’un grand nombre de traités internationaux relatifs aux droits, notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, la Convention des Nations Unies contre la torture, la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que les Principes et directives recommandés des Nations Unies sur les droits de l’Homme aux frontières internationales.
« Nous demandons instamment au Conseil des droits de l’Homme d’exhorter le gouvernement américain à abolir immédiatement sa politique visant à séparer les familles de demandeurs/euses d’asile », a conclu Edwards.
Syndicats américains: situations de violations flagrantes, et attestées par des éléments dignes de foi, des droits de l’Homme et des libertés fondamentales
La procédure de plainte engagée par les syndicats et organisations de la société civile américains concerne des situations de violations flagrantes, et attestées par des éléments dignes de foi, des droits humains et des libertés fondamentales.
Selon les organisations activistes, les Etats-Unis séparent systématiquement et de force les enfants migrants de leurs parents, en vertu d’une politique « zéro tolérance » annoncée lors des séances du Procureur général du 6 avril, qui appelle à la poursuite de tous les individus qui entrent illégalement aux Etats-Unis. Les parents accompagnés de leurs enfants qui demandent l’asile et les protections juridiques humanitaires aux Etats-Unis entre les points d’entrée de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique font l’objet de poursuites. Leurs enfants leur sont retirés et sont placés en détention au Bureau de réinsertion des réfugiés, une agence du Département de la santé et des services sociaux, dans des refuges collectifs, dans des familles d’accueil ou, dans certains cas, dans des centres de détention.
Les syndicats et les organisations de la société civile américains ont rappelé que l’administration Trump avait pensé à mettre en place ce mécanisme pernicieux consistant à séparer les enfants de leurs parents dès le début. John Kelly, le secrétaire à la Sécurité intérieure de l’époque, a annoncé en mars 2017 qu’il « envisageait » de séparer les enfants d’Amérique centrale de leurs parents lorsqu’ils étaient arrêtés à la frontière, « afin de dissuader davantage de mouvements par le biais de ces terribles réseaux. C’est exactement ce à quoi je pense. On traitera bien ces enfants pendant qu’on s’occupe de leurs parents. »
La plainte explique ensuite que ce problème se retrouve exacerbé par le fait que les centres de détention pour enfants manquent de place pour accueillir les enfants qui ont été séparés de leurs parents, d’après deux responsables américains et un reportage de NBC News. Ainsi, le 15 juin, l’administration a ouvert un « village de tentes » à Tornillo, Texas, pour héberger les enfants séparés de leurs parents. Autre fait accablant pour les syndicats et les organisations de la société civile: depuis le 3 juin, près de 300 des 550 enfants actuellement détenus dans des postes-frontières américains, censés n’être que le premier arrêt pour les enfants détenus à la frontière avant leur transfert au Bureau de réinsertion des réfugiés, y avaient passé plus de 72 heures.