L’Internationale de l’Education (IE) fête ses 25 ans d’existence, 25 années de luttes au service de l’éducation et de la profession enseignante. Que de chemin parcouru fait de succès, de réussites mais aussi de défis persistants. En effet, l’IE et ses organisations affiliées ont en face le capital et les capitalistes plus soucieux de leurs profits que de l’éducation des enfants. Face à ces lobbies puissantes et coriaces, des menaces pèsent sur le devenir des systèmes éducatifs mondiaux et sur la condition enseignante. La lutte de l’IE, et ses positions tranchées dans tous les foras avec la communauté des bailleurs, le Partenariat Mondial pour l’Education, pour un financement adéquat de l’éducation, pour l’investissement sur les enseignants et contre la commercialisation de l’éducation, tout en étant épique, rencontre tout de même des difficultés.
Ces défis et leurs conséquences, notamment l’environnement morose des enseignements/apprentissages, la non disponibilité des outils et matériels pédagogiques et la non formation/qualification des enseignants entre autres, impactent, d’une manière ou d’une autre, le syndicat et l’engagement militant : les enseignants peu ou pas formés, confrontés à des problèmes de carrière, de survie, ne sont pas motivés et sont difficilement mobilisables dans le syndicat dont ils doutent de sa capacité à influencer les décideurs pour la satisfaction de leurs revendications. Comment donc offrir aux enseignants et à l’éducation des perspectives d’avenir meilleures ? Comment répondre à l’immensité des besoins, aux imperfections, aux enjeux et défis éducatifs ? Comment faire comprendre ou faire accepter la place et le rôle de l’école et de l’enseignant dans les processus de transformation sociale ?
Dans mon pays le Sénégal, comme dans certains pays africains notamment francophones, l’émiettement a porté un rude coup au mouvement syndical enseignant devenu faible et incapable d’attirer et de mobiliser les enseignants mais aussi d’agir de manière concertée et stratégique face aux autorités gouvernementales pour la promotion de systèmes éducatifs performants. Aussi, il nous faudra travailler à réaliser l’unité,corriger les faiblesses organisationnelles, pour renforcer le mouvement syndicalet faire face.
Rester nous-mêmes c’est-à-dire « être syndicaliste » et faire face implique un retour aux valeurs et un ancrage dans les principes qui fondent le syndicalisme : indépendance, autonomie, démocratie, solidarité.
Rester syndicaliste favorise la réalisation de l’unité syndicale, ce défi qu’il faut impérativement surmonter car c’est unis que nous deviendrons plus forts et plus aptes à reprendre tout notre potentiel organisationnel et à faire face aux défis multiples qui plombent la qualité de l’éducation et la scolarisation de tous les enfants sans exclusive. Le travail d’accompagnement réalisé par l’IE dans certains pays comme l’Ouganda avec la construction d’un syndicat unitaire fort, UNATU, est à saluer de même que les processus en cours, toujours avec l’appui de l’IE, dans certains pays francophones comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal où l’USEQ, Union Syndicale pour une Education de Qualité, cadre réunissant les affiliés de l’IE, est aujourd’hui une réalité avec ses textes réglementaires et une demande de reconnaissance officielle déposée auprès du Gouvernement du Sénégal.
La mise en œuvre de l’ODD4, la domestication des cibles requièrent la forte mobilisation de tous et de chacun, à l’image des manifestations organisées dans le cadre de la campagne de l’IE « Uni(e)s pour une éducation de qualité », lesquelles ont conduit au maintien de l’Education comme objectif à part entière lors de l’adoption de l’Agenda 2030.
Répondant à une préoccupation syndicale, l’éducation y est considérée comme un droit humain et un bien public.
Rester nous-mêmes, rester syndicaliste en s’abreuvant aux valeurs du militantisme et du mouvement syndical doit être notre crédo. Forts de notre expérience, individuellement et ensemble, mener le combat contre les politiques d’austérité, la privatisation et la marchandisation de l’éducation est un impératif, d’où la nécessité de vulgariser nos positions notamment dans le cadre de la campagne de l’IE « la réponse globale » qui a connu un franc succès en Ouganda contre les BRIDGE SCHOOL et qui suit son cours au Kenya et au Libéria.
Rester syndicaliste, maintenir la mobilisation des affiliés de l’IE, créer les synergies et les nécessaires alliances permettront de faire face pour atteindre l’objectif d’une Education Publique de Qualité pour toutes et tous.
Le 26 janvier 1993, l’Internationale de l’Education naît de la fusion de la Fédération Internationale des syndicats libres (IFFTU) et de la Confédération mondiale des organisations de la profession enseignante (WCOTP). A l’occasion de son 25e anniversaire, une série spéciale de blogues #IE25, sera publiée tout au long de l’année. Elle mettra en avant les voix et réflexions de syndicalistes, militant(e)s de l’éducation, organisations partenaires et ami(e)s, revenant sur les combats et accomplissements passés dont l’organisation a tiré force et inspiration en vue de s’attaquer aux défis présents et futurs auxquels sont confrontées l’éducation et la profession enseignante. Si vous souhaitez contribuer à cette série de blogues, veuillez écrire à sonia.grigt@ei-ie.org.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.