Sous le thème « We care. We fight. We show up. We vote », plus de 3.000 éducateurs/trices, professionnel(le)s de la santé et salarié(e)s du secteur public se sont réuni(e)s à Pittsburgh, en Pennsylvanie, à l’occasion de la convention bisannuelle de l’American Federation of Teachers.
Durant la convention de cinq jours qui s’est tenue la deuxième semaine de juin, l’ American Federation of Teachers(AFT) a ouvert la voie à un mouvement syndical fort face à l’arrêt récent de la Cour suprême dans l’affaire Janus c. AFSCME et aux attaques de la droite américaine contre les syndicats. Recrutement de membres, défense de la démocratie, réaffirmation des valeurs syndicales et militantisme engagé ont été quelques-uns des grands thèmes abordés au cours de la convention.
Les délégué(e)s ont également examiné et voté des résolutions sur divers sujets, notamment une action collective visant à promouvoir l’enseignement public, la lutte contre l’austérité et l’augmentation du financement des services publics, le règlement de l’endettement des étudiant(e)s et la mise en place d’un système de santé qui supprime les inégalités en matière de soins de santé.
Dans son allocution aux délégué(e)s représentant 1,7 million de membres, la Présidente de l’AFT, Randi Weingarten, a appelé les membres à continuer à s’engager activement pour que le syndicat reste fort après l’arrêt Janus, et à défendre la démocratie et la justice sociale.
Le combat des syndicats pour la démocratie
« Cette situation n’est pas normale. Je ne peux pas me taire et vous non plus… En plus de réclamer de la décence, nous devons défendre la démocratie en ce moment crucial… Nous devons être un contrepoids pour notre démocratie et pour une société sûre, accueillante et qui garde la raison », a déclaré Weingarten dans son allocution.
« Le mouvement syndical américain est essentiel pour la défense de la démocratie. Les gouvernements autoritaires s’attaquent invariablement aux syndicats et cherchent à les saper parce que les syndicats ont toujours été aux avant-postes de la lutte pour la démocratie », a-t-elle ajouté.
« Ils savent que les travailleurs sont plus forts quand ils s’unissent », a-t-elle poursuivi. « Et ils savent que les travailleurs s’en sortent mieux lorsqu’ils adhèrent à un syndicat. »
Weingarten, qui a été réélue pour un nouveau mandat, a expliqué que l’arrêt Janus a eu pour effet d’inciter un nombre record de travailleurs/euses à rejoindre l’AFT et à réaffirmer leur engagement. Plus de 530.000 membres ont renouvelé leur engagement auprès du syndicat et l’AFT enregistre son taux d’adhésion le plus élevé de son histoire avec 1.755.000 membres.
« J’en ai assez des politiciens qui me disent ce que je dois faire dans ma classe »
En outre, les attaques contre les syndicats et la détérioration des conditions de travail de tant de gens, tous secteurs confondus, ont incité près de 300 membres de l’AFT à se porter directement candidat(e) à une fonction politique dans l’espoir d’influencer les politiques qui affectent leur profession.
« J’en ai assez que des politiciens me disent ce que je dois faire dans ma classe. Je suis fatiguée de cette classe politique qui ne nous donne pas de meilleurs salaires, de meilleurs systèmes d’évaluation et plus d’autonomie », a déclaré aux délégué(e)s Johanna López, une éducatrice qui se présente au conseil scolaire à Orlando, en Floride.
« J’en ai assez de mendier l’attention de nos élus. Alors je me présente aux élections pour prendre leur place et vous devriez le faire aussi. Les enseignants doivent se porter candidats, mobiliser leur communauté, se porter volontaires, contribuer à faire élire d’autres enseignants et défendre la dignité de notre profession », a-t-elle affirmé.
Défis internationaux, solidarité internationale
Dans le cadre du programme de la convention, le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) David Edwards a animé un dialogue avec des dirigeant(e)s syndicaux(ales) venu(e)s du monde entier sur la menace mondiale pesant sur les sociétés démocratiques et les droits humains. Le forum organisé par a Présidente de l’AFT Randi Weingarten à la School of Education de l’université de Pittsburgh a insisté sur le rôle capital que jouent l’enseignement public, les services publics et le mouvement syndical dans la défense des droits humains et de la solidarité mondiale.
« A une époque où nous assistons à une recrudescence de l’hostilité aux migrants, de la xénophobie, du racisme et des attaques contre les institutions démocratiques, la presse libre, voire le rejet et le déni de la science, notre voix et notre autonomie professionnelle sont cruciales », a expliqué le Secrétaire général de l’IE David Edwards.
« Vous tous, d’où que vous veniez dans le monde, vous avez un rôle à jouer. De la Pologne à la Palestine, en passant par la Turquie et le Zimbabwe, nous défendons nos valeurs les plus fondamentales », a ajouté Edwards. « De nos classes à nos locaux syndicaux, dans les rues et dans les isoloirs. Nous allons nous faire entendre, nous lever et faire porter notre voix collective pour réclamer une justice sociale pour nos élèves, nos écoles et nos communautés. »
« Il n’est pas facile d’être éducateur ou syndicaliste aujourd’hui »
D’autres éminents invités ont pris la parole lors de la convention, comme Hillary Clinton, la Sénatrice Elizabeth Warren et le Sénateur Bernie Sanders.
Hillary Clinton, qui a reçu le Prix des droits des femmes de l’AFT, a encouragé les délégué(e)s à continuer: « Continuez à avancer. Continuez à protester. Continuez à plaider pour l’enseignement public. Continuez à plaider contre la violence des armes. »
Et d’ajouter: « En cette époque d’interprétations alternatives des faits, continuez à plaider pour la vérité, les données factuelles, la raison. Continuez à éduquer notre prochaine génération de citoyens. Et oui, continuez à vous porter candidat à tous les niveaux. Mais surtout, continuez à défendre une Amérique dans laquelle chaque enfant bénéficie d’une éducation de classe mondiale, qui lui donne la chance de devenir tout ce qu’il peut être. »
La Sénatrice Warren a affirmé qu’en dépit du paysage politique actuel, elle avait de l’espoir car « dans tout le pays, des éducateurs et des éducatrices se lèvent, font entendre leur voix et luttent pour l’avenir de ce pays ». Ces luttes sont rendues possibles par des syndicats comme l’AFT, a-t-elle ajouté. « Ne vous y trompez pas: les syndicats ont créé la classe moyenne en Amérique et les syndicats recréeront la classe moyenne américaine ».
« Il n’est pas facile d'être éducateur ou syndicaliste aujourd’hui », a dit le Sénateur Bernie Sanders aux délégué(e)s à la convention, le dimanche matin, mais « si nous nous levons et si nous rendons les coups, si nous éduquons et nous nous organisons, si nous faisons preuve du courage et de l’unité dont ce moment de notre histoire a besoin, je suis convaincu que nous allons gagner et offrir un avenir radieux à notre pays ».
Des dirigeant(e)s d’autres syndicats se sont rassemblé(e)s en signe d’unité et de détermination. Le Président de l’AFSCME, Lee Saunders, la Présidente de la NEA, Lily Eskelsen García, et la Présidente de la SEIU, Mary Kay Henry, ont vivement incité les militant(e)s à continuer à prendre soin, à défendre et à lutter pour les travailleurs/euses partout.