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Népal: les syndicats s'unissent pour lutter contre la privatisation et la commercialisation de l'éducation

Publié 6 juillet 2018 Mis à jour 18 septembre 2018
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Organisée dans le cadre de la campagne de l'Internationale de l’Education « Réponse mondiale à la privatisation et la commercialisation de/au sein de l'éducation », la Conférence portant sur la privatisation de l'éducation et le droit à l'éducation au Népal a contribué à mieux sensibiliser les participant(e)s et à les informer des recherches internationales sur la privatisation de l'éducation dans le pays.

Conférence nationale consacrée à la privatisation de l'éducation et au droit à l'éducation

Le 23 juin dernier, plus de 80 personnes, au nombre desquelles divers représentant(e)s de gouvernements locaux, de syndicats d'enseignants, d'organisations de parents et de la société civile, ainsi que plusieurs responsables politiques et membres du Parlement, se sont réunies à Katmandou en vue de participer à une conférence nationale consacrée à l'incidence de la privatisation sur le droit à l'éducation, organisée par trois organisations membres de l'Internationale de l'Education (IE): la Nepal National Teachers' Association(NNTA), la Nepal Teachers' Association(NTA) et le Sansthagat Vidyalaya Schickshak(ISTU).

Au cours de son allocation d'ouverture, le Vice-président de la Commission de planification nationale, Dr Puspa Kandel, a félicité les syndicats d'enseignants népalais pour les actions de lutte contre la privatisation de l'éducation dans le pays, menées dans le cadre de la campagne de l’IE « Réponse mondiale à la privatisation et la commercialisation de/au sein de l'éducation ».

Pointant du doigt l'insuffisance du budget alloué à l'enseignement public, considérée comme une des causes de la dégradation du système d'éducation public national, il a appelé les syndicats à sensibiliser l'opinion publique au besoin de garantir un enseignement public de bonne qualité.

Membre du Comité régional Asie-Pacifique de l'Internationale de l’Education (IEAP) et Président de la NNTA, Babu Ram Thapa a demandé des précisions concernant les modalités de mise en œuvre des mesures législatives en faveur de l'enseignement gratuit et obligatoire, compte tenu des maigres ressources budgétaires allouées au secteur.

Expliquant que ce problème ne pourra pas être réglé tant que ces lois ne seront pas entrées en vigueur, il a soulevé plusieurs questions à propos de l'engagement des responsables politiques népalais(es) avec les prestataires privés du secteur de l'éducation. Il a déclaré que l'éducation pour tou(te)s ne pourra être réalisée qu'en présence d'un système d'enseignement public fort et non par l'entremise de prestataires commerciaux proposant des services éducatifs payants.

Recherche de l'IE

Au cours du débat qui a suivi, Dr Promod Bhatta a communiqué les résultats de la recherche de l'IE « Népal: modèles de privatisation au sein de l'éducation - Une étude de cas des écoles privées à bas prix et des chaînes d'écoles privées».

Cette publication met en lumière l'insuffisance des budgets alloués à l'enseignement public, responsable du déclin du secteur et du développement important de la privatisation. L'étude montre également que les écoles privées ne respectent pas les normes et réglementations prévues par la Constitution népalaise et que le gouvernement du pays ne prend aucune mesure pour garantir leur mise en application. Elle lance également une mise en garde en précisant que les écoles privées contribuent à accentuer la ségrégation et les clivages au sein de la société, non seulement entre les riches et les pauvres, mais également entre les garçons et les filles.

Renforcer l'efficacité du secteur public

Dr Hari P. Lamsal, Secrétaire adjoint au ministère népalais de l'Education, a expliqué les principales caractéristiques des services d'éducation gouvernementaux et non gouvernementaux. Arrivant à la conclusion que la privatisation/commercialisation n'est pas une solution, il a rappelé que l'efficacité du secteur public demeure un facteur essentiel.

Suite aux présentations, les participant(e)s ont discuté des remarques formulées par Dr Lamsal et des résultats de la recherche de l'IE.

Dans son commentaire à propos de l'intervention de Dr Lamsal, l'ancien Coordinateur régional de l'IEAP, Sagar Nath Pyakuryal, a soumis trois problématiques centrales aux participant(e)s, à savoir la signification et les valeurs du droit à l'éducation, les modèles économiques hybrides et les partenariats public-privé, et l'application des principes de marketing à l'éducation, en insistant sur le fait que l'éducation ne doit pas être mise en corrélation avec le marché, mais être accessible à chacun(e) sans être soumise à des conditions financières.

Les responsables de l'ISTU se sont également penché(e)s sur le problème de la violation des droits des enseignant(e)s dans les établissements scolaires privés, et celui de la réglementation des frais de scolarité, des infrastructures, des salaires et des autres avantages offerts au sein de l'éducation.

Les syndicats de l'éducation doivent participer à l'élaboration des politiques

Demandant des informations concernant les projets du gouvernement en faveur de la réalisation du droit à l'éducation, les participant(e)s ont sollicité la participation active des représentant(e)s des syndicats d'enseignants à l'élaboration des politiques, déplorant que leur implication se soit progressivement affaiblie.

La dirigeante des femmes de la NNTA, Kamala Thapa a également mis en cause le fait que les écoles privées ne contribuent pas à offrir une éducation équitable et inclusive, dans la mesure où ces dernières excluent les filles et les enfants des familles marginalisées.

Exprimant son soutien aux syndicats, l'ancien Vice-ministre de l'Education et membre du Parlement, Dilendra Prasad Badu, a appelé ces derniers à protéger le droit à l'éducation de chaque enfant au Népal et à se tenir prêts à lutter contre une possible offensive non démocratique du gouvernement à leur égard.

Rajbahadur Budha, membre du Parlement, a conseillé aux syndicats de l'éducation de se préparer à lutter contre les impacts de la décentralisation amorcée au niveau national. Ces derniers devront se protéger et défendre l'enseignement public, a-t-il prévenu.

Dans ses conclusions, le Président de la NNTA, Laxman Sharma, a fait part des projets futurs de son syndicat visant à lutter collectivement sous l'égide de la campagne Réponse mondiale de l'IE contre les problèmes engendrés par la privatisation et la commercialisation de l'éducation.

Mobilisation des syndicats de l'éducation et plaidoyer auprès des membres du Parlement et des autorités publiques

Revendiquant une action collective contre les prestataires privés de l'éducation, dont les agissements sont contraires à la constitution et compromettent les initiatives déployées en faveur des engagements mondiaux tels que le programme Education 2030 et l'Objectif de développement durable 4, Sharma a appelé les participant(e)s à apporter leur soutien et à se mobiliser en faveur de la campagne de la commission de l'éducation de haut niveau des syndicats NTA, NNTA et ISTU, notamment leurs réunions prévues avec les membres du Parlement et les représentant(e)s des autorités publiques, et la soumission de mémorandums demandant un financement suffisant pour l'éducation et la réglementation des écoles privées.