Mandy Manning a été nommée Enseignante nationale de l’Année aux États-Unis. Elle enseigne l’anglais et les mathématiques au Newcomer Center de la Joel E. Ferris High School à Spokane (Washington) depuis sept ans, et ses élèves réfugiés sont originaires de partout dans le monde et notamment de Syrie, du Mexique et du Soudan. Alors que souvent ses élèves ne se sentent pas en sécurité dans le climat politique actuel, Mandy Manning a contribué à transformer son école en leur offrant un environnement accueillant et chaleureux. Elle est un membre actif de son syndicat au niveau local et de l’État et siège au comité exécutif de la Washington Education Association. Voici quelques extraits de sa conversation avec la Présidente de la National Education Association, Lily Eskelsen García, le 11 juin 2018 [1].
J’ai appris comment ne pas avoir peur auprès de mes élèves. J’enseigne à des élèves réfugiés et immigrés. Ils ont traversé des choses indicibles pour arriver aux États-Unis, un pays qui leur donne l’espoir de devenir quelqu’un. Je les vois pleins d’espoir et dépourvus de crainte en entrant dans cette nouvelle communauté, une communauté qui, à bien des égards, ne les a pas bien accueillis. Ils viennent à l’école tous les jours ; ils sont concentrés, ils sont dévoués, ils sont accrochés à leurs rêves et deviennent des membres productifs de la société et des citoyens. Alors, tout ce que je dois faire, c'est les regarder et ils m’apprennent comment ne pas avoir peur.
Notre gouvernement actuel n’a pas été accueillant avec mes élèves et j’ai voulu les assurer que j’allais [rencontrer le Président Trump à la Maison Blanche] pour eux. Je me posais la question : dois-je y aller ? Et ils m’ont tous répondu à l’unanimité : « Oui, parce qu’il doit savoir qui nous sommes ». Alors, nous nous sommes installés et nous avons demandé aux élèves d’écrire des lettres dans lesquelles ils racontent leur voyage vers les États-Unis et ce que cela a signifié pour eux: leurs rêves et leurs espoirs et comment ils veulent rendre aux États-Unis ce qu’ils en ont reçu. Il y avait aussi des conseils pour notre Président sur la manière dont il peut contribuer à améliorer leur vie aux États-Unis, par exemple en utilisant un langage chaleureux qui n’abaisse pas l’ensemble de leurs communautés. (…)
Chaque fois que des éducateurs et des éducatrices sortent de la classe pour plaider une cause collectivement, l’amour que nous portons à nos élèves est utilisé contre nous. Parfois, nous devons quitter nos classes pour obtenir ce dont nous avons besoin pour nos enfants, parce que nos élèves sont au cœur des préoccupations de chaque enseignant(e). Mais, (…) « La vie se joue en dehors de votre zone de confort ». Nous devons être prêt(e)s à être mal à l’aise et à affronter certains messages négatifs que nous pouvons recevoir pour avoir une influence réelle et profonde sur ce que nous savons être le mieux pour les enfants.
Si les décisions qui sont prises ont une incidence négative sur nos enfants, nous ne pouvons pas rester assis(es) les bras croisés, même si cela signifie que nous allons rencontrer des problèmes dans la communauté. Parce qu’en fin de compte, si les élèves sont véritablement la raison pour laquelle nous sortons du cadre de la classe et nous revendiquons des choses, personne ne peut rien contre nous.
[1] La vidéo de Facebook live peut être vue dans son intégralité ici.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.