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Une éducation de qualité pour les plus marginalisé(e)s: le rôle du personnel de soutien à l’éducation, par Mere Berryman

Publié 16 mai 2018 Mis à jour 25 mai 2018
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De nombreux enfants et jeunes issus du monde entier se heurtent à des obstacles considérables pour accéder aux avantages offerts par la société à travers les services de santé, d’éducation et les services sociaux. De tels obstacles peuvent avoir un impact négatif sur leur capacité à réussir à l’école, et donc sur la communauté toute entière. Pour diverses raisons, ces enfants et ces jeunes sont souvent incapables de réussir à l’école sans l’aide du personnel de soutien à l’éducation (PSE). Pourtant, en dépit de leur expertise et de leurs compétences évidentes, les membres du PSE sont généralement les employé(e)s les moins bien payé(e)s et les moins bien soutenu(e)s dans les établissements scolaires.

Depuis des années, cette situation préoccupe nombre de familles et d’éducateurs/trices à travers le monde, qui appellent à une meilleure équité salariale, à une meilleure sécurité de l’emploi et à l’augmentation des opportunités de formation. Dans certains pays, les syndicats œuvrent à une reconnaissance plus équitable du statut des membres du PSE ainsi que de leurs conditions de travail et de vie. C’est le cas notamment de la Nouvelle-Zélande, où le New Zealand Education Institute(NZEI) a initié des négociations avec le ministère de l’Education pour faire de cet objectif une réalité. L’équité salariale et le financement central sont désormais sur la table des négociations. Un soutien politique à l’échelle du système est essentiel pour que les professionnel(le)s de l’éducation combinent et maximisent leurs compétences afin d’aider les enfants et les jeunes marginalisés. En vue d’assurer le soutien le plus efficace possible, il est nécessaire de mettre l’accent sur la collaboration et la complémentarité des compétences, plutôt que sur une hiérarchie du pouvoir et des compétences, qu’ils soient avérés ou non.

Si nous voulons vraiment l’égalité dans l’éducation, nous devons tou(te)s contribuer, de manière cohérente et harmonisée, à des relations et interactions multiples qui assurent à nos enfants et à nos jeunes un sentiment d’identité culturelle et d’appartenance à l’éducation. Pour nos enfants les plus vulnérables, ce sentiment est essentiel. Bien qu’il ne fasse nul doute que l’éducation d’un enfant repose sur l’ensemble du personnel de l’éducation, je proposerai, lors de ma présentation à la Conférence de l’IE, un cas néozélandais qui suggère que nous devons également travailler de manière familiale et avec les familles si nous voulons que ces enfants estiment appartenir au système éducatif. Selon moi, l’appartenance est un principe fondamental de l’éducation qui nécessite la collaboration entre l’ensemble du personnel de l’éducation et les familles.

Te Whāriki (« Les nattes de cannage »), le programme scolaire néozélandais de la petite enfance, est sous-tendu par la vision selon laquelle les enfants « sont des apprenants et communicants compétents et confiants, sains de corps et d’esprit, qui se sentent en sécurité dans leur sentiment d’appartenance et leur certitude qu’ils apportent une contribution précieuse à la société » (ministère de l’Education, 2017, p. 5). Cette déclaration souligne l’importance de l’apprentissage, du bien-être holistique (« sains de corps et d’esprit ») et du sentiment d’appartenance, en reconnaissant de manière implicite que même les très jeunes enfants peuvent à la fois donner et recevoir au sein de notre société. Le sentiment d’appartenance est l’un des « cinq domaines de l’apprentissage et du développement pour lesquels l’accent est mis sur le soutien des enfants en vue de développer les capacités dont ils ont besoin en tant qu’apprenants compétents et confiants » (ministère de l’Education, 2017, p. 16). Ce positionnement renforce le rôle central de la notion d’appartenance en tant que pierre angulaire de l’apprentissage et moteur de l’apprentissage continu tout au long de la vie.

L’appartenance donne aux individus le sentiment d’être acceptés, respectés, intégrés et soutenus par la communauté dans laquelle ils sont impliqués. Baumeister et Leary (1995) ont identifié le besoin d’appartenance comme une motivation humaine fondamentale, qui prime sur les besoins humains que sont l’estime de soi et l’épanouissement personnel. Ces auteurs soutiennent en outre que le sentiment d’appartenance a une influence puissante sur la pensée humaine et que « les liens réels comme les liens potentiels exercent des effets importants sur la manière dont les individus pensent » (p. 505). Le sentiment d’appartenance a, par conséquent, des répercussions évidentes sur l’expérience sociale des enfants et des jeunes. Il joue également un rôle crucial dans leur identité et leurs résultats scolaires. Tout comme il importe aux étudiant(e)s et aux jeunes, le sentiment d’appartenance est également essentiel pour les professionnel(le)s de l’éducation. Il incombe à nos responsables politiques et à nos directeurs/trices d’école de développer des institutions et structures pédagogiques au sein desquelles tou(te)s les éducateurs/trices peuvent s’identifier et exprimer les différentes voix de nos communautés, écoles et salles de classe, afin que tou(te)s se sentent capables de partager leurs modèles d’apprentissage tout en sachant qu’ils/elles seront respecté(e)s dans cet environnement. L’appartenance est un état d’esprit lié à la confiance, à la foi, à l’humanité, à la communauté et à la justice sociale.

Lors de ma présentation à la Conférence de l’IE sur le personnel de soutien à l’éducation, je commencerai, comme je l’ai fait ici, par décrire certains des contextes actuels pertinents pour le personnel de soutien à l’éducation en Nouvelle-Zélande. Je présenterai ensuite un centre de soutien à l’apprentissage qui s’appuie sur une approche culturelle autochtone en matière de développement de pratiques inclusives, afin que tous les enfants et les jeunes ayant besoin d’une aide supplémentaire à l’apprentissage dans cette école reçoivent un meilleur soutien en vue de renforcer leur sentiment d’appartenance et leurs chances de réussite. Ce centre d’apprentissage, Te Whānau Ora(« Le bien-être de la famille »), offre un éventail de relations et de services culturels qui permettent à chaque étudiant(e) d’accroître son sentiment d’appartenance et son bien-être. Je présenterai les trois métaphores culturelles maories de la prévenance que je décris ci-après :

Mauri ora– prendre soin du bien-être holistique et intrinsèque de l’apprenant(e).

Mana ōrite– respecter les apprenant(e)s et leurs familles comme vous souhaiteriez qu’ils/elles vous respectent.

Whānautanga– prendre soin des apprenant(e)s comme vous souhaiteriez qu’on prenne soin d’un enfant de votre propre famille.

Une courte vidéo du centre Te Whānau Ora sera ensuite montrée pour illustrer ces métaphores culturelles. Au centre Te Whānau Ora, chaque adulte travaille avec les membres des familles afin d’assumer ensemble la responsabilité d’élever ces jeunes comme s’ils faisaient partie de leur propre famille. Les membres du personnel travaillent ensemble pour que les étudiant(e)s se développent, tant sur le plan scolaire que personnel, culturel et social, grâce au partage réciproque des connaissances, des compétences et des valeurs, et à la compréhension de leurs cultures propres.

Je conclurai en examinant les implications de cette approche pour une application plus large.

Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.