Réduire les inégalités salariales entre les genres et faire campagne sur les problèmes de harcèlement sexuel et de violence contre les femmes sur le lieu de travail : deux domaines essentiels d’action pour le syndicat britannique de l’enseignement supérieur, le University and College Union (UCU).
Face à une inégalité de rémunération entre les genres qui se situe autour de 12 % en moyenne dans les universités, et à des phénomènes grandissants de harcèlement sexuel et de violence contre les femmes sur le lieu de travail, notre syndicat, l’UCU, a décidé de mener une action dans ces domaines au cours de l’année écoulée.
Nous représentons plus de 100.000 membres présents dans les différentes formes d’enseignement supérieur et notre travail sur ces problématiques a également comporté un examen de la situation des femmes au sein du syndicat.
Priorités
À cette fin, nous avons choisi deux priorités d’action dans les universités et hautes écoles où nos membres sont actifs :
Réduire l’écart entre le salaire des femmes et celui de leurs homologues masculins, qui, à l’heure actuelle tourne autour de 12 % en moyenne dans les universités. En 2017, nous avons initié plus de 40 plaintes portant sur une inégalité de rémunération entre les genres dans l’enseignement supérieur au niveau institutionnel, plaintes qui ont été appuyées par notre équipe de négociation britannique impliquée dans des campagnes et des négociations au niveau sectoriel et qui travaille avec des commissions élues et des militants par branches. Nous avons également collaboré avec d’autres syndicats pour revoir et améliorer les orientations données aux employeurs universitaires quant à la conduite d’audits efficaces sur l’égalité de rémunération entre les genres. Les principaux problèmes à résoudre sont l’accès inégal des femmes au développement professionnel et aux promotions, ainsi que les modèles établis de très longue date de préjugés et de discriminations inconscientes.
Le harcèlement sexuel et la violence contre les femmes sur nos lieux de travail. En novembre, l’UCU a publié une nouvelle déclaration importante condamnant toutes les formes de harcèlement et de violence, offrant un soutien aux femmes qui ont subi de tels abus et cherchant à sensibiliser nos différentes branches à propos des campagnes syndicales et des avis donnés sur la lutte contre le harcèlement sur les lieux de travail et dans le syndicat. Nous avons développé un éventail d’accords- types pour traiter du harcèlement et d’autres outils de négociation pour aider les différentes branches dans cette entreprise. Les branches se sont également engagées à combattre le biais culturel masculin qui prévaut dans de nombreux lieux de travail et qui renforce la discrimination et l’inégalité entre les genres et aggrave le stress et les handicaps auxquels sont confrontées les femmes.
Une inégalité transversale
L’action menée par l’UCU dans ces deux domaines a montré que l’inégalité entre les genres ne peut être pleinement comprise et donc combattue que si l’on examine tous les aspects. Au Royaume-Uni, l’inégalité entre les genres est associée à des facteurs raciaux, d’âge et de handicap qui renforcent encore cette inégalité et qui font que par exemple les femmes noires ou appartenant à une minorité ethnique sont confrontées à des discriminations plus importantes que les autres.
L’importance considérable des emplois précaires dans l’enseignement supérieur est un autre facteur essentiel de l’inégalité entre les genres : les femmes constituent en effet une part proportionnellement beaucoup plus élevée de cette main-d’œuvre au statut précaire, de travailleurs payés à l’heure, pour des emplois de court terme ou sans horaires fixes. Nous avons été proactifs en nous attaquant à cette discrimination grâce à une action importante menée sur la question des emplois précaires. Parmi les exemples de succès dans la défense de ce personnel précarisé, on peut citer les accords signés à propos du personnel payé à l’heure dans les universités de Bournemouth et Southampton Solent et les campagnes en cours à Oxford, Cambridge, Nottingham et Sheffield, ainsi que dans un certain nombre d’établissements de formation continue.
L’UCU s’emploie également à lutter contre les discriminations visant les travailleurs âgés, qui contribuent également à l’inégalité entre les genres. Tout comme les femmes plus jeunes sont davantage présentes dans les emplois précaires et mal rémunérés dans les universités et les collèges britanniques qui les confrontent à des choix difficiles quand il s’agit de fonder une famille, de même les femmes plus âgées sont davantage incitées à quitter leur emploi tout en ne pouvant bénéficier que d’une retraite inappropriée et à un moment ou les régimes de pension sont confrontés à des restrictions considérables. L‘UCU a mené campagne sur ces problématiques avec le Trade Union Congress (TUC). Tout comme d’autres syndicats au Royaume-Uni, l’UCU a opté pour une approche transversale de la situation d’inégalité des femmes, en mettant l’action sur la nécessité de comprendre et de relever le défi des principaux aspects de l’inégalité des genres en tenant compte de l’impact de facteurs tels que l’origine ethnique, l’âge et le handicap.
Un examen interne
Nous sommes également conscients que notre syndicat doit être un modèle des meilleures pratiques dans nos structures, nos formations, nos conseils et le soutien que nous apportons à différentes branches. 5 des 11 sièges du Comité exécutif national (le NEC) sont réservés aux femmes et le syndicat dispose également d’un conseil consultatif des femmes, qui est élu, et d’une conférence annuelle des femmes, qui conseillent et informent les différents comités sur les questions relatives au genre. 2 des 5 responsables nationaux élus pour 2017–2018 et 32 des 55 autres membres du Comité exécutif national sont des femmes. De plus, notre code de conduite pour nos propres réunions entend spécifiquement prévenir les comportements discriminatoires et sexistes chez nos membres. Les plus importantes sections universitaires tendent à avoir leurs propres responsables pour les femmes et/ou pour l’égalité, chargés de favoriser l’action menée pour les femmes membres des différentes sections.
En outre, la problématique du genre est une partie essentielle de la formation proposée aux responsables de section et aux militants : cette formation couvre les aspects du genre et de l’égalité dans la négociation collective, elle prévoit des études de cas sur les questions de harcèlement et porte aussi sur la pratique de l’égalité dans l’organisation des activités au niveau de la section. Les nouvelles initiatives de recrutement et de formation du syndicat entendent également soutenir les femmes et les inciter à adhérer au syndicat et à y jouer un rôle actif.
L’UCU croit que l’égalité est une valeur centrale et que nous devons en faire une réalité au sein de notre propre syndicat et dans les lieux de travail de nos membres. Cela n’est pas simplement justifié sur le plan économique, c’est aussi un élément essentiel pour la société, la citoyenneté et pour ceux que nous éduquons.
Le contenu et les avis exprimés dans ce blog sont ceux de son auteur et ne reflètent pas nécessairement la position officielle de l’Internationale de l’Education.