Les syndicats britanniques de l’éducation exhortent le gouvernement à prendre d’urgence en mains la pénurie grave d’enseignant(e)s, à la suite d’un rapport du Comité gouvernemental des comptes publics sur le corps enseignant.
Le Comité britannique des comptes publics (Public Accounts Committee, PAC) a affirmé que les écoles de toute l’Angleterre étaient en crise du fait que le Ministère de l’Education n’avait pris aucune mesure pour remédier à la pénurie d’enseignant(e)s.
NEU: « Charge de travail excessive et rémunération inadéquate »
« Le Comité des comptes publics a lourdement critiqué l’échec du gouvernement à assurer un nombre suffisant d’enseignant(e)s dans les écoles anglaises », a affirmé Kevin Courtney, Secrétaire général adjoint du National Education Union (NEU). Le gouvernement « se perd en futilités tandis que les réserves d’enseignant(e)s se consument » et a lancé une série de petites initiatives locales « qui ne sont pas de taille à remédier à l’ampleur du manque d’enseignant(e)s ».
Dans l’étude ‘ Retaining and Developing the Teaching Workforce', le PAC a vu juste en constatant que la charge excessive de travail et la rémunération inappropriée n’attiraient pas les candidats et éloignaient même des enseignant(e)s de la profession alors qu’on annonce plus d’un demi-million d’élèves en plus, reconnaît-il. Le financement insuffisant des écoles risque d’engendrer un contexte explosif où les classes de plus en plus nombreuses vont rendre la charge de travail encore moins soutenable pour les enseignant(e)s et les chefs d’établissement, a ajouté Courtney.
Besoin d’idées novatrices
« Plus inquiétant encore, le PAC craint que le Ministère n’ait aucune idée de la manière de contrer l’exode des enseignant(e)s chevronnés. » Il faut à présent des solutions audacieuses et novatrices, dont une remise en question radicale de la mesure dans laquelle les écoles doivent rendre des comptes et une augmentation du salaire des enseignant(e)s pour attirer davantage de diplômés, a poursuivi Courtney.
Appuyant la recommandation du PAC qui encourage le gouvernement à s’associer d’autres acteurs du secteur scolaire pour définir une charge de travail acceptable pour les enseignant(e)s, il a souligné que le NEU était prêt à totalement collaborer le gouvernement dans ce qui sera « un travail minutieux et complexe ».
NASUWT: Burn-out des enseignant(e)s
La Secrétaire générale de la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers (NASUWT) Chris Keates a également insisté sur le fait que « de nombreux organismes publics officiels ont déjà souligné le manque d’action efficace de ce gouvernement pour remédier à la crise grave de recrutement et de rétention des enseignant(e)s ».
Cette crise s’explique par « des charges de travail sans cesse croissantes, dues en particulier à un système de notation et d’évaluation oppressif et à la lourdeur des tâches administratives », ainsi qu’à « une rémunération peu compétitive, due à des années de coupes, d’écrêtements et de gels budgétaires », a-t-elle dénoncé.
L’épuisement professionnel des enseignant(e)s se manifeste par des niveaux croissants de mal-être mental et physique, ajoute Keates, mettant en garde contre la « colère et la frustration profondes qui règnent au sein de la profession ».
Perte d’expérience
Elle a ajouté que le PAC avait très justement mis en exergue les preuves sans équivoque que lui avait fournies la NASUWT, montrant bien que la cause première de la crise actuelle résidait dans le nombre d’enseignant(e)s qui quittent la profession, en emportant souvent avec eux/elles de précieuses années de savoir, de compétences et d’expertise.
« À moins que le gouvernement n’accepte les preuves qui se multiplient, ne prenne le taureau par les cornes et adopte des mesures pour réellement résoudre les problèmes qu’il a lui-même engendrés, la situation ne cessera de se dégrader », a-t-elle conclu.