La délégation syndicale enseignante à Conférence mondiale sur l’éradication du travail des enfants a réitéré la nécessité d’avoir des enseignant(e)s et des systèmes d’enseignement public de qualité pour éradiquer le fléau du travail des enfants.
La Conférence, qui se tient du 14 au 16 novembre, à Buenos Aires, en Argentine, a vivement déploré que 152 millions d'enfants dans le monde sont victimes d’exploitation par le travail. Quarante-quatre ans après l’adoption de la Convention 138 sur l’âge minimum d’admission à l’emploi, le constat demeure: si les lois et déclarations existent, l’engagement à les mettre en œuvre reste insuffisant.
Un investissement crucial des gouvernement dans un enseignement public de qualité
Les représentant(e)s de l’Internationale de l’Education, de l’Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes, de la Fédération internationale des ouvriers du transport et de la Confédération syndicale internationale ont rappelé au cours de la Conférence que l’éradication du travail des enfants ne se fera pas sans un investissement massif des gouvernements dans une éducation publique de qualité.
« Les projets de lutte contre le travail des enfants mis en œuvre par les syndicats d’enseignants montrent que des écoles de qualité, attentives aux besoins des enfants, sont le premier pas vers une réduction très importante de l’exploitation des enfants », a déclaré Hillary Yuba, déléguée du Progressive Teachers Union Zimbabwe. « On ne pourra pas éliminer le travail des enfants sans des enseignants bien formés, sans des écoles attractives. Dans nos projets, les enseignants sensibilisent les populations locales à l’importance de l’éducation, avec le soutien des autorités locales. Cette approche communautaire rend chacun responsable de la scolarisation de tous les enfants. Nous parvenons à faire comprendre que tout enfant non scolarisé est un enfant victime d’exploitation par le travail. »
L’éducation, clé de la lutte contre le travail des enfants
Si tou(te)s les intervenant(e)s à la Conférence mondiale sont d’accord pour souligner que l’éducation est la clé de la lutte contre le travail des enfants, les syndicats doivent constamment rappeler que cela passe par un enseignement public gratuit et de qualité.
« Nous devons à tout prix éviter une privatisation de l’éducation », a expliqué Noemi Tejeda, Secrétaire aux questions de santé et sécurité de la Confederación de Trabajadores de la Educación de la República Argentina. « Ce n’est pas aux entreprises de nous dire comment éduquer nos enfants ni ce qu’ils doivent apprendre. L’éducation ne doit pas se soumettre aux contingences de l’employabilité des jeunes, elle a pour vocation d’émanciper, de former des jeunes conscients de leurs droits, et notamment de leurs droits à un travail décent. Ce n’est pas en flexibilisant les marchés du travail que l’on va lutter contre le chômage des jeunes, mais en garantissant à tous et toutes la possibilité d’accéder à des emplois dignes. Une réforme des systèmes fiscaux est nécessaire pour une meilleure répartition des richesses, pour qu’une sécurité sociale permette aux plus pauvres d’accéder à des écoles de qualité et de poursuivre leurs études jusqu’à leur terme. »
Le manque d’éducation, Cheval de Troie des mouvements terroristes pour enrégimenter la jeunesse
Les ministres du Travail du Niger et de l’Afghanistan ont souligné à quel point le manque d’éducation était responsable de l’embrigadement des jeunes dans les mouvements terroristes. Le Ministre afghan du Travail Faizullah Zaki Ibrahimi a fait observer qu’« en Afghanistan, 50% du budget est consacré aux dépenses de l’armée, à peine 18% est consacré aux services sociaux, y compris à l’éducation et à la santé. Si nous pouvions investir davantage dans l’éducation, rendre nos écoles plus intéressantes et attractives pour tous, nous pourrions prévenir le recrutement des jeunes par les groupes d’insurgés. »
Gerardo Martinez, de la Confédération générale du Travail de l’Argentine et Vice-président de la Conférence mondiale, a rappelé au groupe des travailleurs/euses que les négociations préliminaires à la Conférence ont été ardues. « Des employeurs voulaient nous faire accepter que dans certains pays, le travail informel et le travail des enfants sont avant tout des questions culturelles, que nous devons donc accepter des étapes de transition avant de les éliminer. Au fil des réunions, nous sommes parvenus à évoluer vers une déclaration plus équilibrée ».
Kailash Satyarthi, Prix Nobel de la Paix: l’éducation des enfants, clé de la justice sociale et droit donnant accès aux autres droits
Insistant sur le fait que l’éducation des enfants est la clé de la justice sociale et constitue le droit qui ouvre la porte à tous les autres droits, Kailash Satyarthi, Prix Nobel de la Paix, a déclaré: « A peine 22 milliards de dollars seraient nécessaires pour atteindre l’éducation primaire pour tous les enfants de la planète. Cela représente quatre jours des dépenses militaires mondiales. Où sont dès lors les priorités ? Nous savons comment éradiquer le travail des enfants. Les solutions existent, elles ont été mises en œuvre avec succès à travers le monde. Elles passent entre autres par une lutte contre la discrimination envers les filles, un développement économique des femmes, des écoles où les filles se sentent en sécurité, l’engagement des leaders moraux et religieux envers l’éducation. Des approches comme les villages amis des enfants et les zones libres de tout travail d’enfant sont des outils puissants dans la lutte contre l’exploitation des enfants ».