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Australie: la crise de la formation professionnelle annonce une crise sociale

Publié 20 octobre 2017 Mis à jour 24 octobre 2017
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L’effritement du système de formation professionnelle australien, en partie dû à la privatisation, s’étend à présent à la société et compromet les perspectives d’avenir de la jeunesse.

Suite aux coupes budgétaires drastiques qui ont marqué cette dernière décennie en Australie, le programme de formation professionnelle du pays (TAFE: enseignement technique et post-secondaire) est en crise. Le nombre d’étudiant(e)s a chuté de plus de 25 % depuis 2012, tandis que le secteur TAFE a été particulièrement touché par les pertes d’emplois.

L’ Australian Education Union(AEU), un affilié national de l’Internationale de l’Education (IE), a inscrit cette question urgente à l’ordre du jour de sa conférence nationale réunie le 20 octobre dernier, intitulée L’avenir des établissements TAFE - nouvelle politique sociale. L’événement avait pour objectif de repenser le rôle du secteur TAFE à la lumière de « l’érosion des structures sociales au sein de la formation professionnelle en Australie».

Un secteur en ruines

Depuis ces dernières années, les systèmes TAFE sont littéralement exsangues: réduction du financement, licenciement de milliers d’enseignant(e)s, fermetures de campus, diminution des matières enseignées et augmentation des frais de scolarité, excluant les étudiant(e)s les plus nécessiteux/ses.

« Nous avons besoin d’une politique publique solide pour les établissements TAFE, qui permette au secteur de renouer avec son rôle social au sens large et de répondre aux aspirations des jeunes, de leurs communautés et des entreprises », a déclaré Pat Forward, Secrétaire fédérale de l’AEU pour le secteur TAFE. Elle a précisé: « Le financement adéquat de nos systèmes TAFE doit être le pilier fondamental de cette politique ». Il incombe au gouvernement australien de prévoir un financement suffisant de ces systèmes et de valoriser « le secteur TAFE en tant qu’institution publique indispensable à l’édification d’une société meilleure », a-t-elle ajouté.

Nouvelle recherche

La conférence a accueilli des universitaires et des chercheurs/euses, notamment Leesa Wheelahan, Professeure agrégée de l’Université de Toronto; le Dr Jim Stanford, Directeur du Centre of Future Workà l’ Australia institute; et le Professeur John Buchanan, Directeur du programme Business Analysticsà l’Université de Sydney, ainsi que plusieurs responsables politiques, enseignant(e)s et représentant(e)s syndicaux/ales.

C’est également à l’occasion de cette conférence qu’a eu lieu le lancement en Australie du rapport de Wheelahan et Gavin Moodie, Tendances mondiales au sein de l’EFPT: un cadre pour la justice sociale, commandité par l’IE.

Angelo Gavrielatos, Directeur de projet pour la campagne Réponse mondiale de l’IE à la commercialisation et à la privatisation de l’éducation, a mis en avant les points les plus importants de cette étude:

  • La diversité des structures et approches éducatives pour ce domaine de développement en rapide évolution.
  • La nécessité d’offrir aux étudiant(e)s une formation allant au-delà des opportunités d’emplois.
  • L’importance d’adopter une approche holistique pour les étudiant(e)s de l’EFPT.
  • L’impact négatif de la privatisation sur ce secteur.
  • Les bonnes pratiques, par exemple en Allemagne où le secteur de l’EFPT est entièrement financé et administré par l’Etat.
  • La nécessité d’offrir aux étudiant(e)s de l’EFPT des passerelles leur permettant d’accéder à l’enseignement supérieur s’ils/elles le souhaitent.

IE : l’EFPT n’offre pas de voies de transition en matière d’éducation

« L’EFPT est un secteur de développement crucial pour les deux-tiers des étudiants souhaitant d’autres perspectives que celles, plus académiques, offertes par les universités », a déclaré Susan Hopgood, Présidente de l’IE. « Le fait qu’ils assistent à des cours dont la gestion est souvent assurée par le secteur privé, situation mal vue par le monde académique mais comblant, de manière fort opportune, les lacunes dans les statistiques gouvernementales, doit faire l’objet de nouvelles recherches fondées sur des preuves, comme celle de l’IE consacrée à l’EFPT, afin de savoir exactement ce qu’il en est. »

Elle a ajouté que cette étude mettait en lumière l’utilité du secteur de l’EFPT mais que ce dernier ne répondait pas à sa promesse d’offrir des voies de transition pour l’ensemble des étudiant(e)s : « L’approche des capacités productives que propose le rapport amènerait les élèves de l’EFPT à acquérir des compétences non seulement dans leurs disciplines professionnelles, que ce soit la mécanique ou la coiffure, mais également dans le domaine de la citoyenneté, tout en leur permettant de développer un éventail plus large de capacités pour la vie. »