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Nicaragua: Un projet syndical relance l’engouement pour l’éducation

Publié 11 juin 2017 Mis à jour 22 août 2017
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Au Nicaragua, les activités menées par CGTEN-ANDEN pour créer une zone libre de tout travail d’enfants à La Dalia (département de Matagalpa) ont suscité un nouvel engouement pour l’éducation dans la région. 83 enseignants issus de 31 écoles ont reçu des formations sur des thèmes comme les techniques de communication et de négociation, les qualités de leadership, etc. Le syndicat a également fourni à certaines écoles un peu de matériel pédagogique (jeux, livres d'histoires, magnétophones) et du matériel pour décorer les classes.

« Grâce aux formations, j'ai appris à mieux communiquer avec les parents, souligne Marling Cardenal Averruz, enseignant à l'école primaire de Slilmalila. J'ai également mieux compris pourquoi il est important d'améliorer l'environnement de la classe. Le matériel reçu m'a permis de décorer la classe en compagnie des élèves. J’ai amélioré ma pédagogie grâce aux jeux que nous avons appris à utiliser lors des formations. J'ai aussi développé plus de contacts avec les responsables de la communauté qui entoure l’école. Ensemble, nous essayons d'aider les parents lorsqu’ils mentionnent des raisons qui les empêchent d'envoyer leurs enfants à l'école ». Plus aucun élève n’a abandonné l’école de Slilmalila depuis le commencement de ce projet, début 2016.

A l’issue des formations, les enseignants rendent visite au domicile des enfants en risque de décrochage scolaire pour les sensibiliser à l'importance de l'éducation. Ils notent dans des cahiers ce qui a été dit lors de chaque visite à domicile : engagement signé par les parents d’envoyer l'enfant à l'école, raisons expliquant un absentéisme, etc. « Les enseignants sont plus à l’aise pour convaincre les parents grâce aux formations, mais aussi parce que nous avons largement fait connaître l’existence du projet dans la région et son soutien de la part des autorités, note Bernarda López, coordinatrice nationale du projet au sein de CGTEN-Anden. CGTEN-Anden a développé des spots radio contre le travail des enfants qui sont largement diffusés sur les antennes des stations de radio locales. Nous avons aussi installé des panneaux contre le travail des enfants dans les écoles, distribué aux enseignants des casquettes et des sacs avec des messages en faveur de l’éducation ».

« Certains enseignants visitent au moins deux familles chaque semaine, même si les enfants de ces familles fréquentent les cours, poursuit Bernarda López. Ces enseignants ont compris que la communication directe avec les familles est très importante pour les élèves, et les parents sont reconnaissants en constatant cet intérêt des enseignants pour le bien-être de leurs enfants. Lors de chaque réunion mensuelle avec les parents organisée à l'école, les enseignants parlent d'un nouveau sujet lié au travail des enfants, à l'importance de l'éducation et des valeurs (respect de soi, non-violence ...) ».

Les enseignants forment des cercles pédagogiques

Des élèves d’écoles dont aucun enseignant n'a participé aux formations demandent à être transférés dans les écoles impliquées dans le projet : ils ont entendu que les classes semblent plus agréables, que les élèves jouent en apprenant, que les enseignants proposent des exercices plus intéressants. Des cercles pédagogiques ont donc été formés entre les enseignants qui ont suivi les formations de CGTEN-Anden et les autres afin d’augmenter la qualité de l'éducation dans chaque école. Dans quelques localités de la région de La Dalia, l'engouement en faveur de l'éducation suscité par ce projet a poussé le ministère de l'Éducation à ouvrir des centres d'alphabétisation pour adultes, en partie parce que les parents ont exprimé leur volonté de suivre et soutenir la scolarisation de leurs enfants.

Les directeurs de l'école de la Dalia rapportent une réduction des taux de décrochage scolaire et le retour à l’école d’ex-enfants travailleurs. « Un meilleur environnement et un meilleur enseignement augmentent le sentiment de bonheur des enfants scolarisés, explique Bernarda López. Les enseignants impliqués dans le projet se sentent mieux formés, ils sont donc plus enthousiastes dans leur travail quotidien. Ils nous ont dit qu'ils avaient besoin d'une formation supplémentaire sur la façon d'utiliser correctement de nouveaux matériels pédagogiques (tels que des puzzles), nous avons donc organisé quelques sessions complémentaires ».

Pour CGTEN-Anden, le développement de cette zone libre de tout travail d’enfants à La Dalia est un projet pilote. À plus long terme, le syndicat a l'intention de l'utiliser comme modèle pour d'autres projets dans d'autres régions du Nicaragua. Il a publié plusieurs articles et vidéos pour communiquer les succès de ce projet au sein de la communauté enseignante du Nicaragua.

Vous pouvez trouver plus d'informations sur les zones libres de tout travail d'enfant en cliquant ici.