Le 4e Congrès mondial de l'Internationale de l'Education, réuni à Porto Alegre Brésil, du 22 au 26 juillet 2004:
1. Rappelle que la demande d'enseignants est fonction du nombre d'enfants à scolariser, du taux d'encadrement, mais aussi de la durée de scolarisation et des objectifs de cette scolarisation.
2. Rappelle également que l'offre d'enseignants est fonction du nombre de postes financés par des fonds publics, mais aussi de l'attractivité de la position qui détermine à la fois le nombre, la qualité des candidatures et le maintien dans cette position.
3. Rappelle que la réalisation de l'Education Pour Tous (EPT) va entraîner dans les pays en développement le nécessaire recrutement de près de 30 millions de nouveaux enseignants dont le profil, la carrière et la formation doivent faire l'objet d'une particulière attention.
4. Rappelle que dans les pays industrialisés, on observe des phénomènes de pénurie d'enseignants qualifiés. Dans le même temps, le manque d'attraction de la profession enseignante et/ou de certaines disciplines dans plusieurs pays nord-américains et européens a déjà conduit certains pays à "importer" des enseignants de pays en développement, dont le recrutement tire vers le bas les conditions de vie et de travail des enseignants nationaux.
5. Rappelle que la pénurie d'enseignants et/ou le recours à des enseignants insuffisamment qualifiés, a de graves conséquences sur la qualité de l'enseignement qui demeure un enjeu majeur dans le contexte de la mondialisation et de la bataille politique pour la promotion du service public d'éducation.
6. Rappelle que la formation des enseignants est reconnue comme un élément important de la politique d'éducation dans la plupart des systèmes d'enseignement supérieur et une des clés du développement de la profession enseignante et des systèmes d'éducation au niveaux primaire et secondaire. Dans ce cadre, la généralisation du recours à des "enseignants bénévoles" ou à des "enseignants communautaires" ne garantit absolument pas l'exigence de qualité.
7. Prend note du fait que le VIH/SIDA réduit l'espérance de vie avec un impact désastreux sur l'offre d'enseignants dans certaines parties du monde.
Le quatrième Congrès mondial de l'Internationale de l'Education:
8. Demande au Bureau exécutif de: a. Faciliter les recherches sur les facteurs spécifiques à chaque pays qui sont à la base de l'épidémie et sur les meilleures pratiques pour combattre la maladie et pour le changement de comportements, dans le secteur de l'éducation en particulier. b. Développer des stratégies afin d'accroître le rôle de l'IE dans les régions en vue de soutenir les efforts des syndicats d'enseignants pour combattre la pandémie. c. Disséminer des informations et du matériel portant sur les meilleures pratiques concernant le plaidoyer, la sensibilisation, les droits des personnes vivant avec le VIH, les stratégies de traitements, de soins et de soutien. d. Examiner et relever le défi que représentent les orphelins du SIDA, les foyers dirigés par des enfants et les enfants vulnérables en général - et des moyens de former les enseignants pour traiter des ces questions. e. Développer des stratégies et des politiques sur les rôles et les droits des éducateurs à l'école concernant le VIH/SIDA.
9. Demande au Bureau exécutif, en étroite liaison avec ses organisations affiliées, dans le contexte de pénurie d'enseignants que connaissent les pays en développement où l'urgence des besoins peut rendre nécessaire le recours à une formation accélérée des enseignants, de réfléchir à quelles conditions une telle pratique pourrait être acceptée.
10. Considère que face à des situations d'urgence, notamment dans le cadre de la réalisation de l'Education Pour Tous, des solutions d'urgence peuvent être mises en oeuvre dès l'instant où elles sont le résultat de discussions et d'accords entre ministères de l'Education, syndicats d'enseignants, et éventuellement agences internationales de financement.
11. Considère toutefois que des dispositions favorisant les contrats individuels de travail à durée déterminée pour les enseignants au détriment de contrats de travail basés sur des accords collectifs, doivent être rejetés.
12. Considère également que l'évaluation du travail des enseignants, qui ne doit en aucun cas déboucher sur l'individualisation du salaire, est tout à fait acceptable dès l'instant où sa nature et son organisation sont le résultat d'accords professionnels entre partenaires sociaux.
13. Propose, comme contribution à la réflexion qu'une telle pratique puisse être instaurée à la condition que dans le même temps une formation complète soit donnée à un pourcentage à déterminer au plan national de nouveaux enseignants, afin de disposer d'un corps enseignant ayant toute compétence nécessaire pour orienter et diriger l'ensemble de la profession.
14. Propose également que les étudiants invités à suivre les programmes de formation accélérée soient choisis selon les mêmes critères que ceux qui recevront une préparation de type normal ou même selon des critères plus sévères, pour qu'ils soient à même de compléter leur formation ultérieurement.
15. Propose enfin que des dispositions et des facilités spéciales, y compris des congés d'études supplémentaires à plein traitement, soient accordées pour permettre aux enseignants qui ont reçu une formation accélérée de compléter leurs qualifications en cours d'emploi.
16. Mandate le Bureau exécutif pour prendre les initiatives appropriées au niveau international, en particulier avec les organisations intergouvernementales comme l'Organisation internationale du travail (OIT), l'UNESCO, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale, en vue d'attirer, de former et de maintenir dans la profession les jeunes les plus motivés.
17. Demande aux organisations affiliées d'engager les concertations nécessaires avec leurs ministères de tutelle pour que des efforts soient faits au niveau national afin de développer la viabilité et la qualité de la formation des enseignants d'une part et d'autre part de s'assurer que le recrutement et la formation des jeunes enseignants soient considérés comme des éléments majeurs de l'organisation des systèmes publics d'éducation.