Pourquoi vous êtes-vous personnellement investi dans cette campagne?
J’ai la ferme conviction que l’enseignement public a le pouvoir de transformer, et ce pouvoir peut avoir un impact sur chaque élève et sur le pays entier. Je suis convaincu que la qualité de l’éducation dispensée à un élève ne doit pas dépendre de la richesse de ses parents ou de l’endroit où il vit.
Chaque enfant doit avoir la possibilité de donner le meilleur de lui-même et de contribuer pleinement au développement durable et démocratique de la société. Telle est la clé pour créer un monde meilleur.
Quelle est votre opinion sur le déroulement de la campagne jusqu’à présent?
Nous sommes très fiers de cette campagne, elle a exercé un impact très important et bénéficié d’une très forte visibilité. Le sujet a largement mobilisé l’opinion publique, il attire une forte couverture médiatique et cela se voit au quotidien dans l’actualité. Mais nous ne voulons pas que l’on retienne de nous uniquement la qualité de notre campagne. C’est notre victoire qui doit marquer les esprits.
Depuis quand faites-vous campagne en faveur de la réforme Gonski?
Nous faisons activement campagne depuis avril 2010, date à laquelle le rapport Gonski a été mandaté par le gouvernement.
Décrivez une journée de travail « type »?
Suivant l’intensité de la période de campagne, ma journée commence par une lecture des médias tôt le matin, suivie de commentaires à l’intention des médias. Viennent ensuite les visites et les rencontres avec des affiliés de l’AEU, des politiciens ou d’autres intervenants; les rassemblements communautaires; des entrevues avec les médias, et d’autres fonctions en soirée... Le mois dernier, j’ai pris l’avion près de 25 fois. Cette semaine par exemple, je serai tous les jours dans une nouvelle ville et un nouvel Etat.
Quel serait le pire des scénarios?
Le parti conservateur pourrait remporter les élections en septembre et mettre un terme à la réforme Gonski. Il pourrait conserver le système déficient de financement actuel, établi en 2002, et qui attribue la plus grosse partie des fonds aux établissements privés. Ainsi, il perpétuerait la discrimination envers les enfants défavorisés et les priverait des ressources dont ils ont besoin, et auxquelles ils ont droit, pour bénéficier d’un enseignement public de qualité.
Quel serait l’impact financier de l’inaction?
Si le gouvernement fédéral et les gouvernements des Etats australiens ne parviennent pas à mettre en place la réforme Gonski d’ici le début de l’année prochaine, le financement des établissements publics connaîtra une baisse de 390 millions de dollars australiens en 2014 soit l’équivalent de 3.000 postes d’enseignantes et d’enseignants, selon une récente analyse budgétaire de l’AEU.
Comment les réformes Gonski permettront-elles de combler l’écart pour les élèves indigènes défavorisés?
Pour la première fois, les établissements scolaires recevront des fonds pour chaque élève indigène qu’ils accueillent. Plus la concentration d’élèves indigènes sera forte, plus les fonds seront importants. Cela permettra d’adopter des stratégies spécifiques qui seront profitables à ces élèves, que leur établissement se situe dans une zone métropolitaine, rurale ou isolée.
Dans quelle mesure l’AEU a-t-il été impliqué dans l’élaboration du rapport Gonski?
L’AEU n’a pas directement participé à l’élaboration de ce rapport, mais nous avons engagé une démarche de lobbying en sa faveur. Nous avons par la suite été plus largement impliqués et avons favorisé la collaboration entre parents, enseignantes et enseignants et directrices et directeursd’établissements dans tout le pays pour offrir leurs contributions dans le cadre du rapport. Au total, 6.200 des 7.000 contributions soumises l’ont été par le biais de notre campagne I give a Gonski.
Si la réforme est votée, comment les fonds seront-ils répartis?
Ce point n’a pas encore été clairement défini et les négociations se poursuivent dans tous les Etats, à l’exception de la Nouvelle-Galles du Sud. Le gouvernement a néanmoins indiqué que 14,5 milliards de dollars australiens supplémentaires seraient investis dans les établissements scolaires australiens ces six prochaines années, jusqu’en 2019. En moyenne, cela représente près de 1,5 million de dollars australiens par école, ou 4 000 dollars australiens supplémentaires par élève du pays.
Néanmoins, et ce point est crucial, les fonds alloués varieront en fonction de l’établissement. Les établissements ayant des besoins supérieurs, parce qu’ils accueillent des étudiant(e)s défavorisé(e)s, sont de plus petite taille ou se situent dans des zones isolées, se verront attribuer une enveloppe plus conséquente.
Quels nouveaux programmes pourraient être mis en place grâce à ce financement supplémentaire?
Pour les établissements locaux, le budget supplémentaire pourra être utilisé aux fins suivantes:
- Nouvelles méthodes ou méthodes d’enseignement améliorées: collaborer avec des spécialistes de la lecture, de l’écriture et du calcul ou mettre l’accent davantage sur le suivi des performances des élèves au quotidien, et intensifier les efforts dans les domaines qui ont le plus besoin d’aide.
- Davantage de programmes spécialisés: programmes de rattrapage en lecture ou en mathématiques, ou activités d’approfondissement pour les élèves doués.
- Davantage d’enseignantes et d’enseignants, d’assistantes et d’assistants et de personnel spécialisé: des conseillères et conseillers d’orientation, bibliothécaires, techniciennes et techniciens de laboratoire et spécialistes du langage pouvant mettre en place un large éventail de programmes scolaires, d’apprentissage et de soutien.
- Amélioration des ressources et des équipements: tableaux interactifs, ordinateurs et tablettes tactiles pour tirer parti du projet de réseau national haut débit (National Broadband Network).
- Nouvelles stratégies et ressources pour lutter contre le harcèlement et les violences à l’école et aider les enseignantes et enseignants à mieux gérer les comportements des élèves.