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L’AFT et la NEA sur le terrain

Outre le versement de plus de 10,2 millions de dollars dans la campagne – plus que tout autre syndicat – les membres de la NEA ont rejeté Issue 2 en descendant dans les rues, en frappant aux portes et en se mobilisant par téléphone. Avec un volontaire sur quatre, c’est l’OEA qui a recensé le plus grand nombre de volontaires parmi tous les groupes ou organisations ayant participé à cette campagne. Au cours des dernières semaines de cette campagne intense, la NEA a déployé 177 membres de son personnel et autres ressources, provenant de 22 Etats, afin de faire échouer Issue 2.

Les membres de l’AFT ont également participé au succès de cet effort. Sous la houlette de sa Présidente Sue Taylor, l’Ohio Federation of Teachers, constitua un partenaire de taille dans cette coalition au niveau de l’Etat, mettant tout en œuvre pour déjouer le projet. Le centre d’appels de l’affilié de l’AFT, le Cleveland Teachers Union, a également passé plus de 300.000 appels. Le slogan de la campagne était clair, concis et sans équivoque: Issue 2 est injuste, risqué et nous affecte tous.

La lutte contre Issue 2 s’est révélée être un véritable instrument de syndicalisation, stimulant les membres de la NEA et de l’AFT qui, auparavant, n’avaient jamais été véritablement impliqué(e)s en politique.

Ce vote a également envoyé un signal d’alarme et un avertissement aux décideurs politiques espérant marcher dans les pas du gouverneur Kasich.

« Ce vote témoigne clairement du fait que les habitants de l’Ohio ne resteront pas les bras croisés pendant que les décideurs politiques tiennent les employés du secteur public, qui travaillent dur, pour responsables d’une crise économique qu’ils n’ont pas provoquée », a déclaré Randi Weingarten, Présidente de l’AFT.

« Dorénavant, les décideurs politiques devront y réfléchir à deux fois avant de lancer des attaques politiquement motivées et injustes à l’encontre des travailleuses et des travailleurs du secteur public. Si l’on tourne le dos à la classe moyenne, il faut en payer le prix. », a souligné Van Roekel.

Les citoyens au secours des syndicats

En Ohio, les électeurs/trices ont réagi aux attaques politiques en prenant les choses en main. Ils/Elles se sont rassemblé(e)s pour former la coalition « Nous sommes l’Ohio », un groupement citoyen communautaire et bipartite destiné à arrêter le projet de loi. La coalition de militant(e)s a récolté plus d’un million de signatures dans le but de mettre en place un processus de veto citoyen. Avec ce référendum, également connu sous le nom de State Issue 2, c’est la première fois dans toute l’histoire des Etats-Unis qu’une question de protection des droits à la négociation collective est soumise aux électeurs/trices.

Le Président de la NEA, Dennis Van Roekel, a déclaré à propos de la loi anti-syndicale et anti-travailleurs: « Le mouvement syndical ainsi que les travailleuses et travailleurs américains sont menacés. Il est grand temps de contre-attaquer face aux efforts coordonnés et bien orchestrés visant à anéantir la négociation collective et à faire taire les travailleuses et travailleurs qui luttent contre le feu, enseignent à nos enfants, nettoient nos écoles, prennent soin des anciens et des infirmes, et assurent la sûreté de nos rues. »

Issue 2 a subi une lourde et humiliante défaite, en perdant à 61% contre 38,7%, lors d’un scrutin réunissant près de 3,5 millions d’électeurs enregistrés – battant ainsi tous les records de ces dernières années pour une année sans élections présidentielles. Le mérite de cette défaite revient avant tout aux syndicats, tels que l’OEA, qui ont mobilisé leurs membres, ainsi que leurs amis, leurs familles et leurs voisins et ce, en nombre record.

Le référendum sur le projet de loi sénatorial 5 a été organisé à la suite des élections de mi-mandat 2010, remportées par de nombreux Républicains au niveau fédéral, ainsi que dans de nombreuses capitales d’Etat à travers tout le pays. Au lendemain de cette élection, il apparaissait de façon évidente que les nouveaux dirigeants républicains prévoyaient un programme anti-syndical. Un jeu de pouvoir s’est immédiatement mis en place, entraînant une série d’attaques à l’encontre des droits des travailleurs/euses.

A l’instar de Boise (Idaho), d’Indianapolis (Indiana) ou encore de Madison (Wisconsin), Colombus (Ohio) est devenu le Ground Zero dans la lutte pour la protection des travailleurs/euses, et plus particulièrement des classes moyennes.

C’est grâce à une incroyable campagne de mobilisation, impliquant les citoyen(ne)s des quatre coins de l’Etat, que le projet de loi a pu être annulé. Plus de 10.000 volontaires ont réuni 1,3 millions de signatures afin que cette question puisse être soumise au vote. Ils/Elles ont ensuite travaillé sans relâche pour s’assurer que leurs familles, ami(e)s et voisin(e)s comprennent bien les différents enjeux. Ces volontaires étaient bien conscient(e)s que lorsque les enseignant(e)s sont entendu(e)s sur leur lieu de travail, ces derniers/ières sont mieux à même d’agir dans l’intérêt des enfants.

Le droit à la négociation collective directement menacé

Le projet de loi 5 de l’Ohio aurait profondément affaibli le droit à la négociation collective des fonctionnaires qui travaillent pour l’Etat, le comté, les autorités locales ou encore les circonscriptions scolaires. Les établissements publics d’enseignement supérieur ou encore les universités se seraient ainsi vus entièrement dépouillés de leurs droits. Ce projet de loi important et lourd de conséquences entendait mettre fin aux droits des pompiers et de la police de soumettre leurs conflits relatifs à la négociation des contrats à un processus d’arbitrage exécutoire, ainsi qu’au droit de grève pour tous les autres employé(e)s du secteur public.

A l’échelle nationale, le projet de loi 5 a constitué un effort stratégique majeur visant à priver les syndicats américains de leurs financements, notamment les quatre plus grands – la National Education Association (NEA), l’American Federation of Teachers (AFT), tous deux affiliés de l’IE, ainsi que le Service Employees International Union (SEIU), et l’American Federation of State County Municipal Employees (AFSCME) – qui représentent tous les syndicats du secteur public et qui soutiennent le parti démocrate américain, tant en termes de ressources financières qu’humaines.