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Internationale de l'Education
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La tempête parfaite : les mesures d’austérité et les réformes portent atteinte à l’égalité d’accès à l’enseignement au Royaume-Uni

Publié 24 septembre 2012 Mis à jour 13 août 2013
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La politique des « académies1 » réduit l’égalité d’accès à l’enseignement

Par ailleurs, le développement rapide des académies existantes - déjà plus de 1.500 au Royaume-Uni, soit environ 6% des établissements scolaires - constitue la pierre angulaire de la politique actuelle du gouvernement en matière de réforme éducative.

Cette politique privilégiant les académies représente une triple menace pour l’égalité d’accès à l’enseignement de qualité.

Primo, en raison de la création d’un système hiérarchisé à deux vitesses. Bien que le gouvernement ait invité l’ensemble des écoles primaires et secondaires à adopter le statut d’académie, il accorde la priorité à celles jugées « performantes » ou « remarquables » par les inspecteurs du Bureau des normes dans l’enseignement. Cette distinction entraînera l’émergence d’une minorité d’établissements scolaires, situés pour la plupart dans les quartiers privilégiés, attirant les enseignant(e)s les plus qualifié(e)s en raison des meilleures conditions de travail et des ressources appropriées qui leur sont offertes.

Secundo, en raison d’un programme de sélection « caché ». Le syndicat d’enseignants, la National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers (NASUWT), souligne que: « Les académies établissent leurs propres politiques d’admission. Bien que celles-ci n’aient pas encore le pouvoir d’opérer une sélection parmi les inscriptions, il apparaît déjà clairement que les élèves inscrit(e)s ne sont pas représentatifs/ives de leur communauté locale ».

Et enfin, en raison des coûts indirects pour les parents. Pour l’instant, les académies ne sont pas autorisées à exiger des droits d’inscription directs auprès des familles des élèves. Toutefois, celles-ci doivent s’attendre à des dépenses, notamment lorsque les académies instaurent le port de nouveaux uniformes, organisent certaines activités payantes ou demandent le paiement de diverses ressources pédagogiques.

Troisième et dernière composante de la « tempête parfaite »: un retour inacceptable et évitable à un système éducatif à échelons multiples, élitiste et inéquitable.

La tempête a déjà commencé.

Les membres des syndicats de l’éducation doivent s’unir davantage et s’exprimer d’une seule voix pour pouvoir y résister. C’est uniquement de cette façon que nous pourrons garantir un accès équitable et égalitaire au système éducatif, non seulement pour les générations actuelles, mais aussi pour toutes celles à venir

Les coupes budgétaires ciblées réduisent davantage l’égalité des chances

Alors que le secteur de l’éducation commence à ressentir les répercussions négatives de ces coupes budgétaires réalisées au niveau national, toute une série de projets spécifiques destinés à aider les personnes les plus nécessiteuses sont également menacés (tableau 2).

Il est clair que la réduction ou la suppression de ces programmes, sacrifiés sur l’autel de l’austérité, touche avant tout les élèves les plus défavorisé(e)s, comme l’illustre le cas des bourses de maintien aux études (EMA). En 2011, 76% des élèves âgés de 16 ans ayant achevé leur cycle secondaire inférieur et désirant poursuivre leurs études ont bénéficié d’une bourse EMA.

De manière significative, les mesures de protection du financement de nombreux projets ont été supprimées. Désormais, au lieu d’être directement alloués aux écoles par le gouvernement central, ces fonds sont intégrés aux budgets globaux des établissements scolaires par l’intermédiaire des autorités locales. En conséquence, ces programmes d’une importance cruciale risquent d’être sérieusement réduits, voire supprimés, dans la mesure où les dirigeant(e)s des établissements scolaires doivent s’atteler à d’autres problèmes engendrés par les coupes budgétaires réalisées à plus grande échelle.

A la fin de l’année 2011, le Secrétaire d’Etat britannique à l’Education, Michael Gove, déclarait: « Je confirme que je suis en mesure de protéger cette année les dépenses essentielles destinées aux écoles, aux centres pour enfants et à l’enseignement des 16-19 ans ».

Constat diamétralement opposé, le rapport Trends in Education and Schools Spending (Tendances en matière de dépenses consacrées à l’éducation et aux établissements scolaires), publié en octobre 2011 par l’Institut des études fiscales du Royaume-Uni, prévoit une baisse de 14,4% des dépenses prévues pour le secteur de l’éducation entre 2010/2011 et 2014/2015. Phénomène alarmant, il s’agit là de la plus grande diminution enregistrée depuis les années 1950, pour des données comparables (tableau 1).

Tableau 1: coupes budgétaires prévues dans l’enseignement public

Tranche d'âge   Coupes budgétaires prévues Primaire (6-10 ans) 75% des écoles verront leur budget amputé en termes réels en 2012 Secondaire (11-16 ans) 90% des écoles verront leur budget amputé en Cycle supérieur du secondaire (16-18 ans) termes réels en 2012 15,8% de diminution du financement entre 2011-2012 et 2014-2015

Selon une étude parallèle menée par le Universities and College Union (UCU), les diminutions des dépenses consacrées à l’enseignement supérieur associées à la récente décision gouvernementale de tripler les frais d’inscription des universités, à hauteur de 9.000 £ maximum, affecteront considérablement l'égalité d’accès à l’enseignement universitaire. L’étude prévoit également que, à l’horizon 2013/2014, les étudiant(e)s seront contraint(e)s d’apporter une contribution directe s’élevant à 47,2% du financement des universités, par le biais des droits d’inscription. Cette mesure fera peser sur les étudiants(e)s la plus lourde contrainte financière depuis les années 1890. De nouvelles statistiques publiées par le Universities and Colleges Admissions Service (UCAS) montrent une diminution de 7,6% du nombre de ressortissant(e)s britanniques se portant candidat(e)s pour obtenir une place à l’université en 2012. Nul ne s’en étonnera, ce sont les étudiant(e)s issu(e)s des familles ayant les revenus les moins élevés qui sont les plus touché(e)s.

L’impact négatif de ces coupes budgétaires sur l’égalité d’accès à un enseignement de qualité a été largement condamné. Christine Blower, Secrétaire générale du National Union of Teachers a expliqué que: « Si l’on souhaite offrir un enseignement de première qualité, il nous faut un financement approprié. Suspendre le financement par élève revient à trahir nos engagements vis-à-vis de l’avenir de nos enfants et de la jeune génération. »