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Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Déclaration de l'IE à la 37e Conférence générale de l’UNESCO-Paris, 11 novembre 2013

Publié 13 novembre 2013 Mis à jour 22 novembre 2013
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Madame la Directrice générale, Madame la Présidente du Bureau exécutif, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

L’Internationale de l’Education est heureuse de se joindre à l’UNESCO et à ses Etats membres pour définir l’avenir de l’éducation et engager un débat dans ce cadre. En tant que principale organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, l’UNESCO occupe une position stratégique pour promouvoir et défendre une vision plus large de l’éducation.

L’éducation est un droit humain fondamental, mais celui-ci ne cesse d’être compromis en raison de nombreux facteurs, tels que les impacts de l’inégalité, le manque de financement et, dans certains cas, l’absence d’engagement politique. C’est pourquoi l’Internationale de l’Education appelle au renouvellement des engagements en faveur de l’éducation de qualité gratuite et universelle, afin que celle-ci soit au centre de la nouvelle stratégie mondiale pour le développement.

Il incombe à chaque Etat de garantir à tous les individus le droit à l’éducation tout au long de leur vie. A cet égard, il convient de promouvoir et défendre une approche holistique de l’éducation de qualité et de l’apprentissage tout au long de la vie, englobant tous les niveaux de l’enseignement, à savoir l’éducation de la petite enfance, l’enseignement primaire, les deux cycles de l’enseignement secondaire, l’enseignement et la formation professionnels, l’enseignement supérieur, ainsi que la formation et l’alphabétisation des adultes.

Comme nous le savons, le droit à l’éducation va bien au-delà de l’accès à l’enseignement, de la rétention du personnel et de l’achèvement des études. Chaque être humain a droit à une éducation qui, comme le stipule la Déclaration universelle des droits de l’Homme, « doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de sa dignité, et renforcer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ». Cette dernière nous enjoint à garantir à tous les jeunes de ce monde, y compris aux plus marginalisés, l’accès à une éducation répondant à leurs besoins et à ceux de la société.

C’est pourquoi les plus de 30 millions d’éducatrices  et d’éducateurs membres de l’Internationale de l’Education unissent leurs forces dans le cadre d’une nouvelle campagne ayant pour objectif de défendre et de promouvoir une éducation de qualité pour toutes et tous.  Cette campagne intitulée Uni(e)s pour l’éducation: une éducation de qualité pour un monde meilleur a été lancée le mois dernier partout dans le monde.

Au travers de cette campagne, l’IE, ses organisations membres et ses partenaires, plaident en faveur d’une définition plus large de la notion de qualité, englobant à la fois tous les éléments du processus éducatif, notamment des programmes scolaires plus étendus, des établissements scolaires bénéficiant d’installations et de ressources adéquates, et un large éventail de compétences permettant aux jeunes et aux adultes de développer pleinement leur potentiel et d’apporter une contribution positive à la société.

Etendue sur une année entière, la campagne de l’IE met tout particulièrement l’accent sur trois piliers fondamentaux pour améliorer la qualité de l’éducation, en l’occurrence:

·         Des enseignant(e)s, un enseignement et un apprentissage de qualité;

·         Des outils pédagogiques de qualité, notamment les technologies de l’information et de la communication; et

·         Des environnements scolaires de qualité.

Ces trois principes incluent le droit pour chaque élève de recevoir un enseignement dispensé par une enseignante qualifiée ou un enseignant qualifié et bénéficiant du soutien dont elle ou il a besoin. Les enseignantes et enseignants réalisent les rêves de la jeunesse, filles ou garçons, et notamment celles et ceux en situation difficile, comme les réfugié(e)s. La formation et le recrutement d’enseignants qualifiés, de même que leur motivation et la poursuite de leur carrière dans l’enseignement, représentent des éléments essentiels pour garantir un accès égalitaire à l’éducation de qualité et doivent, pour cette raison, être au cœur de toute initiative visant à améliorer la qualité de l’éducation.

Améliorer la condition des enseignantes et enseignants et le statut de la profession enseignante est d’une importance cruciale. Nous ne pouvons ni admettre une déprofessionnalisation de l’enseignement, comme en témoignent le recrutement d’enseignants non qualifiés et l’engagement de professionnels qualifiés sous contrat à durée déterminée, ni réduire l’enseignement à une série de tests standardisés qui, selon les partisans, sont censés responsabiliser les enseignantes et enseignants, alors qu’ils portent préjudice à leur statut et à leur profession. La restriction de l’autonomie professionnelle et des droits syndicaux, dont la négociation collective, nuit au statut de la profession enseignante. Le dialogue social institutionnalisé et l’implication des enseignantes et enseignants et de leurs organisations syndicales dans l’élaboration des politiques en matière d’éducation doivent être garantis tant au niveau politique que dans la pratique.

Lorsque l’on s’efforce définir de nouveaux objectifs post-2015 pour l’éducation, il peut être tentant de se contenter de fixer des cibles précises et facilement mesurables dans le domaine de la lecture, de l’écriture ou du calcul. Mais une telle approche limite l’objectif plus large ainsi que le rôle et le potentiel transformateur de l’éducation, et est susceptible de contraindre les enseignantes et enseignants à enseigner uniquement en prévision des tests. Bien que l’alphabétisation et l’apprentissage du calcul soient nécessaires et fassent partie d’un ensemble plus large de compétences devant être acquises au travers de l’enseignement, ces matières sont loin d’être suffisantes, et notre vision de l’éducation de qualité doit aller au-delà de résultats scolaires limités et mesurables.

Forts de l’expérience tirée de la mise en œuvre du cadre actuel pour l’Education pour Tous et les Objectifs du Millénaire pour le développement, l’UNESCO et ses Etats membres jouent un rôle central dans l’élaboration de la stratégie post-2015 pour le développement et l’éducation. L’IE considère que ce processus représente une opportunité de mettre en place un cadre audacieux et ambitieux, ainsi qu’une occasion d’y inclure à bon droit l’éducation en tant que priorité et outil indispensable pour atteindre tous les autres objectifs pour le développement, tels que la santé, l’alimentation, l’égalité des genres et le développement durable, pour n’en citer que quelques-uns.

Il est absolument indispensable de renouveler les engagements et d’augmenter les investissements dans l’éducation.Les frais de scolarité et les coûts indirects de l’éducation demeurent les obstacles les plus importants à l’accès égalitaire à une éducation de qualité.En tant que bien public et droit fondamental, l’éducation doit être financée par les pouvoirs publics, avec pour objectif à long terme de prélever ce financement principalement sur les recettes fiscales nationales. Nous sommes dans l’obligation de garantir qu’à l’horizon 2030 plus aucun enfant ne sera exclu de l’éducation de qualité en raison de son coût.

Ni les organisations mondiales ni nos nations ne peuvent cautionner volontairement ou involontairement la mise en péril de l’avenir. Extraire cette génération et les suivantes de la pauvreté pour leur offrir la prospérité dépend impérieusement de l’éducation, pas uniquement pour une poignée d’individus et les nantis de ce monde, mais pour toutes et tous.

La communauté internationale doit aspirer à faire plus encore dans les quinze prochaines années. Nous comptons sur l’UNESCO et ses Etats membres pour renouveler leurs engagements en faveur de l’éducation de qualité, au travers d’une stratégie ambitieuse pour le développement et l’éducation post-2015 qui nous permettra de bâtir un monde meilleur par le biais de l’éducation de qualité.

Je vous remercie.

Fred van Leeuwen

Secrétaire général