Les rencontres du G8 et du G20, tenues la semaine dernière respectivement à Muskoka et à Toronto, au Canada), ont été marquées par une division politique et peu de décisions prises. Bien que les dirigeants du monde entier aient préalablement identifié l'éducation et la formation comme étant des éléments essentiels à une reprise post-crise, ils ne sont pas parvenus à prendre les mesures qui s'imposaient pour aller de l'avant.
La déclaration du G8 (voir http://g8.gc.ca/g8-summit/summit-documents/g8-muskoka-declaration-recovery-and-new-beginnings/) (en anglais) est axée autour du développement, de la sécurité alimentaire, du changement climatique, du commerce et des investissements, ainsi que sur la paix et la sécurité à l'échelle internationale. Elle s'engage à de nombreuses actions en faveur de la santé, en lançant « l'Initiative de Muskoka » – un accroissement du financement mondial visant à favoriser la réalisation du 4e objectif du Millénaire (OMD) pour le développement sur la mortalité infantile et le 5e OMD sur la santé maternelle. Elle soutient la relance du Fonds mondial pour lutter contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Cependant, contrairement au G8 de 2009, organisé à L'Aquila en Italie, la déclaration ne comporte aucune initiative en faveur de l'éducation, qui constitue pourtant l'un des éléments fondamentaux des objectifs du Millénaire pour le développement. Concrètement, la déclaration ne se réfère en aucune façon à la nécessité d'accroître le financement en faveur de l'Education pour Tous ( http://www.unesco.org/fr/efa), ni au 2e OMD associé, relatif à une éducation primaire universelle ou au 3e OMD sur l'égalité des sexes. Alors que ces rencontres se sont déroulées en pleine Coupe du monde de la FIFA, il est d'autant plus surprenant que la Campagne 1BUT ( http://www.join1goal.org/) largement plébiscitée par les dirigeants du G8, n'ait été mentionnée de quelque façon que ce soit. Le G8 a cependant poursuivi le processus de responsabilité au regard des engagements de financement des OMD, proposé par les Syndicats mondiaux, en mentionnant l'EPT dans une annexe :
Education
Lors du sommet de Kananaskis, le G8 a pris en main l'Education pour Tous – Initiative Fast Track – un partenariat mondial visant à accélérer la réalisation des objectifs et à délivrer une aide plus efficace en faveur de l'éducation. Le G8 soutient aujourd'hui la réforme Initiative Fast Track, qui promeut un partenariat plus efficace et orienté sur les résultats. Les mesures du G8 ont contribué à une amélioration considérable de l'éducation, et notamment à augmentation du nombre d'élèves scolarisés dans le primaire et le secondaire. Il reste encore beaucoup à accomplir, notamment dans certaines régions d'Afrique, où la crise financière mondiale a eu un impact particulièrement néfaste sur le financement de l'éducation. Lien (en anglais) : http://g8.gc.ca/wp-content/uploads/2010/06/mar_annex56.pdf
La déclaration du G20 (voir, en anglais, http://g20.org/Documents/g20_declaration_en.pdf) répond au besoin de revenir à la croissance, de réformer le secteur financier, de renforcer les institutions financières internationales (IFI) et de lutter contre le protectionnisme. Le secteur de l'éducation devrait s'inquiéter des mesures d'austérité annoncées dans la déclaration qui invite les pays avancés à réduire de moitié leur déficit d'ici 2013. L'IE se soucie également des questions qui semblent avoir été oubliées dans les conclusions finales du sommet. Tandis que le sommet du G20, qui s'est tenu à Pittsburg en septembre 2009, et la rencontre des ministres du Travail et de l'Emploi du G20, organisée en avril 2010, exhortaient les dirigeants mondiaux à adopter une stratégie au regard de l'éducation et de la formation, la déclaration adoptée la semaine dernière ne mentionne aucune étape concrète visant à mettre en œuvre une telle stratégie. L'une des annexes de la déclaration mentionne simplement :« Nous apprécions le travail fait par l’Organisation internationale du Travail, en collaboration avec l’OCDE, relativement à une stratégie de formation qui aidera à donner aux travailleurs les compétences requises pour occuper les emplois d’aujourd’hui et ceux de demain. »(Annexe 1, paragraphe 14). Ce manque de progrès laisse entrevoir une division politique de plus en plus marquée entre les dirigeants mondiaux. Ces derniers se montrent de moins en moins capables de prendre les décisions qui s'imposent pour sortir nos pays de la récession mondiale.
Au cours des prochains mois, l'IE portera toute son attention sur le prochain sommet du G20, qui se tiendra les 11 et 12 novembre 2010, à Séoul, en Corée du Sud. Les hôtes coréens ont proposé de placer l'éducation à l'ordre du jour et devraient inviter l'UNESCO à y participer. Nous allons mettre en place une campagne de l'IE ciblant le sommet de Séoul, étant donné qu'il se tiendra à la suite d'un certain nombre de conférences sur l'éducation, telles que le Sommet mondial sur l'EPT, en juillet 2010, et le sommet mondial des OMD, prévu au siège de l'ONU en septembre 2010. La leçon à tirer du Canada est la suivante : si nous voulons surmonter les divisions politiques sur l'importance de l'éducation pour une reprise post-crise, nous devrons nous imposer plus fortement auprès de nos gouvernements.
Pour de plus ample informations sur la campagne de l'IE liée à la crise financière, consultez notre site Internet www.ei-ie.org/handsup.
Découvrez également le blog de Bob Harris sur la rencontre entre les Syndicats mondiaux et le Premier ministre canadien Stephen Harper (en anglais): http://fundingeducation.blogspot.com/2010/07/g20-shrinking-agenda-how-canadian-host.html.