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Internationale de l'Education
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Graines d'espoir: implanter un réseau d'écoles vertes au Burkina Faso

Publié 29 mars 2010 Mis à jour 29 mars 2010
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Pour Ouedraogo Ousséni, l’éducation environnementale représente une passion. Enseignant à l’école communale C, à Kaya, dans le centre-nord du Burkina Faso, il a développé un projet de pépinière en 2000 avec ses élèves de 6ème année.

Il visait alors plusieurs objectifs : sensibiliser ses élèves à l’environnement, contribuer au reboisement de son pays, vendre des arbres pour amasser de l’argent afin d’acheter des articles scolaires et recycler des sachets en plastique pour la transplantation des arbres. Dix ans plus tard, tous les élèves de son école participent au projet environnemental « Une école, un bosquet ». Des plus petits qui arrosent les jeunes pousses et ramassent les sachets en plastique, aux plus grands qui sont responsables de planter des arbres dans la pépinière.

Alors, quand Ouedraogo a appris que son syndicat, le Syndicat national des enseignants africains du Burkina Faso (SNEA-B), organisait une session de formation sur l’éducation au développement durable avec la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), il s’y est inscrit avec enthousiasme, tout comme quarante enseignantes et enseignants qui font de l’éducation environnementale dans toutes les régions du pays.

En organisant cette session de formation à Ouagadougou, en décembre 2009, le secrétaire général du SNEA-B, Jean Kafando, a voulu faire un pas de plus en matière d’éducation environnementale en y ajoutant une nouvelle dimension, soit l’éducation au développement durable. « L’expérience de la CSQ est très enrichissante et nous sommes persuadés que le modèle des Établissements verts Brundtland (EVB), qui a été développé au Québec, peut être transféré au Burkina Faso », a-t-il affirmé.

Jean Robitaille, conseiller en éducation à un avenir viable à la CSQ, et René Prince, enseignant à Victoriaville, agissaient comme formateurs. Dès le début de la session, ils ont présenté l’école comme un outil de transformation sociale. « Il y a 60 millions d’enseignantes et d’enseignants dans le monde. Nous avons un pouvoir réel de changer les choses, car c’est beaucoup par l’éducation que nous pouvons modifier les comportements et améliorer la situation de l’environnement », a déclaré M. Robitaille.

Tous deux sont convaincus que le modèle des EVB peut être inspirant pour un pays comme le Burkina Faso. « Les valeurs dont on cherche à faire la promotion sont des valeurs universelles, soutient Jean Robitaille. L’écologie, la solidarité, la démocratie et le pacifisme sont des conditions essentielles au développement, particulièrement en Afrique. Si l’environnement est détérioré, par exemple, on peut difficilement imaginer que le Burkina Faso puisse se développer. Par conséquent, il y a urgence d’agir et d’éduquer les jeunes, parce que l’éducation est la première source du développement. »

S’appuyant sur la pédagogie de la conscientisation, le modèle des EVB propose une démarche en trois étapes : l’observation de la réalité, l’analyse de cette réalité, puis sa transformation.

Pour mettre en pratique une activité d’observation de la réalité, les participants ont été invités à faire un itinéraire de découverte. Le groupe a parcouru les rues entourant le centre de formation afin de repérer les enjeux du développement durable associés à trois thématiques : la société, l’environnement et l’économie.

Au cours de l’itinéraire, une enseignante, Ouedraogo Kadietou, a demandé à une petite fille pourquoi elle n’était pas à l’école en ce mardi matin. Celle-ci lui a répondu qu’elle n’allait plus à l’école depuis que sa tante était allée la chercher dans son village pour l’amener en ville. Depuis ce temps, elle travaille comme domestique pour sa tante.

De retour en plénière, Mme Kadietou a parlé de cette rencontre, ce qui a inspiré une activité pédagogique sur le droit à l’éducation et, plus spécifiquement, l’éducation des filles. Maïga Zéli, une enseignante du Sahel, a suggéré que les enseignants organisent un recensement des filles qui ne vont pas à l’école dans leur région en demandant aux élèves si leur petite sœur allait à l’école ou non. Par la suite, des actions pourront être menées pour rencontrer les parents et les inciter à inscrire leur fille à l’école.

Cette activité se retrouvera dans un guide d’activités pédagogiques destiné aux jeunes de l’enseignement primaire. En effet, les participants ont travaillé, pendant trois jours, à la production d’activités pertinentes pour les écoles burkinabés, en s’inspirant du guide qui avait été élaboré au Niger, l’année précédente.

De retour dans leur région, les enseignants se serviront de ce guide pour former chacun dix d’enseignants. Ensemble, ils seront responsables de créer un réseau d’écoles vertes Brundtland qui pourrait se joindre à celui du Niger, et s’étendre éventuellement au Mali dans l’espace sahélien.

Par Luc Allaire.

Cet article a été publié dans Mondes de l’Éducation, No 33, mars 2010.