Des enfants, le visage plein de poussière, peinant dans la fournaise des fours à briques, des enfants en costumes traditionnels dansant et chantant divinement, des enfants souriants marchant main dans la main avec leurs parents et leurs enseignants lors d’un rassemblement pour leurs droits. L'enfance a revêtu de nombreux visages à la Conférence internationale pour l'organisation et la défense des droits des enfants (International Conference For Child Rights Organisers and Campaigners), qui s'est tenue à New Delhi, en Inde, fin février.
Malgré les progrès récents, plus de 200 millions d’enfants dans le monde travaillent et se voient toujours refuser le droit fondamental d’aller à l’école, d’apprendre et de jouer, d’avoir une enfance. C’est pourquoi plus de 200 activistes et experts venus des quatre coins du monde se sont réunis pour partager leurs connaissances et élaborer des stratégies afin d’éradiquer le travail des enfants. La conférence était une initiative conjointe du mouvement mondial pour le travail, mené par l’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois, afin de sensibiliser aux droits des enfants et au rôle des syndicats dans l'éradication du travail des enfants. En qualité de Secrétaire générale de l’IBB, Anita Normark a déclaré : « Les syndicats ont toujours mené le combat contre le travail des enfants et leur engagement pour mettre fin à ce fléau demeure plus déterminé que jamais. À travers leur action en faveur d’un enseignement universel, obligatoire et de bonne qualité ainsi que leur lutte contre l’exploitation et la discrimination quelles qu’elles soient dans le monde du travail, les syndicats resteront au cœur de la lutte mondiale pour l’abolition du travail des enfants et pour leur présence à l’école. Un travail décent pour chaque adulte jette les bases de l’abolition du travail des enfants. »
Le Secrétaire général de l’IE, Fred van Leeuwen, et S. Eswaran, membre du Conseil d’administration de la Fédération des enseignants de primaire d’Inde (AIPTF) se sont également adressés aux délégués. Fred van Leeuwen a déclaré que « les droits des enfants ne concernent pas seulement leur travail, mais également les abus qu’ils subissent, leur trafic, leur santé, leur sécurité et leur éducation ». Stavri Liko, du syndicat des enseignants albanais FSASH, et Trudy Kerperien, Secrétaire internationale de l’AOb, Pays-Bas, ont tous deux présenté les programmes des syndicats d’enseignants en cours en Albanie et au Maroc pour lutter contre le travail des enfants.
Selon M. Liko, en Albanie environ 40 000 enfants travaillent dans le secteur du textile et de la chaussure, dans la construction et dans l’agriculture. Les syndicats d’enseignants albanais, le FSASH et le SPASH, s’efforcent tous deux à contribuer à la réduction du nombre d’enfants abandonnant l’école. Cela concerne plus de 1 500 enseignants avec 4 200 élèves. Ainsi, ces deux dernières années plus de 1 200 élèves sont retournés à l’école et ne risquent plus d’abandonner leurs études.
Trudy Kerperien a été émue par la visite de l’IBB dans une école de transition à Agra qui aide les enfants travaillant dans les fours à briques à retourner progressivement vers l’enseignement général. « Il est merveilleux de voir à quel point ces enfants ont envie d’apprendre », a-t-elle déclaré. « Vous pouviez voir l’évolution du point de vue de l’enseignement et de l’industrie. Cela m’a ouvert les yeux sur le travail que nous pouvons accomplir ensemble en tant que syndicats. »
Elle a affirmé avoir réappris que la lutte contre le travail des enfants est inextricablement liée au mouvement pour un enseignement public de qualité et à la lutte en faveur de conditions de travail décentes pour les adultes. Si les écoles publiques sont accessibles à tous et que l’enseignement y est d’excellente qualité, davantage d’enfants apprécieront d’y apprendre et moins abandonneront leurs études. Et si leurs parents ont des emplois décents, moins d’enfants seront contraints de se mettre au travail du fait de leur extrême pauvreté.