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Internationale de l'Education
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Tanzanie : La recherche syndicale met l'accent sur les enseignant(e)s

Publié 23 septembre 2005 Mis à jour 23 septembre 2005
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La recherche indépendante sur les questions d'éducation reste un domaine à explorer par de nombreuses affiliées de l'IE. Or, pour les syndicats d'enseignants qui ont investi dans cette voie, elle s'est avérée être un outil déterminant lors des discussions avec le gouvernement sur les meilleurs moyens de garantir l'éducation de qualité. La recherche indépendante fournit aux syndicats des données prouvées scientifiquement, qui peuvent appuyer leurs revendications. Le syndicat Tanzania Teachers' Union (TTU) a récemment mené une étude sur les conditions de vie et de travail des personnels enseignants en Tanzanie. Les résultats de cette étude ont permis au syndicat d'élargir le débat national, qui était cantonné à l'augmentation des inscriptions dans l'enseignement primaire, afin d'évoquer les meilleurs moyens d'atteindre une éducation de qualité dans le pays.

La gratuité de l'éducation primaire, instaurée en 2002, a conduit à une hausse spectaculaire des inscriptions. La Tanzanie a réalisé des progrès majeurs dans l'accès à l'éducation. Il est prévu que, d'ici à 2006, tous les enfants en âge scolaire seront inscrits dans une école primaire.

Quid de l'impact sur les enseignant(e)s?

L'action du gouvernement tanzanien a reçu les plus grands éloges sur le plan tant national qu'international. La ministre norvégienne de la Coopération au développement a publiquement félicité le gouvernement tanzanien pour avoir rendu l'éducation plus accessible. Pourtant, ceux qui ont salué les réalisations de la Tanzanie n'ont fait aucun commentaire sur l'impact que le programme gouvernemental a eu sur les personnels enseignants ou sur la qualité de l'éducation dispensée aux nouveaux élèves. La quantité a pris le pas sur la qualité. Et c'est la quantité, et non la qualité, qui a été la préoccupation du gouvernement tanzanien et des autorités internationales.

Les travaux de recherche du TTU décrivent une réalité bien éloignée de l'image positive véhiculée par les autorités tanzaniennes. Ils montrent clairement la situation désastreuse du corps enseignant et la mauvaise qualité de l'éducation.

L'étude déplore les bas salaires, les lourdes charges de travail et un manque de respect envers la profession enseignante, qui étaient insoupçonnés jusqu'alors dans la société tanzanienne. Il ressort qu'en ignorant les besoins des enseignants, les autorités éducatives provoquent la détérioration de la qualité de l'éducation.

Ted Mhagama, haut représentant du ministère de l'Education, reconnaît que les salaires des enseignants ne sont pas à la hauteur d'autres professions. Les comptables, cadres de banque, médecins et avocats gagnent jusqu'à 4000 US$ par mois. Le contraste est saisissant avec les enseignants du secondaire qui ne gagnent quelque 150 US$ par mois et les instituteurs dont le salaire mensuel n'atteint même pas les 80 US$.

Déclin du statut de l'enseignan(e)t

L'étude révèle également que l'enseignement est le "dernier recours" pour de nombreuses personnes qui optent pour cette profession. Cette attitude représente un changement majeur dans la société tanzanienne car en 1990, une étude indiquait que beaucoup d'enseignants avaient choisi cette profession "pour construire la nation".

L'étude du TTU indique que "plus de 40% des enseignants affirment qu'ils ne conseilleraient pas à leurs enfants de prendre la relève". Bon nombre d'entre eux avouent qu'ils sont devenus enseignants après avoir tenté en vain de trouver un emploi dans d'autres secteurs.

Le manque de qualifications de nombreux instituteurs est extrêmement préoccupant. Près de la moitié des instituteurs n'ont pas une formation officielle supérieur à celle de leurs propres élèves. La formation continue est particulièrement cruciale mais, d'après l'étude, rien n'est fait pour développer et faire avancer la carrière professionnelle des enseignants.

Les recherches portent aussi sur le lien important entre les objectifs de l'Education Pour Tous et l'impact du VIH/SIDA sur l'éducation et l'apprentissage.

Un enseignant constate: "Le VIH/SIDA nous a apporté beaucoup de problèmes. Si un enseignant s'absente pour une longue durée, ses cours sont attribués aux autres, créant ainsi une surcharge de travail. Une autre précise: "Nous avons dans cette école plus de 100 élèves orphelins. Ils ont non seulement besoin d'aide matérielle, mais aussi d'affection. J'essaie de faire de mon mieux, mais ce n'est pas toujours possible".

Le manque de logements, les retards dans les paiements de salaires et les déplacements viennent encore s'ajouter aux difficultés rencontrées par les personnels tanzaniens. Le récent Congrès du TTU a examiné en profondeur les meilleurs moyens de surmonter ces défis et de mettre en place une série d'initiatives.

Cette importante étude a permis au TTU de placer des questions fondamentales au coeur du débat public. Elle a fait progresser le TTU et prouve de façon éclatante à toutes les affiliées de l'IE l'importance de réaliser des recherches indépendantes.

Pour télécharger un exemplaire de cette étude, veuillez consulter: www.hakielimu.org