Les syndicats d'enseignants ont vivement réagi face à la proposition du Gouvernement de mettre fin à la loi qui avait bloqué la création de nouvelles grammar schools, et réclament des mesures destinées à empêcher que les enfants pauvres ne soient pas pénalisés.
Les grammar schools sont des écoles publiques secondaires qui sélectionnent leurs étudiant(e)s par le biais d’un examen d’entrée que les enfants passent à l’âge de 11 ans. Il existe seulement 163 g rammar schools en Angleterre parmi les 3.000 établissements publics secondaires et 69 autres g rammar schools en Irlande du Nord. Cette loi interdisant la création de nouvelles grammar schools date de 1998.
Dans le cadre du système des g rammar schools, les étudiant(e)s qui sont admis à l’examen d’entrée peuvent aller à leur grammar school locale, alors que celles et ceux qui y échouent se dirigent vers la secondary modern school. Au Royaume-Uni, le système le plus répandu est celui des comprehensive schools dans lesquelles des étudiant(e)s de toutes compétences et aptitudes sont regroupé(e)s.
NUT: proposition sans effet positif pour la société et le bien-être des enfants
« Promouvoir les g rammar schools comme étant l’option académique d’excellence et conférer ainsi un second rôle à toutes les autres écoles, témoignent d’une politique rétrograde », a déclaré Kevin Courtney, Secrétaire général du National Union of Teachers(NUT). Son commentaire se référait au document de consultation concernant les g rammar schools publié par le Gouvernement, « Schools that work for everyone ».
Le recrutement et la rétention d’enseignant(e)s se situe à un niveau dangereusement bas, les évaluations sont confrontées à de sérieux problèmes; en outre, l’insuffisance des fonds alloués aux écoles affecte la qualité et la gamme d’expériences pédagogiques que les enseignant(e)s peuvent offrir aux étudiant(e)s, a-t-il ajouté.
Processus de sélection
Reconnaissant que la sélection avantage les familles de classe moyenne pouvant payer les frais de scolarité et se permettre de donner des cours supplémentaires à leurs enfants dans le but de réussir l’examen d’entrée, Courtney a ajouté que les enfants aux besoins éducatifs spécifiques et souffrant de handicap seront défavorisés en particulier. Il a ajouté que cette proposition remettra en cause les progrès accomplis au cours de décennies de travail sur le développement d’écoles inclusives qui valorisent et louent les résultats probants de tous nos enfants.
En outre, pour chaque enfant admis à la sélection d’entrée à une grammar school, trois ou quatre enfants sont rejetés et ce sentiment d’« échec » à si jeune âge peut avoir une incidence importante sur l’estime de soi et sur le sens de leur propre valeur de nos enfants, a déclaré Courtney. Il a exhorté le Gouvernement à trouver des « moyens pour atténuer la pression exercée par cette culture d’usine a examens scolaires, et non pas en rajouter ».
Mobilité sociale
La mobilité sociale ne s’obtiendra pas au moyen d’une éducation sélective, a-t-il déclaré en faisant référence à l’un des rapports Sutton Trust qui révèle que moins de trois pour cent de nouveaux/elles inscrit(e)s aux grammar schools ont droit aux repas scolaires gratuits, tandis que de nombreux chefs d’établissements sont préoccupés par le fait que les enfants issus de familles de classe moyenne se font aider en vue de réussir l’examen d’entrée.
Soulignant que les g rammar schools ne sont rien de plus qu’un simple replâtrage, il a appelé le Gouvernement à prendre du recul, à examiner impérativement les éléments indispensables à la garantie d’une éducation que tous les enfants méritent, adopter une autre approche à la place et investir les 50 millions de livres Sterling destiné aux g rammar schools dans les enseignant(e)s et fournir une éducation de haute qualité et une bonne école locale à chaque enfant.
NASUWT: « détourner » l’attention pour résoudre les crises de l’éducation
La National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers( NASUWT) n’est pas d’accord avec la proposition visant à autoriser la création de nouvelles grammar schools.
« Les propositions du Gouvernement visant à supprimer les obstacles destinés à sélectionner les étudiantes et étudiants en fonction de leurs compétences, de leur aptitude et de leur religion détournent l’attention des réels défis et des crises qui existent dans notre système d’éducation », a déclaré Patrick Roach, Secrétaire général adjoint du NASUWT. « La pénurie d’enseignantes et d’enseignants, le manque de places scolaires et le manque d’argent sont le résultat d’années de coupes budgétaires et d’austérité dans le secteur public. »
Le projet de réforme sur la sélection consiste à accorder des privilèges à quelques-uns, plutôt que de résoudre les problèmes d’inégalité et d’exclusion sociale qui détruisent la vie des enfants et des jeunes dans tout le pays, a-t-il évoqué au Congrès des Trades Union Congress le 14 septembre dernier.
Litanie de défis
Ces propositions de réforme détournent l’attention sur l’incapacité du Gouvernement à mettre fin à l’emploi précaire et les bas salaires, la discrimination, les préjugés raciaux et la haine dans nos rues, le problème des sans-abris, le manque de logements à prix abordables, le manque d’investissements adéquats dans la formation de haute qualité, des compétences et des emplois décents, a-t-il souligné.
Il est temps que le Gouvernement s’engage dans la vision et les valeurs d’une éducation générale qui garantit l’égalité des chances et des droits pour tous les enfants, qui constitue le socle des valeurs communes partagées par la société, l’inclusion, le respect mutuel et la compréhension, a-t-il déclaré. « Nous devons exiger un meilleur accord en faveur de tous nos enfants. »
Inégalités scolaires
Chris Keates, Secrétaire générale de la NASWUT a déclaré que le Premier Ministre devrait s’atteler à lutter contre les causes profondes des inégalités en terme d’opportunités éducatives, léguées par son prédécesseur.
Les politiques de l’éducation du Gouvernement de coalition précédant maintenues par le Gouvernement actuel, ont contribué à la forte progression d’une sélection sous le couvert, ciblant souvent des enfants issus de familles démunies, a-t-elle déclaré. « L’accès à l’éducation pour certains enfants et jeunes basée sur la capacité de payer de leurs parents est un constat flagrant. »
Keates a mis en évidence que plus de trois millions d’enfants au Royaume-Uni vivent dans la pauvreté, un facteur déterminant dans la réussite scolaire. Ils sont confrontés au quotidien à la dure réalité des coupes budgétaires dans l’aide sociale, les services spécialisés et le soutien, les bourses scolaires et les effets plus étendus de la récession.
« Les valeurs et la philosophie d’un service public d’éducation qui devrait garantir et fournir des droits à tous les enfants et aux jeunes pour leur permettre l’accès à une éducation de haute qualité, ont été sérieusement mises en danger », a-t-elle déclaré.