« Un autre monde est possible grâce à un enseignement public pour toutes et tous gratuit, universel et de qualité ». Tel était le message clé lancé par la communauté éducative à l’occasion du Forum social mondial 2016 qui s’est tenu du 9 au 14 août à Montréal, au Canada.
Les affiliés québécois de l’Internationale de l’Education (IE), à savoir la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université, la Fédération du personnel professionnel des universités et de la recherche, et la Fédération Nationale des Enseignantes et Enseignants du Québec, ont inauguré le premier comité autogéré Espace éducation lors du Forum social mondial (FSM) 2016. Il s’agissait d’un espace ouvert propice à l’analyse et au dialogue entre les syndicats de l’éducation, les associations d’étudiants et d’autres parties prenantes de la société civile, autour des grandes questions qui concernent le secteur de l’éducation. En collaboration avec des membres provenant de plus d’une vingtaine d’affiliés, l’IE a contribué à faire valoir le point de vue des syndicats, et a aidé à mettre en place des plateformes solidaires d’action politique.
La privatisation, une menace
L’implication grandissante du secteur privé dans le financement, la gestion et la réglementation de l’éducation a été passée au crible. Ses conséquences négatives sur la gouvernance, le financement et l’offre d’un enseignement pour tou(te)s public et de qualité ont fait l’objet de vifs débats au sein de l’Espace éducation.
D’éminents universitaires se sont joints à l’IE lors de la table ronde intitulée Education mondiale: philanthropie, commerce et rôle évolutif des gouvernements. Le chercheur Curtis Riep, le professeur Prachi Srivastava et le docteur Antonio Omedo ont révélé le rôle croissant des acteurs non publics dans les systèmes politiques contemporains en réseaux, en insistant particulièrement sur la philanthropie orientée par le marché, les partenariats public-privé et l’essor mondial de l’éducation à but lucratif soutenue par le secteur privé.
Certaines inquiétudes ont été exprimées au regard du manque de transparence et de responsabilisation de ces acteurs non publics, qui entraîne des répercussions sur la prise de décision démocratique, redéfinit le travail du secteur public et oriente les agendas de l’éducation à l’échelle mondiale au profit des entreprises privées. La standardisation croissante de l’éducation en vue de constituer une réserve de main-d’œuvre pour satisfaire les intérêts des entreprises a également fait l’objet d’un débat animé.
Réponse mondiale
L’IE a également participé à d’autres tables rondes. Elle a notamment présenté une étude de cas sur les entreprises qui tentent de tirer profit de la privatisation de l’éducation au cours de l’atelier de discussion organisé par l’ American Federation of Teachers(AFT) et intitulé Stratégies capitales centrées sur l’éducation, ainsi que lors de la table ronde organisée par la CSQ et intitulée Réponse à la privatisation et à la marchandisation de l’éducation et du savoir.
Les participant(e)s ont discuté des stratégies à mettre en place afin de faire face aux conséquences du choix et de la concurrence, qui conduisent à la marchandisation du savoir, creusent les inégalités, favorisent la ségrégation dans le secteur de l’éducation, et entraînent une déprofessionnalisation de l’enseignement. Une attention particulière a été accordée au besoin pour le mouvement syndical de redoubler d’efforts afin de renverser les tendances inquiétantes qui se manifestent au regard du travail précaire.
Reconnaissant la nécessité d’une base de revenus appropriée pour la réalisation d’un enseignement pour tou(te)s public et de qualité, l’importance de la justice fiscale avec en toile de fond les preuves inquiétantes d’évasion et de fraude fiscale des entreprises a résidé au cœur des discussions.
Les organisations membres de l’IE ont également dirigé ou participé à d’autres ateliers de discussion tels que: Compter sur les fonds spéculatifs, les banques et les millionnaires pour le bien de nos communautés(AFT), Les syndicats d’enseignants dans la lutte contre le racisme au sein des écoles et de la société(Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft-GEW, Allemagne), et Mettons un terme au travail des enfants et laissons-les apprendre(GEW).
Contexte
Le FSM, le plus grand rassemblement de la société civile, a été initié en 2001 à Porto Alegre (Brésil), afin de protester contre la mondialisation néolibérale. Sous le slogan Un autre monde est possible, il incarne la transformation d’un mouvement croissant de protestation mondiale en un forum de discussion sur les alternatives possibles. L’éducation, en tant que condition fondamentale au dialogue et à la paix, joue un rôle prépondérant au sein de ce mouvement.
Cliquez ici pour lire dans son intégralité la déclaration du comité Espace éducation à l’occasion du FSM.