Les responsables des organisations d’Afrique de l’Est affiliées à l’Internationale de l’Education se sont rassemblés à Kampala, en Ouganda, afin de coordonner leur réaction à la commercialisation et privatisation croissantes de l’éducation à travers tout le continent.
Les responsables des syndicats affiliés à l’Internationale de l’Education (IE) du Burundi, du Kenya, d’Ouganda, du Rwanda, de Tanzanie et de Zanzibar ont partagé leurs expériences nationales et amélioré leurs connaissances à propos de la réponse globale de l’IE à la commercialisation et privatisation croissantes de l’éducation. La réunion s’est tenue les 15 et 16 mai à Kampala et était sponsorisée par le Danish Union of Teachers.
Campagnes nationales
Les participant(e)s en ont conclu que la commercialisation et la privatisation de l’éducation représentaient les menaces les plus importantes à la réalisation de l’objectif de développement durable (ODD) 4: « Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ». Ils/Elles se sont engagé(e)s à retourner chez eux/elles avec une détermination renouvelée pour développer et mettre en œuvre des campagnes nationales visant à exposer et inverser les politiques gouvernementales qui autorisent, facilitent et encouragent la commercialisation et la privatisation de l’éducation. Un objectif clé de ces plans de campagne nationaux sera d’assurer que les gouvernements mettent en œuvre et appliquent le cadre législatif nécessaire pour protéger et faire progresser les droits de tou(te)s les élèves à bénéficier d’un enseignement public de qualité et gratuit.
KNUT: Inégalité de la privatisation
« La privatisation est un cancer qui doit être retiré d’Afrique », a déclaré Wilson Sossion, Secrétaire général du Kenya National Union of Teachers et Président du Comité régional africain de l’IE. « Elle représente un affront aux droits des enfants. Elle entraine et aggrave les inégalités. »
UNATU: La commercialisation est un « virus »
Cet avis a été relayé par Juliet Wajega, Secrétaire générale adjointe de l’ Uganda National Teachers’ Union. Elle a déclaré que la commercialisation de l’éducation était un « virus » qui dévorait l’éducation en Ouganda et l’empêchait de réaliser l’ODD 4, un prérequis nécessaire à la réalisation de tous les objectifs de développement durable. « En tant que syndicat d’enseignants, nous devons nous mobiliser pour encercler et paralyser ce virus jusqu’à son extermination. »
TTU: Construisons des alliances
Yahaya Msulwa, Secrétaire général du Tanzania Teachers’ Union, a reconnu l’ampleur du défi et l’influence d’acteurs mondiaux de poids qui organisent cette commercialisation de l’éducation. Il a rappelé aux responsables qu’ils devaient construire des alliances avec des acteurs de l’éducation partageant la même vision et des centres de travail nationaux afin de renforcer leur capacité à faire campagne en faveur d’un enseignement public de qualité et gratuit pour tou(te)s.
ZATU: Sous-financement de l’enseignement public
Les discussions se sont également concentrées sur la nécessité pour les gouvernements de remplir leur obligation de financer de façon correcte et adéquate l’enseignement public. Dans de trop nombreux cas, les écoles publiques sont privées de ressources, ce qui les encouragent à céder aux sirènes de la privatisation. Daud Mussa Tafurwa Omar, Secrétaire général du Zanzibar Teachers’ Union, a déclaré: « Le problème est que l’enseignement public est sous-financé. Dès lors, les infrastructures sont mauvaises et le matériel d’enseignement et d’apprentissage est en insuffisance dans les écoles. Les enseignantes et enseignantes ne sont pas présents en nombre suffisant dans les écoles. »
Manque de volonté politique
Les responsables syndicaux/ales ont rejeté les arguments selon lesquels il n’y a pas assez d’argent pour financer une éducation de qualité pour tou(te)s. Ils ont plutôt identifié un manque de volonté politique sur cette question. Ils/Elles ont été choqué(e)s d’apprendre que les nouvelles statistiques publiées par Oxfam International montrent qu’un montant supérieur aux aides reçues quitte l’Afrique en toute illégalité.
Angelo Gavrielatos, directeur de programme pour la Réponse globale de l'IE a souligné que les échappatoires fiscales et les paradis fiscaux devaient être stoppés. « La communauté internationale doit agir afin de mettre fin à ce fléau qui prive les enfants africains des ressources dont ils ont besoin et qu’ils méritent », a-t-il déclaré. L’évasion fiscale appauvrit l’Afrique de la source de revenus nécessaire à la fourniture d’un enseignement public de qualité pour chaque enfant.