Dans ce pays enlisé depuis cinq ans dans le conflit, 2,1 millions d’enfants syriens ont perdu leur école, tandis que 700.000 autres ont trouvé refuge à l’étranger, au péril de leur vie, et ne peuvent accéder à l’éducation.
Avant que la crise n’éclate en Syrie, l’Etat assurait depuis 12 ans une éducation gratuite. Ainsi, pratiquement tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire bénéficiaient d’une éducation et deux tiers des 12-17 ans étaient inscrit(e)s dans un établissement secondaire. Aujourd’hui, 2,1 millions d’enfants n’ont pas la chance de s’asseoir sur les bancs de l’école en Syrie, tandis que 1,4 million d’enfants syriens en âge d’aller à l’école ont trouvé refuge en Turquie, en Jordanie, au Liban, en Irak et en Egypte. Près de la moitié d’entre eux/elles ne sont pas scolarisé(e)s et voient leur retard s’accumuler chaque année un peu plus.
Le manque d’éducation a également conduit à une hausse du travail des enfants et des mariages des enfants, dans la mesure où les familles syriennes doivent lutter pour joindre les deux bouts et offrir à leurs filles la sécurité qui leur a été arrachée par la guerre.
Eviter une nouvelle génération perdue
Le Fonds Malala, mis en place par la lauréate du prix Nobel de la paix Malala Yousafzai, vient de publier le rapport intitulé «#Notlost – claiming Syria’s future» sur l’impact de la guerre et de la crise des réfugié(e)s sur l’éducation en Syrie. Cette étude met en lumière le fait qu’il pourrait être bientôt trop tard pour inverser les effets dévastateurs de nombreuses années de déscolarisation, étant donné que de nombreux enfants qui ont fui le conflit n’ont pas terminé leur cycle secondaire.
Le rapport souligne que, parallèlement aux efforts visant à trouver une solution politique au conflit, l’investissement dans la jeunesse syrienne constitue le meilleur espoir pour l’avenir de la Syrie. Malgré ceci, le fossé entre le financement nécessaire et le budget alloué à l’éducation en Syrie se creuse chaque jour un peu plus. Les bailleurs de fonds n’ont pourvu que 37 pour cent du financement dont l’éducation aurait eu besoin en 2015.
Tout est une question de volonté politique
Si les gouvernements de la région ouvrent leurs portes et leurs écoles aux enfants syriens, ils doivent assumer la plupart des coûts, étant donné que les bailleurs de fonds – certains des pays les plus riches au monde – manquent à leurs engagements. D’après le rapport, si l’on n’accroît pas le financement au cours des trois prochaines années, les gouvernements de la région ne parviendront pas à effectuer les changements politiques nécessaires pour poursuivre et élargir leur soutien aux enfants réfugiés de Syrie.
Sans volonté politique, financement adéquat ni changement audacieux sur le plan politique, il sera impossible de relever le défi. Le document se concentre sur le financement requis pour soutenir non seulement l’éducation des enfants syriens – tant pour celles et ceux qui se trouvent sur le territoire syrien que pour celles et ceux qui ont traversé la frontière –, mais aussi les futures actions que les gouvernements turc, jordanien, libanais, irakien et égyptien devront mettre en place pour que tous les enfants syriens réfugiés puissent bénéficier d’une éducation et d’un apprentissage.
Le Fonds appelle ainsi les bailleurs de fonds du monde entier et les gouvernements de la région à veiller à ce que tous les enfants syriens touché(e)s par le conflit puissent accéder à une éducation de qualité au cours de l’année académique 2016-2017, et au-delà. Le coût de cette éducation est estimé à 1,4 milliard de dollars par an – soit 1 dollar américain par enfant et par jour.