Une alliance d’organisations de la société civile, incluant des syndicats, a mobilisé plus de 150.000 manifestant(e)s contre le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement, la plus importante manifestation qu’ait connu le pays depuis plusieurs dizaines d’années.
Le 10 octobre dernier, les rues de la capitale allemande, Berlin, ont été prises d’assaut par les manifestants, y compris des membres du Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft, affilié à l’Internationale de l’Education (IE), opposés au Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), un accord de libre-échange négocié en secret entre l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis. Les opposants au TTIP y voient un accord non-démocratique et une menace pour les droits des consommateurs/trices et des travailleurs/euses.
Pour les affiliés de l’IE, la préoccupation réside dans le fait que cet accord risque de déboucher sur la privatisation d’entités publiques, telles que les systèmes éducatifs, visées par l’accord. Toutefois, en l’absence d’une quelconque transparence quant à l’objet des négociations en cours, nul ne connaît le contenu effectif de l’accord.
Vidéo du New York Times sur la manifestation à Berlin
Les partisan(e)s de l’accord, qui vise à réduire les obstacles au commerce, y voient quant à eux un véritable moteur pour l’économie et la création d’emplois. Le gouvernement allemand soutient le pacte commercial. Dans une lettre publiée dans plusieurs journaux allemands, le Ministre de l’Economie Sigmar Gabriel a mis en garde contre les « alarmistes ».
Les pourparlers autour du TTIP devraient aboutir l’an prochain. S’il est adopté, il deviendra le plus vaste accord de ce type. Il instituera la zone de libre-échange la plus importante au monde, couvrant quelque 800 millions de consommateurs, et permettra d’harmoniser la réglementation entre l’UE et l’Amérique du Nord dans des domaines allant de la législation sur la sécurité alimentaire aux règles environnementales, en passant par la réglementation bancaire.
La Commission européenne estime que le TTIP pourrait amener chaque année 120 milliards d’euros de croissance supplémentaire à l’économie européenne (85 milliards de livres sterling) – soit 0,5 % du PIB – et 95 milliards d’euros à l’économie américaine – soit 0,4 % du PIB, tandis que l’économie britannique pourrait croître de 10 milliards de livres sterling.
Cependant, l’opposition à l’accord n’a cessé de prendre de l’ampleur ces dernières années en Allemagne et dans d’autres pays européens, sur fond de critiques pointant du doigt le pouvoir excessif qui sera conféré par le TTIP aux multinationales, et ce au détriment des consommateurs/trices et des travailleurs/euses.
Une entente, encore en cours de finalisation, a également été annoncée cette semaine au sujet d’un autre accord commercial, l’Accord de Partenariat transpacifique (PTP), impliquant 12 pays parmi lesquels les Etats-Unis, le Japon et l’Australie. Les détails du PTP demeurent eux aussi secrets.