Les éducateurs suisses déclarent qu'il est temps d'inverser une tendance de 20 années de rémunérations insuffisantes des enseignants et de relever les salaires au niveau d'autres secteurs afin de veiller à ce que la profession continue d'être un choix professionnel populaire.
Les salaires des enseignants n'ont pas connu une augmentation suffisante au cours de ces dernières années, affirme le syndicat suisse des enseignants Dachverband Lehrerinnen und Lehrer Schweiz (LCH) dans une déclaration selon laquelle il est temps que la profession se voie accorder le respect qu'elle mérite.
L' Office fédéral suisse de la statistique (FSO) et d'autres études de comparaison des salaires indiquent que les salaires réels dans l'éducation ont augmenté bien moins rapidement que dans la plupart des autres secteurs depuis 1993.
Selon le FSO, la hausse moyenne des salaires en termes réels depuis 1993 pour l'ensemble des secteurs s'élève à environ 11,5 %. Dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement, cette hausse n'est que de 8,6 %. Par comparaison, dans les secteurs des finances et de l'assurance, les salaires ont progressé en termes réels de près de 25 % durant le même laps de temps.
La situation de l'enseignement secondaire est la plus préoccupante. Dans la majorité des cantons, la rémunération réelle des enseignants du secondaire est inférieure à celle que percevaient les enseignants il y a 20 ans.
Un enseignant du secondaire qui commence sa carrière cet été dans le canton (un État de la Confédération helvétique) d'Aargau gagnera 4,7 % de moins que ce que gagnait son collègue débutant en 1993. À Zurich, un enseignant commencera sa carrière avec une rémunération inférieure à 3,5 % ; ce chiffre est de 3 % dans le canton de Berne et il s'élève à pas moins de 12 % à Schaffhouse.
La politique salariale est en partie responsable de la pénurie de personnel enseignant
Une récente analyse des salaires conduite en 2015 par la LCH montre que la politique salariale insuffisante que l'on connaît aujourd'hui a une influence négative sur l'image professionnelle des enseignants. Cette image négative se traduit par le fait que des candidats prometteurs choisissent souvent d'autres parcours d'études offrant de meilleures perspectives.
L'analyse a également montré que trop de jeunes enseignants quittent la profession après quelques années seulement. Le FSO a indiqué que durant leur première année de service, 16 % des jeunes enseignants récemment diplômés quittent la profession. Au bout de cinq ans, près de la moitié (49 %), et après 10 ans, les deux tiers (65 %) des enseignants ont quitté le métier pour un temps ou pour toujours.
Disposer d'un nombre suffisant d'enseignants qualifiés par matière et par niveau constitue la condition la plus importante du succès en matière d'éducation, comme l'a souligné l'enquête internationale sur l'enseignement et l'apprentissage ( Teaching and Learning International Survey, ou TALIS) de l'Organisation pour la coopération et de développement économiques (OCDE). Cette enquête a interviewé plus de 100.000 enseignants et directeurs d'écoles de 34 pays et elle a montré que les enseignants qui se sentent valorisés travaillent au sein de pays dont les performances dans les enquêtes PISA sont supérieures à celles des pays où les enseignants se sentent moins valorisés.
Comme les salaires des enseignants sont négociés et déterminés au niveau des cantons, la LCH, qui est une instance regroupant l'ensemble des cantons a décidé de ne pas présenter de revendications salariales spécifiques mais plutôt des revendications générales qui sont relayées par ses sections cantonales. Certaines de ces revendications portent sur les points suivants :
• L'élimination de la sous-rémunération : la LCH appelle les cantons et les municipalités à relever les salaires du personnel d'enseignement de l'enseignement obligatoire et maternel de manière à ce qu'ils puissent être concurrentiels avec d'autres formes d'emploi présentant des exigences similaires en termes de compétences et de capacités.
• Des perspectives salariales fiables : les enseignants ne sont pas souvent au fait d'un parcours professionnel offrant la perspective de salaires plus élevés comme cela est commun dans d'autres secteurs ; par conséquent, ils ont besoin d'un système de progression salariale légalement contraignant.
• La préservation du pouvoir d'achat des enseignants.