A l’occasion du Forum mondial sur l’éducation, organisé en Corée, l’Internationale de l’Education a présenté sa propre évaluation des 15 dernières années de l’Education pour Tous, selon laquelle, sans véritable implication des enseignant(e)s dans les politiques d’éducation, toute stratégie future est vouée à l’échec.
Selon le dernier Rapport mondial de suivi sur l’Education pour Tous (EPT) de l’UNESCO, aucun des six Objectifs de l’Education pour Tous, adoptés à Dakar en 2000, ne pourra être totalement atteint. Le rapport de l’Internationale de l'Education (IE) met en lumière le fait que l’absence d’implication des professionnel(le)s du secteur représentait l’un des obstacles majeurs aux efforts visant à jeter des ponts entre la politique, la recherche et la pratique.
L’évaluation sur l’EPT de l’IE a été présentée hier, à l’occasion du Forum mondial sur l’éducation, devant une salle comble. La Présidente de l’IE, Susan Hopgood, qui a présenté les conclusions de cette étude, a souligné que son principal objectif avait été de « combler le fossé entre la réalité scolaire et le débat mondial sur l’éducation ».
« Nous souhaitions formuler des recommandations car, lorsque la communauté internationale se réunira dans quinze ans, nous ne voulons pas nous résoudre à dire que nous n’avons une nouvelle fois pas réussi à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Si nous ne parvenons de nouveau pas à atteindre nos objectifs, ce sera autant de générations d’enfants que nous aurons privées du droit à une éducation de qualité », a déclaré Hopgood.
Une vaste approche holistique
Cette étude a été réalisée sur la base de cinq consultations régionales menées au cours de ces deux dernières années, qui ont réuni des représentant(e)s des enseignant(e)s de 65 pays (39 d’Afrique, 9 d’Asie-Pacifique, 7 d’Amérique latine et 10 de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord). Le rapport de l’IE s’appuie en outre sur les résultats de l’enquête mondiale réalisée en 2014, qui expose le point de vue de plus de 14.000 enseignant(e)s et personnel de soutien à l’éducation, réparti(e)s à travers 129 pays.
Cette évaluation repose sur quatre piliers thématiques définis par les gouvernements lors du dernier Forum mondial sur l’éducation: l’engagement et les ressources investis par les gouvernements dans l’éducation, le dialogue avec les enseignant(e)s et la participation de ces derniers au processus décisionnel, les politiques et législations adoptées dans le but de réaliser l’EPT, et l’impact de l’EPT sur les écoles.
Les raisons d’un échec
Les conclusions de cette étude révèlent que l’échec de la réalisation des objectifs de l’EPT est imputable à deux éléments majeurs.
D’une part, au vu du nombre considérable de pays qui ne sont pas parvenus à accroître suffisamment leur budget de l’éducation, l’engagement politique est rarement passé des paroles aux actes. De plus, pour les gouvernements qui comptent fortement sur l’aide étrangère, la planification de l’éducation n’a pas été menée de façon efficace en raison de l’impossibilité de prévoir les fonds disponibles. Dans la mesure où moins de 75 pour cent des enseignant(e)s sont formé(e)s conformément aux normes nationales, cette situation a également entraîné une grave pénurie d’enseignant(e)s qualifié(e)s.
D’autre part, les gouvernements ne sont pas parvenus à mettre en place des structures véritablement opérationnelles et favorisant la participation de la société civile dans la mise en œuvre et le suivi de ces objectifs. Les enseignant(e)s n’ont pas été consulté(e)s, souvent en raison de l’absence de mécanismes de communication efficaces. En conséquence, les gouvernements n’ont pas pris toute la mesure du système éducatif, ce qui a entraîné une mauvaise mise en œuvre des stratégies.