L'Internationale de l'Education et certains de ses affiliés ont activement participé au Forum social mondial, organisé à Tunis du 24 au 28 mars, et abordé la privatisation des services, dont l'éducation.
L'affilié allemand de l'Internationale de l'Education (IE) le Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft(GEW) a organisé, au cours du Forum social mondial (FSM), un atelier intitulé « Non à la privatisation de l'éducation par le Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP), l'Accord sur le commerce des services (ACS), et l'Accord économique et commercial global (AECG) ».
Plusieurs représentant(e)s des affiliés de l'IE ont participé à l'atelier, dont Richard Langlois consultant de l'IE, Jean Murdock du syndicat canadien et affilié de l'IE FNEEQ-CSN, Henrique Borges du syndicat d'enseignant(e)s portugais et affilié de l'IE FENPROF, et Gunter Quaisser représentant du GEW. Deborah James du réseau « Notre monde n'est pas à vendre » a également contribué à l'atelier, auquel ont assisté environ 80 participant(e)s.
Menace pour la démocratie et l'enseignement public
Les débats ont porté principalement sur l'impact, sur l'éducation, du TTIP qui fait actuellement l'objet de négociations entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Les participant(e)s ont convenu qu’il fallait rejeter ces accords de libre échange dans la mesure où leur pleine application pourrait constituer une menace pour la démocratie.
Ils ont également accordé peu de crédit aux promesses des responsables politiques selon lesquelles l'enseignement public ne serait pas affecté par ces traités du fait que ces accords commerciaux visent l'éducation privée. Il est par ailleurs difficile d'établir la distinction entre éducation publique et privée. L'exemple cité d'une école maternelle financée par des fonds publics et percevant des contributions (privées) des parents résume à lui seul cette difficulté.
Menaces spécifiques
James a souligné le caractère irréversible des contrats signés dans le cadre de ces accords et la libéralisation connexe: une fois privatisés, les secteurs ne pourront pas à nouveau relever de la compétence des autorités municipales, comme cela est le cas de certains opérateurs de traitement des déchets.
Murdock a également rendu compte des conséquences négatives de l'Accord de libre-échange nord-américain, en vigueur depuis de nombreuses années, sur les travailleurs/ses.
Borges a souligné les dangers du TTIP dans le contexte de la politique d'austérité menée actuellement au Portugal et déclaré que le TTIP comme les politiques d'austérité portaient atteinte à la constitution du pays.
Quaisser a, quant à lui, décrit le rejet croissant du TTIP par les syndicats et la société civile en Allemagne. Les avantages des contrats proposés sont très limités, même dans un pays comme l'Allemagne qui dépend des échanges extérieurs, a-t-il dit. En effet, la mise en œuvre du TTIP pourrait se traduire par un gain de croissance économique de 0,5 pour cent uniquement et une création de seulement 125.000 emplois sur 10 à 15 ans, d'après de récentes études économiques réalisées par la Commission européenne et d'autres instituts de recherche.
Mobilisation mondiale de l'Internationale de l'Education contre la privatisation
Langlois a également contribué à un atelier consacré à l'ACS dans le cadre du FSM. Il a informé les participants que l'IE suivait activement les négociations sur l'ACS et les débats connexes dans le but de faire pression pour obtenir l'exclusion totale de l'éducation et des autres services publics de cet accord.
L'Internationale de l'Education œuvre étroitement avec l'Internationale des Services Publics (PSI) à la poursuite des recherches et de l'analyse sur les raisons de l’impact néfaste de l'ACS sur les services publics, a-t-il dit.
Une résolution importante sur la privatisation sera par ailleurs présentée pour adoption lors du prochain Congrès de l'IE à Ottawa, au Canada, en juillet, a souligné Langlois. Celle-ci offrira aux syndicats de l'éducation du monde entier une bonne occasion de réaffirmer leur opposition aux accords commerciaux visant la commercialisation et la privatisation des services publics, dont l'éducation, a-t-il ajouté. Il s'agira également d'une opportunité de plaider en faveur d'une approche alternative d'échange et d'investissement respectueuse des obligations des pays, des droits humains et du droit à l'éducation entre autres.
« Pour paraphraser Dr Antoni Verger de l'Université autonome de Barcelone, le problème ne réside pas dans la mondialisation de l'éducation, mais dans le fait que celle-ci obéit aux règles du libre échange et poursuit un but lucratif, » a conclu Langlois.