De nombreux jeunes sont perplexes face aux questions d’argent, selon l’étude 2012 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), publiée par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Environ un(e) élève sur sept dans les 18 pays et économies de l’OCDE ayant pris part à la première évaluation internationale PISA de l’OCDE de la culture financière n’est pas capable de prendre des décisions même simples concernant les dépenses courantes, et seulement un(e) sur dix peut résoudre des tâches financières complexes.
Environ 29 .00 jeunes de 15 ans ont pris part au test, qui portait sur les connaissances et les compétences des adolescent(e)s sur les questions financières, comme par exemple comprendre un relevé bancaire ou le coût à long terme d’un prêt, ou savoir comment fonctionne une assurance.
« Développer des compétences ainsi que des connaissances financières est essentiel alors que les individus sont responsables à un âge toujours plus précoce de risques financiers engageant leur avenir », a déclaré M. Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, le 7 juillet à Paris, en France, à l’occasion de la présentation du rapport en présence de son Altesse Royale Máxima des Pays-Bas, avocate spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour la finance inclusive pour le développement et marraine d'honneur du Partenariat mondial pour l'inclusion financière du G20.
Le résumé exécutif du rapport relève que la finance fait partie de la vie quotidienne de nombreux jeunes de 15 ans: ils consomment déjà des produits financiers, comme des comptes bancaires avec accès à des services de paiement en ligne. A l’approche de la fin de leur scolarité obligatoire, les élèves seront également confrontés à des choix financiers complexes et difficiles. L’une de leurs premières décisions importantes portera vraisemblablement sur le choix de continuer ou non leurs études, et sur la manière de les financer.
Les compétences financières sont essentielles dans la vie quotidienne
Les compétences financières sont par conséquent essentielles dans la vie quotidienne, et sont une priorité de l’agenda politique international, selon le rapport. La remise en cause des systèmes de protection sociale, les évolutions démographiques, et la sophistication et le développement croissants des services financiers, contribuent à une meilleure prise de conscience de l’importance de faire en sorte que les citoyen(ne)s et les consommateurs/trices de tous âges disposent de compétences financières.
« Certains pays ont commencé à élaborer des stratégies et des mesures pour permettre aux individus d’avoir les compétences dont ils ont besoin tout au long de leur vie », a ajouté M. Gurría. « D’autres doivent encore faire de ce thème une priorité d’action pour que les citoyens soient préparés face à un secteur financier toujours plus compliqué. »
Le rapport indique également que Shangai, en Chine, obtient les meilleurs résultats en matière de culture financière, suivi de la Communauté flamande de Belgique, l’Estonie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la République tchèque et la Pologne.
Ecart entre les sexes en mathématiques
Le rapport souligne que l’écart entre les sexes en termes de culture financière est bien moindre que sur les tests PISA de mathématiques ou de compréhension de l’écrit, sans différence significative dans les résultats des garçons et des filles, à l’exception de l’Italie.
Il existe toutefois, selon le rapport, des différences inquiétantes dans la relation des garçons et des filles aux mathématiques: même lorsque les filles obtiennent d’aussi bons résultats que les garçons en mathématiques, elles se disent moins persévérantes, moins motivées pour apprendre les mathématiques, moins confiantes dans leurs propres connaissances en mathématiques, et plus inquiètes quant à cette discipline. En moyenne, les résultats des filles en mathématiques sont moins bons que ceux des garçons, et parmi les meilleur(e)s étudiant(e)s, l’écart entre les sexes se creuse en faveur des garçons. Le rapport affirme que ces conclusions ont des conséquences importantes non seulement dans le domaine de l’éducation supérieure, où les jeunes femmes sont déjà sous-représentées en science, technologie, ingénierie et mathématiques, mais également plus tard, quand ces femmes pénètrent le marché du travail.
Autres facteurs
Les différences liées aux inégalités sont les mêmes que pour les matières scolaires principales: les élèves de milieux socio-économiques plus avantagés réussissent bien mieux en moyenne que leurs camarades de familles plus modestes dans l’ensemble des pays et économies membres de l’OCDE participants. Les élèves autochtones réussissent également légèrement mieux que les jeunes issus de l’immigration ayant un statut socio-économique comparable. L’écart entre les deux groupes est supérieur à la moyenne de l'OCDE dans la Communauté flamande de Belgique, en Estonie, en France, en Slovénie et en Espagne.
L’enquête révèle également que les compétences en mathématiques et en compréhension de l’écrit sont étroitement liées au niveau de culture financière. Toutefois, de bons résultats dans l’une de ces deux disciplines n’impliquent pas nécessairement un bon niveau de culture financière.
De même, les pays dont les élèves ont de bons résultats en mathématiques ou en compréhension de l’écrit obtiennent également de bons résultats en culture financière. L’Australie, la République Tchèque, l’Estonie, la Communauté flamande de Belgique et la Nouvelle-Zélande réussissent toutefois légèrement mieux en culture financière que leurs résultats en mathématiques et en compréhension de l’écrit ne l’auraient laissé présager. À l’inverse, les élèves en France, en Italie et en Slovénie réussissent un peu moins bien en culture financière qu’on aurait pu le penser. Les résultats ne permettent pour l’instant pas de déterminer la meilleure méthode d’amélioration de la culture financière. L’OCDE mène actuellement de nouvelles recherches pour répondre à cette question.
Pour l’IE, les compétences financières permettent aux élèves de devenir des citoyen(ne)s informé(e)s et d’avoir un avenir prometteur
« Transmettre aux citoyennes et citoyens les compétences nécessaires pour se réaliser pleinement, jouer un rôle dans une économie mondiale de plus en plus interconnectée, et, à terme, transformer des emplois meilleurs en vies meilleures, est un sujet de préoccupation central des décideuses et décideurs de par le monde », a déclaré John Bangs, consultant de l’IE.
« Toutefois, la crise financière n’a pas été engendrée par le manque de culture financière, mais par des banquiers cupides dont l’unique objectif réside dans la poursuite du profit maximal », a-t-il indiqué, avant d’ajouter: « L’OCDE et les autres décideurs ne peuvent pas mettre la crise économique sur le dos du seul manque de culture financière, et ignorer l’insuffisance des garde-fous contre l’attitude irresponsable des banquiers qui nous ont conduit à cette situation. On devrait enseigner aux élèves comment manier la finance d’une manière socialement responsable, et leur faire comprendre les mécanismes qui ont provoqué la crise financière. »
Et d’ajouter que disposer des compétences financières est évidemment essentiel. Par ailleurs les très grandes disparités parmi les élèves dans les différents pays sont préoccupantes, tout comme le fait que les filles et les femmes décrochent par rapport à leurs camarades de sexe masculin.
Il a souligné que selon les conclusions du PISA 2012, les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui distribuent les ressources éducatives de manière plus équitable entre les établissements favorisés et défavorisés, et qui octroient davantage d’autonomie aux établissements dans la mise en œuvre des programmes et des évaluations. « Nous souhaitons réaffirmer que l’engagement dans l’éducation de l’ensemble des parties prenantes – notamment les élèves, les parents et les syndicats – est un gage de réussite du système éducatif. »
Pour lire l’étude PISA de l’OCDE dans son intégralité, veuillez cliquer ici.