Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

France: le gouvernement renouvelle sa promesse de réformer l’éducation

Publié 23 avril 2014 Mis à jour 24 avril 2014
Abonnez-vous à nos newsletters

Le nouveau Premier ministre français a déclaré qu’il continuerait les réformes promises dans l’éducation, alors que trois syndicats d’enseignants nationaux ont appelé son gouvernement à mettre l’éducation de qualité au sommet de son ordre-du-jour. Le Syndicat national des enseignements de second degré de la Fédération syndicale unitaire (SNES-FSU), le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC-FSU (SNUipp-FSU) et l’Union nationale des syndicats autonomes-Education (UNSA-Education), trois affiliés nationaux de l’IE, ont réagi suite à la formation du nouveau gouvernement français en interpellant le Premier Ministre Manuel Valls et le Ministre de l’Education nationale Benoît Hamon. Ils leur ont rappelé l’impérieuse nécessité d’assurer une éducation de qualité, ainsi que de bonnes formations et conditions de travail et de vie pour les enseignant(e)s.

SNES-FSU: investir maintenant dans l’éducation et les enseignant(e)s

Dans une lettre adressée au Ministre Hamon et datée du 8 avril, le même jour que le discours de politique générale de Manuel Valls, Frédérique Rolet, Cosecrétaire générale du SNES-FSU, a indiqué que « les personnels d'enseignements d'éducation et d'orientation du second degré vivent depuis des années une dégradation continue de leurs conditions de travail et d'emploi, une dévalorisation importante de leur salaire, une perte de pouvoir d'achat qui conduit à un déclassement de leurs professions et à une impossibilité d’exercer sereinement leur métier au service de la réussite de tous les élèves. »

Elle a aussi insisté sur le fait que la priorité réaffirmée par le Président à la jeunesse impose un investissement massif dans l’Education nationale et des mesures urgentes pour endiguer la profonde crise de recrutement dans le second degré et refonder l’Education prioritaire qui reste un levier puissant de la démocratisation de l’accès au savoir et aux qualifications, en particulier pour les élèves les plus défavorisés.

Le SNES-FSU n'acceptera aucune remise en cause d'ici 2017 de l'engagement pris dans la loi, sur la création des 54.000 postes, a rappelé Rolet: « La revalorisation de la rémunération des personnels du second degré et l'amélioration de leurs conditions de travail sont une urgence que le précédent gouvernement a ignorée. Cette revalorisation doit être entamée sans délai. »

Elle a noté que depuis plusieurs années, on assiste à une multiplication des conflits dans les établissements dus à des méthodes de gestion des personnels et de gouvernance des établissements fondées sur une conception de l'autonomie à l'opposé des valeurs démocratiques et humaines qui sont pourtant les fondements de l’Ecole Publique laïque. C’est pourquoi le SNES-FSU demande au Ministre d'imposer d'autres méthodes de gestion et de gouvernance des établissements du second degré, notamment un cadrage fort de l'action des Recteurs dans les académies dont les politiques mettent encore en cause le caractère national de l’Education.

« Les discussions avec votre prédécesseur avaient permis la rédaction de plusieurs fiches sur l'avenir de l'orientation scolaire et de ses personnels, sur les missions des Conseillers principaux d’Education et sur les conditions de rémunération des non-titulaires », a également souligné Rolet. « Le SNES-FSU vous demande de poursuivre dès maintenant ces discussions sur la base de ces fiches qui restent à améliorer et sur les mesures catégorielles pour ces personnels. »

SNUipp-FSU: des premières précisions appelées d’urgence

Le 15 avril, dans un article posté sur le site web du syndicat, le Secrétaire général du SNUipp-FSU Sébastien Sihr a de son côté mis en avant l’urgence à apporter des premières précisions de méthode et de calendrier afin d’éviter toute cacophonie.

« Il est impossible de laisser chacun interpréter les intentions ministérielles sur ce qui serait possible de faire ou de ne pas faire en termes d’organisation de la semaine et de la journée », a-t-il relevé. « Un maire ne peut pas imposer tout seul une nouvelle organisation, ni même décider unilatéralement de revenir sur un projet qui faisait accord jusque-là. »

Il a aussi rappelé que le Ministre doit faire entendre la voix de l’Education nationale et a la responsabilité du temps scolaire et reste l’employeur des enseignant(e)s.  « Jusqu’ici, la main a déjà été trop souvent laissée aux collectivités locales, cela doit changer », a expliqué Sihr.

Le SNUipp-FSU demande au Ministre de présenter dès maintenant la méthode et le calendrier national de concertation à venir. S’il est important de préserver les projets qui feraient accord, il est incontournable d’ouvrir des discussions là où il y a désaccord et là où aucun projet n’a été présenté. Dans ce cadre, le conseil d’école constitue le lieu de concertation et de propositions, et partout, il doit être réuni selon un calendrier fixé dès maintenant.

Pour le SNUipp-FSU, un nouveau cadre réglementaire défini nationalement doit aussi permettre de dépasser le cadre strict des neuf demi-journées et s’assurer de l’adhésion des enseignants au sein des conseils d’école. Possibilité doit être donnée de déposer de nouveaux projets en reformulant des propositions adaptées au nouveau cadre réglementaire assoupli, le Ministre devant dégager du temps pour les enseignant(e)s. Et des organisations de la semaine dérogatoires aux neuf demi-journées existant depuis de nombreuses années doivent pouvoir perdurer, mais aussi s’étendre à d’autres villes avec l’accord des enseignant(e)s.

UNSA-Education: poursuivre et faire aboutir la Refondation du système scolaire

« Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Manuel Valls a rappelé la priorité à l’Education et à la jeunesse comme l’avait fait le Président de la République au lendemain des élections municipales », s’est félicité Laurent Escure, Secrétaire général de l’UNSA-Education et membre du bureau exécutif de l’IE dans un communiqué de presse du 8 avril.

Après avoir rendu hommage aux enseignant(e)s « qu’il faut chérir, parce qu’ils transmettent les savoirs et les valeurs », le Premier ministre a aussi a annoncé vouloir poursuivre la Refondation, la réforme des métiers, la formation des maîtres, la priorité au primaire, etc., a aussi noté Escure.

« Poursuivre la Refondation, c’est bien », a-t-il reconnu. « La faire aboutir c’est mieux! Pour cela, nous serons très attentifs aux moyens permettant la mise en œuvre cohérente de cette priorité. Le Premier ministre n’a ainsi pas évoqué le maintien de l’objectif de création de 60.000 postes dans l’Éducation nationale et dans l’Enseignement supérieur. Le collectif budgétaire de cet été devra apporter des garanties sur ce point qui est un marqueur important de la volonté du Président de la République. »

Il a de même rappelé la nécessité de mieux faire correspondre les rythmes éducatifs avec ceux des enfants et des jeunes, ce qui doit s’appuyer sur une approche globale et partenariale de l’Education. Pour lui, la complémentarité des temps, des actions et des acteurs éducatifs dans et hors l’école doit être au cœur de l’élaboration des politiques éducatives de territoires.

« Sur l’ensemble de la Refondation, la rencontre de l’UNSA Education avec le Ministre de l’Education nationale sera l’occasion de porter notre exigence de voir la Refondation aboutir concrètement », a enfin indiqué Escure. « La justice sociale républicaine comme notre ambition pour la jeunesse l’exigent. »

IE: du dialogue social pour assurer une éducation publique de qualité

« L’IE soutient ses affiliés français dans leur combat pour garantir l’accès de toutes les étudiantes et tous les étudiants à une éducation publique de qualité», a indiqué le Secrétaire général de l’IE Fred van Leeuwen. « Nous encourageons les autorités publiques françaises à continuer le dialogue avec les associations représentatives du personnel de l’éducation, afin d’assurer que ces derniers soient correctement formés et rémunérés, et puissent évoluer dans des environnements d’enseignement et d’apprentissage de qualité, avec des outils d’enseignement et d’apprentissage de qualité. »