Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

Les syndicats de l’éducation britanniques appellent à une réforme politique et placent l’éducation de qualité au centre de leurs revendications

Publié 22 avril 2014 Mis à jour 21 mai 2014
Abonnez-vous à nos newsletters

Lors de leurs conférences annuelles tenues durant les vacances de Pâques, les syndicats de l’éducation du Royaume-Uni ont délivré un message identique à celui lancé par la communauté estudiantine et par leurs membres, dénonçant les politiques gouvernementales et revendiquant une éducation de qualité.

A Brighton et à Birmingham, les plus grands syndicats de l’éducation britanniques – National Union of Teachers(NUT) et National Association of Schoolmasters Union of Women Teachers(NASUWT) – ont tous deux pointé du doigt le gouvernement du Royaume-Uni, et en particulier le Ministre de l’éducation Michael Gove.

Christine Blower, Secrétaire générale du NUT, a déclaré : « Les enquêtes menées récemment par le NUT révèlent que la moitié des parents et du personnel enseignant (79 %) considèrent que la Coalition gouvernementale a eu des répercussions négatives sur le système éducatif. Seuls 29 % des parents se déclarent prêts à voter pour l’un des partis de la Coalition, si des élections générales étaient organisées prochainement. »

Blower a demandé instamment au gouvernement de prendre des mesures et l’a menacé de partir en grève si aucun changement n’était apporté. Elle a souligné que la perte de motivation du personnel enseignant, principalement engendrée par des semaines de travail de 60 heures, des bas salaires et des réformes en matière de pension, incitait bon nombre d’enseignant(e)s à quitter la profession.

« Le syndicat s’engagera aux côtés des parents et de la population pour faire pression sur les responsables politiques. Et si les négociations avec le gouvernement n’évoluent pas positivement, le syndicat lancera un mouvement de grève fin juin, en coordination avec d’autres syndicats, dont la NASUWT », a-t-elle précisé.

Bien que la NASUWT ne se soit pas engagée à partir en grève, déclarant qu’elle discutera avec le NUT des options possibles, le Secrétaire général Chris Keates n’a toutefois pas manqué de souligner ce que son syndicat considère comme étant le principal obstacle à l’instauration d’une éducation de qualité.

« La stratégie économique et les politiques éducatives mises en place par la Coalition ont trahi toute une génération de jeunes. Le gouvernement est responsable des taux record qu’a atteint le chômage des jeunes, du nivellement vers le bas de l’enseignement professionnel, des restrictions en matière d’accès à l’enseignement supérieur dues à la suppression des bourses d’études, du triplement des frais de scolarité, et de soustraire les employeurs à leur responsabilité d’offrir des stages de haute qualité ainsi que des opportunités de formation. »

« Les talents de nos jeunes sont gaspillés, et leurs chances de réussir dans la vie sont anéanties. Il est scandaleux de vouloir équilibrer les budgets au détriment de ceux et celles dont dépend la prospérité économique de ce pays », a-t-il précisé.

Le personnel enseignant face à des risques en matière de santé

A Manchester, du 14 au 16 avril, l’ Association of Teachers and Lecturers(ATL) s’est penchée sur des questions similaires, notamment la pression exercée sur le personnel enseignant, tout en s’intéressant de plus près aux problèmes de santé imputables aux heures de travail excessives et au manque de soutien.

Une enquête réalisée par l’ATL auprès de plus de 900 membres du personnel enseignant révèle une recrudescence des problèmes de santé mentale chez les professionnel(le)s de l’éducation au cours de ces deux dernières années. Selon les résultats, 55 % des employé(e)s de l’éducation déclarent que leur travail a des répercussions négatives sur leur santé mentale et près de 70 % n’en parlent pas à leurs employeurs.

A la lumière de l’enquête, l’ATL a mis en cause les inspections du Bureau des normes en éducation, des services à l’enfance et des compétences (Ofsted), également pointées du doigt par le NUT et accusées de causer trop de stress aux enseignant(e)s.

Mary Bousted, Secrétaire générale de l’ATL, s’est déclarée choquée par les statistiques même si celles-ci n’ont rien de surprenant, vu que les enseignant(e)s sont « continuellement soumis(e)s à une pression intense pour atteindre les objectifs, sans compter les remarques excessives, les modifications dans les programmes scolaires et les inspections Ofsted ».

Martin Rømer, Directeur européen du CSEE, s’est référé au rapport de son organisation « Les syndicats d’enseignants solidaires pour des lieux de travail sûrs et sains en période de crise économique », un guide essentiel pour garantir la santé du personnel de l’éducation.

« La santé de notre personnel enseignant a des répercussions directes sur le niveau de qualité de l’éducation que reçoivent nos élèves », a déclaré Rømer. « Il est donc essentiel que celle-ci demeure parmi les priorités des politiques éducatives, surtout en période de crise », a-t-il ajouté.

Bousted a soutenu les revendications de ses homologues du NUT et de la NASUWT, appelant à davantage de soutien pour les professionnel(le)s de l’éducation, et a exhorté les écoles et les institutions de formation à prendre toutes les mesures nécessaires pour améliorer les conditions de travail.