L’IE a rejoint le mouvement syndical international pour appeler instamment le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM), qui tiennent leurs réunions annuelles à Washington, États-Unis du 11 au 13 octobre, à faire marche arrière sur les politiques d’austérité et de déréglementation néfastes qui contribuent à un nouveau déclin économique mondial et à la persistance d’un chômage élevé.
La déclaration du groupement Global Unions intitulée « Trois ans d’austérité et de déréglementation du marché du travail, assez de destruction » explique qu’il « est grand temps que le FMI et la Banque mondiale soutiennent une authentique stratégie de reprise mondiale par le biais d’actions ciblées d’augmentation de la demande mondiale et de croissance de l’emploi. Au lieu de promouvoir une déréglementation du marché de l’emploi qui est destructrice et renforce les inégalités, le Fonds et la Banque devraient soutenir un ensemble cohérent de politiques ciblant le marché de l’emploi pour créer une croissance plus inclusive, et aider les petites et moyennes entreprises à obtenir le financement dont elles ont besoin afin de créer des emplois. »
Dégradation des marchés du travail et augmentation des inégalités
La déclaration suggère que la Banque mondiale et le FMI prennent des mesures en vue de mettre en œuvre un socle mondial de protection sociale, d’appuyer les investissements dans les infrastructures, l’éducation et les services publics de qualité, et de soutenir la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.
Les Global Unions déplorent le fait que, outre les limites imposées aux dépenses sociales dans le cadre des programmes d’austérité, la détérioration des marchés du travail pourrait accentuer l’augmentation inquiétante des inégalités de revenus qui a eu lieu au cours des dix dernières années, dans la plupart des pays, à quelques remarquables exceptions près.
Ils soulignent également que l’accent mis par le FMI sur la « flexibilité » du marché du travail en tant qu’objectif institutionnel est particulièrement incompréhensible au regard de son engagement déclaré envers la croissance inclusive.
« L’inégalité au sein des pays est encore accentuée par les coupes dans les services publics et les programmes de transferts qui affectent particulièrement les ménages ayant des revenus faibles ou moyens, alors même que les régimes fiscaux progressifs sont en diminution » condamne la déclaration. « L’accent mis sur les réductions des dépenses publiques plutôt que sur l’augmentation des recettes fiscales dans bon nombre de pays en crise, dont certains ont reçu des prêts du FMI et d’autres qui suivent de très près les conseils politiques du Fonds, contribue à cette tendance. »
Concernant les emplois, les normes du travail et la protection sociale, les Global Unions insistent pour que la Banque mondiale prenne des mesures afin de mettre en œuvre les recommandations de son Rapport sur le développement dans le monde 2013 et que soit évalué l’impact sur l’emploi de tous les projets et activités financés par la Banque.
La déclaration ajoute que la Banque devrait également, dans le cadre de la révision en cours et de la mise à jour de ses garanties sociales et environnementales, adopter une garantie des normes du travail qui assure que les activités financées par la Banque respectent les normes fondamentales du travail, la communication d’informations aux travailleurs sur leurs conditions d’emploi, les procédures dans les cas de contractions d’emplois, les mécanismes de plaintes, les obligations en matière de santé et de sécurité au travail, et les normes relatives aux chaînes d’approvisionnement.
Les Global Unions engagent vivement la Banque mondiale et le FMI à intensifier leurs travaux de promotion et de mise en œuvre de l’initiative relative au socle de protection sociale.
Recommandations des Global Unions
Les Global Unions ont présenté un ensemble de mesures destinées à favoriser la reprise économique, à créer du travail décent, à réduire les inégalités et à instaurer une réglementation financière efficace et une fiscalité équitable.
Le FMI et la Banque mondiale devraient:
· S’opposer aux mesures d’austérité et aux coupes correspondantes dans les dépenses publiques dans des domaines qui offrent un soutien social, facilitent l’activité économique productive et servent de base au fonctionnement de services publics stables;
· Contribuer aux investissements dans les infrastructures, l’éducation et les services publics de qualité, notamment l’économie des soins, en vue d’améliorer leur potentiel productif à long terme, et appuyer la transition vers une économie à faibles émissions de carbone;
· Veiller à ce que les femmes bénéficient de ces actions politiques afin d’éviter une nouvelle détérioration des écarts entre hommes et femmes en matière d’emploi et de niveau de revenus;
· Soutenir l’introduction et la mise en œuvre d’une taxe sur les transactions financières en vue de dissuader les comportements spéculateurs et de créer de nouvelles sources de financement, et interdire les transactions à haute fréquence.
IE: Les mesures d’austérité ne sont pas une solution à la crise économique et de l’emploi
« Depuis plusieurs années, les syndicats d’enseignants mettent en garde contre les mesures d’austérité économique brutales et sont d’avis qu’elles ne constituent pas une solution sensée ni raisonnable à la crise économique et financière » a déclaré Fred van Leeuwen, Secrétaire général de l’IE.
Tout en félicitant le FMI d’avoir enfin reconnu la position des syndicats sur l’austérité, il a cependant appelé l’organisation à mettre fin à ses initiatives visant à réduire les protections des travailleurs/euses vulnérables et à démanteler les institutions en charge des négociations collectives.
« Les syndicats souhaitent voir la Banque et le FMI inscrire, tous deux, le travail décent au cœur de leurs objectifs politiques » a-t-il souligné. « Au travers de notre initiative d’un an 'Uni(e)s pour l’éducation', nous rappelons aussi aux organisations financières internationales et aux gouvernements du monde entier que le financement de services publics de qualité, et tout particulièrement l’éducation, n’est pas une dépense secondaire mais un investissement en faveur de sociétés saines et durables. »