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Internationale de l'Education
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Les dangers inhérents à l'évaluation standardisée des performances d'apprentissage

Publié 12 mars 2013 Mis à jour 22 mars 2013
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L'évaluation internationale des performances d'apprentissage des étudiant(e)s dans l'enseignement supérieur est marquée par des difficultés et problèmes. c'est ce que l'IE a indiqué à l'occasion d'une conférence de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), tenue les 11 et 12 mars à Paris, en France.

Le thème de l'évènement était: Mesurer les résultats de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur: Leçons de l'étude de faisabilité  de l'évaluation de l'apprentissage dans l’enseignement supérieur (AHELO) et prochaines étapes.

L'AHELO proposée par l'OCDE vise à tester les compétences génériques et de relatives à la discipline des étudiant(e)s afin de « fournir un outil puissant aux gouvernements des Etats membres pour évaluer l’efficacité et la compétitivité internationale de leurs institutions, systèmes et politiques de l’enseignement supérieur. »

L'AHELO peut être contreproductive

Mais l'IE prévient que l'AHELO pourrait facilement être utilisée de façon à empêcher toute amélioration dans l'éducation.

« Poussée à l'extrême, la standardisation de l'apprentissage menace de mettre à mal l'ambiguïté, la fluidité, l'incertitude et même l'inconfort inhérents qui caractérisent le parcours éducatif », a rapporté le consultant de l'IE sur les questions liées à l'enseignement supérieur, David Robinson. « Si nous voulons faire avancer la compréhension et transformer les étudiantes et étudiants de consommatrices et consommateurs en productrices et producteurs de savoir, alors l'enseignement supérieur et la recherche doivent se voir autorisés à évoluer dans des directions non prévisibles. »

Participant à un panel de discussion sur les vues des parties prenantes, Robinson a averti contre le changement de l'AHELO en un simple outil de classement ou de responsabilisation pouvant être utilisé par les gouvernements afin de punir ou récompenser des institutions.

Il a rappelé aux participant(e)s que Drew Faust, Président d'Harvard, a noté en 2007 dans son discours de prise de fonctions qu'« une université ne se concentre pas sur les résultats du prochain trimestre; elle ne se focalise pas non plus sur le fait de savoir qui une étudiante ou un étudiant devient suite à la remise de son diplôme. Elle est tournée vers un apprentissage qui façonne toute une vie .»

Une approche unique n'est pas idéale

L'AHELO pose des défis particuliers à la plupart des pays hors de l'OCDE où le personnel de l'enseignement supérieur est préoccupé par le fait qu'une approche unique apportée à l'évaluation des résultats de l'apprentissage, provenant largement du monde euro-américain, puisse porter atteinte au savoir local, a déclaré Robinson.

« Le travail de l'éminent paléontologiste américain et biologiste spécialiste de l'évolution, Stephen Jay Gould, nous rappelle que les efforts soit-disant scientifiques et neutres visant à mesurer des processus complexes tels que l'intelligence humaine portent en eux certains préjugés qui privilégient des systèmes de connaissance  particuliers et des croyances », a expliqué Robinson.

« Les évaluations et classements de l'intelligence, qu'elles soient basées sur des mesures crues de la grosseur de crânes ou des mesures quantitatives plus sophistiquées de quotients intellectuels, ont été invariablement utiliser pour montrer que des groupes  spécifiques défavorisés —  de par leur race, classe sociale, ou sexe — sont intrinsèquement inférieurs et par conséquent méritent   leurs conditions. Voici les dangers encourus lorsque nous essayons de convertir des concepts abstraits et complexes tels que l'intelligence ou le savoir en une propriété quantifiable unique traversant divers groupes et contextes.  »