Ei-iE

Internationale de l'Education
Internationale de l'Education

IE: des syndicats d'enseignants puissants aident à une réforme sérieuse de l’éducation

Publié 14 février 2013 Mis à jour 28 février 2013
Abonnez-vous à nos newsletters

Dans un discours fort apprécié prononcé devant la Banque mondiale, le Vice-président de l’IE Dennis van Roekel, de la National Education Association/Etats-Unis, a souligné divers problèmes de taille concernant l’approche qu’adopte la Banque dans la réforme du secteur de l’éducation, l’impact qu’exerce cette approche sur les enseignant(e)s, ses manquements considérables en matière d’amélioration de l’éducation et d’équité... et son décalage par rapport à la plupart des études et des constats sérieux faits dans le monde.

Van Roekel a commencé par souligner l’existence d’une assise réelle et non négligeable pour un dialogue constructif et fondé quant au rôle que peuvent actuellement jouer les syndicats d’enseignants dans l’éducation, et le fait que ce dialogue est déjà mené partout ailleurs dans le monde. Il a toutefois regretté que, pour l’une ou l’autre raison, la Banque mondiale a tendance à le minimiser ou à mettre ses clients en garde.

Et de poursuivre: « Nous avons pourtant essayé. Depuis trois ans, l’Internationale de l’Education et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont collaboré avec le gouvernement nord-américain et, cette année, le gouvernement néerlandais afin d’organiser les Sommets internationaux sur la profession enseignante, auxquels participent 25 à 30 délégations nationales de ministres de l’éducation et de dirigeantes et dirigeants syndicaux venus de pays performants en la matière pour discuter de thèmes stratégiques. La Banque était présente à chacun d’eux. »

L’un des points clairement à améliorer dans la réforme du secteur, a-t-il souligné, porte sur les conseils que donne la Banque mondiale aux gouvernements concernant l’opportunité d’engager ou non un dialogue social avec les syndicats d’enseignants et sur le fait de préférer des syndicats plus faibles.

Van Roekel a expliqué que l’OCDE, dont les études alimentent en principe le SABER – l’outil d’évaluation de l’efficacité des systèmes d’éducation de la Banque – ne se trompait pas: si le système éducatif d’un pays est efficace, c’est très probablement parce que ce pays collabore de façon constructive avec ses syndicats et considère ses enseignant(e)s comme de véritables partenaires professionnel(le)s de confiance.

Il a également constaté que la quasi-totalité des pays les plus performants en matière de mesures éducatives internationales possèdent des syndicats puissants, comme en Finlande, en Corée, au Japon, au Canada, en Australie, etc.

Comme l’a compris l’OCDE, a-t-il rappelé, « les enseignants doivent être activement impliqués, non seulement dans la mise en œuvre des réformes, mais aussi dans leur élaboration. La réforme doit reposer sur des études et des analyses sérieuses. Les conflits avec les syndicats ont pu être évités non pas là où ces derniers étaient faibles, mais là où ils étaient puissants et collaboraient à la réforme. »

Concernant le problème de la qualification des enseignant(e)s et en particulier du déploiement en zone rurale, il a également remémoré à la Banque mondiale le rapport publié par l’IE et la Campagne mondiale pour l’Education: Fin à la pénurie d’enseignant(e)s qualifiés.

A propos de la qualité de l’éducation, van Roekel fait remarquer que la nouvelle Stratégie de la Banque mondiale pour l’éducation place l’amélioration de la qualité de l’éducation au centre des priorités. « Alors que depuis une vingtaine d’années, le message a été de réduire la formation des enseignants, d’engager des enseignants non qualifiés pour les contrats de courte durée et d’expliquer aux gouvernements comment se défaire des syndicats », a-t-il constaté.

Face à la privatisation de l’enseignement actuellement promue par la Banque mondiale, il a signalé qu’Andreas Schleicher, Directeur adjoint de l’OCDE pour l’éducation, avait affirmé que tout ce qui se faisait dans les écoles à charte ou privées pouvait être accompli aussi bien, voire mieux dans les écoles publiques.

Il a terminé en déplorant le fait que deux ans avant l’échéance de 2015 de l’EPT, le Rapport révèle un blocage des progrès. L’inégalité ne cesse de croître et la croissance est arrêtée.

Comme il l’a souligné, le rapport de la Banque mondiale sur l’emploi constate que les politiques relatives aux syndicats et à la main d'œuvre n’entravent pas la croissance, mais freinent la progression des inégalités. « Pour l’OCDE, des syndicats puissants constituent des partenaires efficaces d’une réforme sérieuse. Au nom du secteur de l’éducation, je vous demande de revoir vos critères de référence. Joignez-vous aux courageuses et courageux qui se sont lancés dans le dialogue et non l’obstruction. Nous vous retrouverons à mi-chemin. »

Pour lire le discours de van Roekel dans son intégralité (en anglais), veuillez cliquer ici